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Une progression économique par à-coups

L’Insee vient de publier son nouveau point de conjoncture. Tour d’horizon des principaux faits marquants passés et à venir.

© CE/Etienne Ansotte

Les différentes missions budgétaires (dont celle de l’agriculture) ont été présentées depuis quinze jours et les discussions autour du projet de loi de finances (PLF) pour 2016 viennent tout juste de commencer cette semaine. Chaque ministère essaie de préserver au mieux ses crédits de paiements dans un contexte d’engagement pris vis-à-vis de la Commission européenne de réduction de la dette, d’économie de fonctionnement et de support aux activités économiques, et aussi avec des perspectives d’élections régionales en décembre. Le Premier ministre, le gouvernement et les parlementaires ont pu prendre connaissance des dernières informations délivrées par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le 1er octobre.

Bilan
Résumées en quelques mots, les observations de l’Insee donnent une image contrastée de la situation économique française. Surtout, elles démontrent que ce qui a été prévu n’a pas forcément été réalisé et que, pour l’avenir, les prévisions restent fragiles.
Après une belle progression au premier trimestre 2015 (+ 0,7 % de croissance du PIB) est venue la panne sèche. L’Insee, en juin, avait tablé sur une augmentation de la richesse de la nation de + 0,3 %, notamment sous l’effet d’une bonne demande intérieur. Mauvaise surprise : la croissance s’est avérée nulle pour les mois d’avril, mai et juin, avec une consommation domestique beaucoup plus faible que prévue. La bonne tenue des exportations n’a pas empêché le zéro pointé. Cette contre-performance hexagonale a été d’autant plus remarquable que «le PIB Europe a réalisé les attentes» des prévisionnistes. Du coup, lorsque l’on observe l’activité économique de la France depuis le troisième trimestre de 2014, on constate, certes, une progression mais par à-coups avec des pics et des creux.
Dans les grandes lignes, l’Insee constate que la production manufacturière a connu un trou d’air en juin et en juillet alors que le climat des affaires continue de s’améliorer dans les secteurs de l’industrie et du commerce. Fait nouveau, mais insuffisant pour tirer la croissance vers le haut pour le moment, ce même climat des affaires «décolle enfin» dans les services. Au final, cette donnée qui donne l’état d’esprit des entrepreneurs en matière de confiance dans leur activité économique se retrouve au plus haut depuis quatre ans. Mais, encore une fois, ceci ne se traduit pas encore dans le PIB. Du côté des exportations, la tendance reste bien orientée, en partie grâce à une certaine dépréciation de l’euro sur les marchés de change.

Prévisions
Dans son nouveau scénario révisé pour la fin de l’année, l’Insee estime que la croissance du PIB pourrait atteindre + 0,2 % au troisième trimestre, et + 0,4 % au quatrième. Sur l’année 2015, le PIB pourrait donc progresser de + 1,1 %, soit quand même 0,1 % de moins que la précédente estimation de juin. Il faudra prendre ce chiffre en compte au moment où le gouvernement établira son budget définitif et voir s’il retient cette hypothèse.
Pour les autres indicateurs économiques, les prévisionnistes voient un taux d’inflation à + 0,3 % pour l’année. Ce taux faible confirme cependant deux tendances : une légère reprise de l’inflation sur les produits alimentaires et une baisse continue des prix de l’énergie. L’inflation sous-jacente, celle qui est peu soumise à la volatilité des prix (produits frais, produits énergétiques), a tendance, elle, à remonter légèrement.
Sur le marché du travail, la création d’emplois, notamment via le soutien de la politique des emplois aidés, devrait accélérer. Cette dynamique devrait permettre d’absorber l’augmentation de la population active arrivant sur le marché du travail. Bonne nouvelle sans doute, mais elle permettra, tout au plus, à permettre au taux de chômage de commencer à se stabiliser au second semestre 2015. On n’est pas encore dans l’inversion de la courbe du chômage permettant une baisse du nombre de personnes sans emploi. Le taux de chômage de la France s’établirait à 10,3 % fin 2015 contre 10,5 % fin 2014.
Autre segment conjoncturel, le pouvoir d’achat : là aussi, les choses connaissent un début d’amélioration. Le pouvoir d’achat des ménages pourrait progresser de + 1,7 % sur l’ensemble de l’année (+ 1,1 % en 2014 et - 0,1 % en 2013), ce qui en ferait la plus forte hausse depuis 2007. Quant à la consommation des ménages, «elle resterait solide d’ici fin 2015» selon l’institut de statistiques (+ 1,6 % sur l’année). Ces deux éléments peuvent mettre un peu de baume au coeur aux agents économiques dont une bonne partie de l’activité dépend du dynamisme consumériste des fêtes de fin d’année. En revanche, les dépenses des ménages en investissement continuent de ne pas être au top, même si l’Insee prévoit un ralentissement de leur baisse d’ici décembre.
Du côté des entreprises, le second semestre montrerait quelques motifs de satisfaction avec un taux de marge qui «se redresserait nettement en 2015» et un «investissement qui accélérerait modérément au second semestre». Le bémol vient du secteur de la construction où les investissements restent faibles.

