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Anticipation : le mot clé pour créer son entreprise

Comment mener un projet d’installation ? Quelles sont les étapes incontournables ? Quelles sont les aides possibles ? Des clés de réussite de l’entreprenariat étaient apportées lors du forum «Femmes, entrepreneuses de territoire», ce 9 mars au Paraclet.

Les experts, de g. à dr. : Colette Duchateau, JA80 ; Julie Sierakowski, conseil régional, Isabelle Aslahé, chambre d’agriculture 80 ; Delphine Boubert, Crédit agricole Brie Picardie ;  Jean-Pierre Deray, Cerfrance Picardie Nord de Seine ; Stéphanie Darras, Initiative Somme France active.
Les experts, de g. à dr. : Colette Duchateau, JA80 ; Julie Sierakowski, conseil régional, Isabelle Aslahé, chambre d’agriculture 80 ; Delphine Boubert, Crédit agricole Brie Picardie ; Jean-Pierre Deray, Cerfrance Picardie Nord de Seine ; Stéphanie Darras, Initiative Somme France active.
© A. P.

Sophie a vingt et un an, en 2013, lorsqu’elle prend la décision de s’installer en maraîchage. Une activité salariée de quatre mois l’a convaincue que cette filière était faite pour elle. Son père, qui cultive 64 ha près d’Amiens, accepte de lui céder 1,5 ha pour cela. Voici un des scénarios évoqués lors du forum «Femmes, entrepreneuses de territoire», qui avait lieu lundi 9 mars au Paraclet. Une équipe d’experts apportait des outils pour que ce genre de projet aboutisse.
«Le mot clé d’une création d’entreprise, c’est l’anticipation, annonce d’emblée Delphine Boubert, du Crédit agricole Brie Picardie. Il s’agit d’un projet de vie, qu’on ne peut donc pas dissocier de l’humain.» «Il n’existe pas de méthode prédéfinie, ajoute Jean-Pierre Deray, du Cerfrance Picardie Nord de Seine. C’est au cas par cas.» Définir précisément son projet est donc indispensable avant toute démarche. Quel contexte économique ? S’il s’agit d’une reprise, quelle est la situation financière de l’entreprise ? Quels besoins humains ? Quelle disponibilité ? L’organisation est-elle cohérente avec la vie du futur entrepreneur (enfants, personne à charge, passion…) ?
Sophie, elle, s’est rapprochée du Point accueil installation (PAI) de la Chambre d’agriculture de la Somme et a entamé un Plan de professionnalisation personnalisé (PPP). «Les conseillers ont estimé qu’elle n’avait pas suffisamment de compétences et l’ont orienté vers un stage de six mois en exploitation maraîchère, explique Isabelle Aslahé, de la chambre d’agriculture. Elle y est allée en traînant les pieds. Mais, après coup, elle a estimé que ce stage était une vraie chance !» Ces six mois lui ont permis de déterminer sa politique de communication, de vente, de définir ses prix et quels légumes elle allait produire en premier.
Sophie a également suivi le stage 21 heures, obligatoire, et lui aussi très formateur. «Le premier jour, nous abordons l’association de la vie privée avec la vie professionnelle, et des points de réglementation. La gestion économique et l’agroécologie sont évoquées le deuxième jour. Enfin, nous nous penchons sur la stratégie d’entreprise, précise Colette Duchateau, animatrice des JA 80. 95 % des stagiaires 21 heures sont encore agriculteurs au bout de cinq ans.»

Connaître ses chiffres
Une fois installé, il s’agit de faire évoluer son entreprise et, surtout, de la pérenniser. «L’important est de prioriser les étapes, assure Stéphanie Darras, d’Initiative Somme France active. Vouloir tout, tout de suite, est un problème de société auquel il faut savoir résister.» «Il faut également connaître ses chiffres pour savoir où l’on va et ajuster en cas de besoin, ajoute Jean-Pierre Deray. Combien ça coûte ? Combien ça rapporte ? Quelle est la marge ? Piloter à vue, dans l’attente d’un premier bilan comptable au bout de quinze mois d’activité est très risqué.»
Difficile cependant d’éviter tous les imprévus. Sophie n’avait par exemples pas envisagé qu’il lui faudrait négocier les tarifs de l’eau, ou qu’elle ne pourrait pas installer d’affiche devant son exploitation sans autorisation. «L’entrepreneur doit donc être doté d’un sens de l’adaptation à toute épreuve», s’accordent-ils tous.


Programme régional pour l’installation

- Accompagnements : Activ’ton installation, PAIT
- Programmes d’actions : Safer, Terre de liens, initiatives paysannes, Afip, À petits pas, Initiatives Hauts-de-France
- Aides directes : ARSI (9 000 € minimum pour les dossiers éligibles, 12 000 € pour ceux répondant aux priorités régionales : circuits courts élevage, label qualité), prêt d’honneur (0 % sans garantie pendant 84 mois).




«Soyons fières de nous être lancées»

L’après-midi du forum était consacrée aux témoignages de femmes cheffes d’entreprise, agricoles ou non.


Les histoires des entrepreneuses venues témoigner lors du forum, toutes différentes, sont la preuve qu’il n’existe pas de méthode miracle pour gérer une entreprise. Samantha Pujo et Pascaline Montuelle, associées à la tête d’Eleos, une entreprise de services à la personnes (ménage, petits travaux, espaces verts) confient «avoir du mal à recruter le salarié idéal, et à le fidéliser.» La confiance de leurs clients passe pourtant par une relation à long terme. Amélie Drozdz, qui tient le magasin de produits bio La Vie claire, à Albert, connaît le schéma inverse : «Lors de la reprise de l’entreprise, j’ai aussi repris la salariée. Elle est une vraie épaule sur laquelle je peux m’appuyer, mais elle approche l’âge de la retraite. Je crains plutôt l’avenir, lorsqu’elle ne sera plus là.»
Certaines ont dû redoubler d’imagination pour pouvoir s’installer à leur compte. C’est le cas de Lucie Delbarre, exploitante à Busnes (62), qui a créé un self-cueillette à la ferme avec son mari, et de Dorothée Patin, agricultrice à Sorel, qui a développé un atelier de transformation du blé en farine sur l’exploitation familiale, pour pouvoir se dégager un revenu. Être une femme dans le milieu de l’entreprenariat est-il une contrainte ? Cela peut l’être parfois, s’accordent à dire Bérangère Chombart, installée à Fournes-en-Weppes, à qui on demande souvent «à parler au patron», et Julie Meurisse, originaire de l’Aisne : «je ne parvenais pas à trouver de terres pour m’installer près de chez moi. Dans les esprits, mon père était installé, mon frère et mon mari également. Je n’avais pas besoin de plus. Mais je voulais ma propre exploitation !» Julie a finalement repris une exploitation dans les Landes. Juliette Libert, installée en 2019, n’a pas connu ce genre de déboires. «Mais c’est peut-être que la génération précédente a essuyé les plâtres pour nous !»
Toutes ont néanmoins livré des messages communs. «Être chef d’entreprise, c’est être le mouton à cinq pattes.» «L’expérience antérieure nous a permis d’éviter certains problèmes avant de nous installer.» «Il est important de garder du recul, même si cela passe par un regard extérieur.» «Les échecs sont parfois formateurs.» «Le temps est notre meilleur allié.» «Continuer de se former est important pour repérer nos lacunes, rompre la solitude et créer un réseau.» «Il faut procéder par étapes.» «Le rôle de la femme en agriculture est sous-estimé, nous apportons un autre regard.» «Soyons fières de nous être lancées.» «Lorsqu’on a envie de faire quelque chose, il faut foncer !» A. P.

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