Aller au contenu principal

Agriculture numérique : les Success stories des Hauts-de-France

L’un était professeur de mathématiques au lycée, l’autre chercheur en agronomie. Chacun s’est lancé dans l’agriculture numérique en créant sa start-up. Témoignages.

De gauche à droite : Maxime Murlaz, fondateur d’Hostabee, et Benjamin Mendou, fondateur d’Agrotecsol.
De gauche à droite : Maxime Murlaz, fondateur d’Hostabee, et Benjamin Mendou, fondateur d’Agrotecsol.
© © F. G.



Questionner est le cœur de métier de tout chercheur qui se respecte. Benjamin Mendou l’est bel et bien. Ces travaux de recherche en agronomie l’ont tous incité à s’interroger sur la problématique des nitrates en agriculture, notamment dans la région des Hauts-de-France. Par ailleurs, ses déplacements multiples dans les parcelles des agriculteurs pour faire des prélèvements et des analyses de sols le conduisent à s’interroger sur un autre système pour éviter de perdre du temps sur la route.
Comment ? En mettant au point un système permettant d’enregistrer toutes les données à partir d’une station expérimentale, implantée dans les parcelles, et équipée de capteurs spécifiques. Toutes les données recueillies seront ensuite traitées sur un serveur, avant d’être envoyées à l’agriculteur sur son smartphone ou sa tablette. De quoi permettre à ce dernier de pratiquer l’agriculture de précision. Une idée et un objectif qui lui ont permis d’être lauréat de divers concours : Eclosia et Som’Innov Agri, soutenus par le Département de la Somme, mais aussi un concours européen, SmartAgriFood.
La start-up est créée en 2013, et soulève une premier série de fonds. Reste à trouver un agriculteur prêt à accueillir la station expérimentale dans ses parcelles. Ce sera chose faite en 2015, avec la rencontre de Bruno Macron, polyculteur à Bernaville, qui réfléchit depuis quelque temps à la façon de réduire les intrants chimiques dans ses terres. Le prototype sera mis au point en 2017, après une deuxième levée de fonds apportés par la BPI, la Région Hauts-de-France et des investisseurs privés. Le montant recueilli est de 730 000 €, une sacrée somme pour une petite start-up.
Le prototype est mis au point et expérimenté depuis un an. La station, d’un coût variant entre 2 500 et 3 000 €, peut être utilisée sur une surface allant jusqu’à 10 ha homogènes. Et si vous décidez de changer de culture dans une parcelle, il suffit de changer les capteurs intégrés. Depuis novembre dernier, la station est commercialisée. «Il y a encore des choses à améliorer», reconnaît Benjamin Mendou. Sans doute, mais certaines coopératives ne s’y sont pas trompées et sont déjà clientes de cet outil d’aide à la décision.