Aléas
Comme toujours, les précautions d’usage s’imposent en matière de prévisions. L’épisode chinois d’il y a quelques semaines faisant plonger les bourses ou encore le scandale autour de Volkswagen sont des données non négligeables et qui peuvent, qu’elles soient prévisibles ou pas, avoir de lourds impacts à n’importe quel moment.
Le ralentissement des économies dans les pays émergents devrait se poursuivre (le Brésil pourrait même rentrer dans une zone de turbulences suite à des scandales de corruption) et les relations de la communauté internationale avec la Russie peuvent se tendre à tout moment. L’économie chinoise devrait rester orienter de la même façon, c’est-à-dire insuffisamment dynamique pour tirer la croissance globale mondiale (pour l’Insee, la situation chinoise se dégrade toujours).
Par ailleurs, l’économie états-unienne allant mieux, la banque centrale de l’Oncle Sam ne restera pas longtemps avant de relever ses taux directeurs. Tout le monde le sait, mais il y a fort à parier que cela aura un effet significatif au moment du passage à l’acte. Outre Atlantique, le taux de chômage atteint le niveau des 5 %, un taux souvent jugé incompressible.
Un petit mot sur les matières premières, en général, pour finir : la demande chinoise dans ce secteur continue de baisser, et donc finit par peser réellement sur les cours mondiaux. Ces scénarios et aléas seront revus et remis en perspective le 17 décembre, date du dernier point de conjoncture pour l’année 2015 de l’Insee. À cette date, l’institut communiquera aussi sur ses prévisions pour le début d’année 2016.

Accélération de la croissance en 2016

En septembre, le cabinet d’études pour les entreprises Xerfi-Prévisis a publié une note sur ce secteur. Il prévoit donc un redressement de la production des industries alimentaires en 2015, à la faveur d’un contexte économique plus porteur, avant une accélération l’an prochain. «L’augmentation du pouvoir d’achat se traduira, en effet, par des arbitrages moins défavorables de la part des ménages, pour les produits alimentaires, mais aussi pour les boissons.» La demande émanant de la restauration hors foyer sera aussi plus solide. «Le redressement de la demande se fera surtout sentir en 2016. Le rythme de croissance de la production s’accélérera, pour les produits alimentaires, comme pour les boissons. Le maintien de l’inflation à un niveau modéré contribuera à soutenir la croissance du pouvoir d’achat, favorisant une nouvelle hausse de la consommation. Les achats d’impulsion seront facilités, ce qui soutiendra les ventes de produits «plaisir» (chocolat, confiserie, gâteaux, boissons, etc.).» Mais les industriels alimentaires resteront confrontés à l’embargo russe, qui a été prolongé jusqu’en juin 2016. Par ailleurs, les récents rapprochements entre centrales d’achat (Système U / Auchan, Intermarché / Casino, Carrefour / Cora, etc.) constitue aussi une source d’inquiétude pour les industriels, en particulier les PME, selon le cabinet.

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