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Annick Maréchal : «Être maire est un sacerdoce !»

Notre série à la rencontre des maires agriculteurs se poursuit à Vauvillers, près de Rosières-en-Santerre. Annick Maréchal y exerce sa fonction avec passion : une qualité indispensable pour concilier la vie d’agricultrice, de mère de famille et de maire.

Dix années de travaux et de suivi de chantier ont été nécessaires pour la rénovation de l’église Saint-Éloi. 
Pour Annick Maréchal, les efforts ont été récompensés.
Dix années de travaux et de suivi de chantier ont été nécessaires pour la rénovation de l’église Saint-Éloi.
Pour Annick Maréchal, les efforts ont été récompensés.
© Alix Penichou



Bien vivre à Vauvillers. Voilà ce qui motive Annick Maréchal chaque jour, dans son rôle de maire. «Je souhaite que les habitants s’y sentent le mieux possible», annonce-t-elle. Elle est entrée au conseil municipal en 1995 «car mon beau-père y était, mais mon mari ne souhaitait pas prendre la relève. J’ai toujours fait du bénévolat et j’aime le contact humain, alors je me suis investie et je me suis vite passionnée pour la vie du village». Elle a été élue maire en 2001 et souhaite le rester pour au moins un mandat encore.
Depuis janvier, Annick est à la retraite. Mais jusqu’ici, elle conciliait cette fonction avec son travail d’agricultrice. «Je m’occupais de la comptabilité de notre exploitation de polyculture et de celle de notre Cuma. Je gérais aussi l’arrachage et le stockage des pommes de terre. Et, bien sûr, je courais partout à la moisson !» Pas évident, avoue-t-elle, «encore plus pour une femme», de tout mener de front. «La commune est tellement chronophage qu’une jeune mère avec des enfants en bas âge pourrait difficilement être maire.» Elle a attendu que sa fille soit autonome pour s’investir. Pourtant, Annick en est persuadée, la parité est importante dans la vie politique. «Les femmes voient des choses que les hommes de voient pas, et inversement.» Néanmoins, pour elle, la parité obligatoire serait une bêtise. «Être maire est un sacerdoce, résume-t-elle. C’est du temps, de l’énergie, et peu de reconnaissance. Il faut avant tout avoir des personnes qui ont vraiment envie de s’engager.»
L’élue a appris à prendre sur elle, lorsque les réflexions fusent, et à se battre pour mener à bien ses projets. «Lorsqu’on programme quelque chose, on se retrouve toujours avec des bâtons dans les roues !» Pour les ôter, Annick n’hésite pas à donner de sa personne. Il n’est pas rare de la croiser à vélo, pour distribuer des prospectus dans les boîtes aux lettres, ou de la voir les mains dans la terre, pour planter des fleurs dans les massifs de la commune. «Nous avons décroché une première fleur du label Villes et villages fleuris, et nous travaillons pour en obtenir une deuxième dans les années à venir.»
Pour ce projet, comme pour tous les autres, Annick ne tergiverse pas. «Lorsqu’un projet est admis en conseil municipal, je fonce. Il faut aller de l’avant et prendre les décisions rapidement, sinon, on se fait griller». La première décision éclair qu’Annick a prise était au tout début de son premier mandat. «J’ai été élue en mars 2001 et, en juin, une entreprise allemande m’a contactée pour installer des éoliennes dans le village. Il y en avait très peu dans le secteur, à l’époque. J’ai cru à un canular.» Ce n’en était pas un. «On peut être pour ou contre les éoliennes. Ce que je me suis dit, c’est que si je ne saisissais pas l’opportunité, les autres le feraient à ma place. On aurait eu les inconvénients, sans les avantages financiers.» Cinq mâts ont été montés en peu de temps suite à l’accord du conseil municipal.

La course aux subventions
Prendre une décision mobilise cependant une sacrée dose d’énergie. «Une fois que l’idée est lancée, je klaxonne partout pour obtenir des subventions !» Ainsi, l’église Saint-Éloi, classée à l’inventaire des monuments historiques, a pu bénéficier d’une magnifique restauration. «La voûte centrale s’effritait, raconte l’édile. Il a fallu la fermer. À force de frapper à toutes les portes, j’ai pu dégager des subventions à hauteur de la moitié du budget (un tel chantier chiffre à un peu plus d’un million d’euros, ndlr).» Le chantier était long et lourd à mener. «Nous avions des réunions tous les lundis.» Mais après dix ans de travaux, le travail a été récompensé : l’église restaurée a été inaugurée en janvier 2015 et, depuis, elle fait la fierté du petit trois-cents habitants.
Le cimetière a aussi bénéficié de travaux pour l’accessibilité et d’aménagements pour favoriser la biodiversité. La rue principale, elle, est actuellement en chantier pour l’effacement du réseau et l’aménagement paysager. Annick Maréchal a bien d’autres idées pour améliorer la vie de sa commune, comme des travaux d’optimisation énergétique des locaux communaux ou l’aménagement d’une aire de jeux, mais ne s’étend pas sur le sujet. «Je parle rarement de projets, car ils peuvent être contrariés, et les gens sont déçus.» Elle n’a en tout cas pas fini de dépenser de l’énergie pour sa chère commune.


Bien vivre avec le milieu agricole

Six agriculteurs sont installés à Vauvillers. Annick Maréchal, elle même issue du milieu agricole, constate une aigreur de certaines personnes vis-à- vis de la profession. «On veut tout nous mettre à dos, alors que nous faisons partie d’un système. Nous sommes tenus par des cahiers des charges qu’imposent les industriels, par exemple.» Pas question cependant de tout laisser passer aux agriculteurs de sa commune. «Je suis carrée. Les règles doivent être respectées, car on ne peut pas avancer dans le conflit.» Son rôle est de trouver un consensus entre les citoyens et les agriculteurs de la commune, «pour que tout le monde puisse vivre correctement». Des haies ont ainsi été plantées aux bordures des parcelles de la Maison rouge, une exploitation du village. «Elles protègent les citoyens des traitements, et elles sont une barrière aux ordures que peuvent déverser les gens.»

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