Des ruches pour sauver les abeilles
Autre univers, autre innovation : celle de la start-up de Maxime Murlaz, Hostabee, fondée à Saint-Quentin, dans l’Aisne, depuis 2015. Sensibilisé à la mortalité des abeilles, le professeur de mathématiques dans un lycée agricole l’était depuis pas mal de temps. Mais du constat à l’action, il fallait un déclic. Celui-ci viendra de l’apiculteur, qui a des ruches dans le lycée, et qui est confronté à cette mortalité. Ce dernier se rapproche de Maxime Murlaz pour lui demander d’imaginer une solution informatique à même de sauver les abeilles. L’idée est lancée. Ne reste plus au professeur qu’à plancher sur le sujet.
L’idée s’impose rapidement : une ruche connectée, équipée de capteurs déterminant la santé des abeilles dans les ruches. Pour ce faire, il conçoit un boîtier (B-Keep) permettant de connecter les ruches et de suivre à distance le cycle de vie des abeilles. Six mois de tests sont réalisés. Petit problème : si la start-up entend faire basculer les apiculteurs dans l’ère numérique, le coût des capteurs pour une ruche est trop élevé, soit 600 €. Prix rédhibitoire en comparaison de celui d’une ruche, autour de 200 €.
«Nous nous sommes rendus compte que les capteurs mesurant le poids des abeilles et l’oxygène, ainsi que le son dans les ruches n’étaient pas pertinents. Nous n’avons donc conservé que deux capteurs, celui de l’humidité et de la température, ce qui a fait baisser le coût de notre outil numérique à 86 pour un boîtier et un abonnement d’un an à la solution d’Hostabee», raconte Maxime Murlaz. Passée cette échéance, le coût s’élève ensuite à 3 € par mois et par boîtier. La start-up, qui s’appuie sur cinq personnes à plein temps, commercialise son dispositif via son site Internet.
Il aura fallu tout de même trois ans avant de finaliser le système et après l’avoir testé sur une centaine de ruches. Le module imaginé par Maxime Murlaz s’accompagne d’une application web. Ensemble, ils permettent aux apiculteurs de connaître la température et l’humidité de leurs ruches grâce à une technologie de communication à bas débit, par radio, inoffensive pour les abeilles.
Aujourd’hui, plus de mille ruches sont connectées. La start-up diffuse ces boîtiers en France, mais aussi aux Etats-Unis, en Italie, en Suisse ou en Belgique. Un service consistant à installer une puce GPS a également été lancé afin de remédier aux (nombreux) vols de ruche.
Pour la deuxième année consécutive, la start-up a participé, en 2018, au CES (Consumer electronics show) de Las Vegas, et a décroché le prix de l’innovation technologique du concours Innov’Agritourisme, organisé par les Chambres d’agriculture des Hauts-de-France. Et parce qu’un succès en appelle un autre, elle vient de signer un contrat pour 50 000 boîtiers connectés avec Véto-Pharma, le numéro 1 des produits pharmaceutiques pour l’abeille, présent dans trente-cinq pays, et qui vient d’entrer au capital. Le Canada et le Japon se montrent aussi fort intéressés par l’invention de Maxime Murlaz. A plein temps dans sa start-up depuis mars 2017, ce pionnier de la ruche connectée est en passe de gagner son défi. Lequel  ? Faire d’Hostabee le leader de l’agritech mondiale.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

dossier PAC dépôt dossier aides PAC
La date limite de dépôt des demandes d’aides de la PAC repoussée

Les demandes d’aides de la PAC liées à la surface au titre de la campagne 2024 pourront être déposées jusqu’au vendredi 24 mai…

RN 25 Beauval
RN 25 : un accord unanime présenté à Beauval

Les exploitants et propriétaires concernés par les expropriations du chantier de rénovation de la RN25 étaient conviés à une…

Élaboré et servi par Martin Ebersbach, le vin de la Ferme des Vœux est blanc (rosé) pétillant, élaboré selon une méthode champenoise.
Au Vignoble des Vœux, une longue attente bientôt récompensée

La diversification vers la viticulture engagée par Martin Ebersbach à la Ferme des Vœux enthousiasme le Conseil départemental…

En visite à l’EARL des enclos, la ministre Pannier-Runacher a assuré que «quand on met en place des réglementations,  ce n’est pas pour le plaisir mais parce qu’il y a urgence à répondre au dérèglement climatique».
Dans la Somme, Agnès Pannier-Runacher prend la défense d’Egalim

La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’est rendue le 17 avril au Crotoy…

La construction de l’usine de fabrication d’engrais à Languevoisin devrait débuter en 2027. Une fois achevée en 2030,  elle permettra la création de 250 emplois directs dans la région et fournira chaque année 500 000 tonnes d'engrais bas carbone.
Un projet d’1,3 milliard dans la Somme pour des engrais bas carbone

En marge du Sommet Choose France organisé le 13 mai à Versailles, un groupe d'industriels européens a annoncé vouloir…

Une rencontre entre le directeur de l’ASP et les agriculteurs a été organisée devant le siège de l’administration à Amiens.
L’ASP pointée du doigt pour le non-paiement des Maec et CAB

Mardi 14 mai, des agriculteurs bio et leurs représentants de plusieurs départements des Hauts-de-France ont manifesté devant…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde