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Arboriculture : des ruches pour la pollinisation des arbres fruitiers

Sans les abeilles, pas de pommes ! Les butineuses sont indispensables à la pollinisation des pommiers. C’est pourquoi les pomiculteurs de l’Association nationale pommes poires en prennent le plus grand soin. Depuis dix ans, ils mettent en œuvre les engagements du label «Vergers écoresponsables» en faveur de la protection de la biodiversité et des abeilles en particulier. Visite du verger de Sennevières, dans l’Oise.

Pour limiter le nombre d’insectes dans son verger, Alexandre Prot n’utilise pas de pesticides.
Pour limiter le nombre d’insectes dans son verger, Alexandre Prot n’utilise pas de pesticides.
© © D. A.



«Favoriser la biodiversité, privilégier des méthodes de lutte biologique, raisonner les interventions en verger, récolter à la main à maturité optimale, garantir la traçabilité jusqu’au consommateur, faire contrôler le respect de ces bonnes pratiques par des organismes.» Voici les engagements à tenir pour un verger écoresponsable. 120 000 arbres du verger (avec une quinzaine de variétés différentes), 5 hectares de poires (8 000 arbres), plusieurs hectares de blé, betteraves sucrières, 25 salariés à temps plein, une salle de conditionnement, un camion de livraison, un magasin... Bienvenue chez les Prot !
Ce pomiculteur, agriculteur, apiculteur... Enfin, le jeune Alexandre Prot s’est lancé dans l’aventure de l’écoresponsabilité pour produire des fruits de qualité. «Avant tout, cela permet d’identifier toutes nos productions, de montrer notre savoir-faire et ça permet de faire savoir quelles sont nos pratiques. Ce qui est important, c’est de limiter l’intervention de l’homme. On va faire des investissements initiaux afin que, par la suite, la nature puisse se réguler d’elle-même. Ce verger définit la troisième voie de l’agriculture. C’est celle qui existe ailleurs que dans la dichotomie, trop souvent rabâchée, entre l’agriculture bio et le tout-intensif», souligne Alexandre Prot.
Le verger de Sennevières produit 3 500 tonnes de pommes et 500 kg de miel par an.

Les insectes : amis ou ennemis ?
Pour la réussite d’un verger écoresponsable, il faut savoir créer un équilibre naturel et agir lorsque cela est nécessaire. Cependant, la nature est bien faite. Par exemple, les oiseaux volent au secours des pomiculteurs. Ces derniers installent des nichoirs dans leurs vergers afin d’accueillir des oiseaux utiles comme la mésange. Cette espèce peut consommer dix mille insectes et vers nuisibles. «Elle mange les chenilles des papillons carpocapses, autrement appelés vers mangeurs de pommes et qui consomment chaque jour l’équivalent de leur poids, soit 200 g», raconte-t-il. On trouve également les chauves-souris qui se nourrissent d’insectes, et les rapaces, quant à eux, débarrassent des rongeurs.
Il n’y a pas que les insectes qui sauvent les pommes. La confusion sexuelle, méthode naturelle, permet de lutter contre le ver de la pomme. De petites capsules diffusant des phéromones sont accrochées dans les arbres à intervalles réguliers. Désorientés, les papillons mâles ne parviennent plus à trouver les femelles. Sans accouplement, pas de larves !
Mais il n’y a pas qu’eux pour sauver un verger ! Les abeilles, les bourdons et les papillons sont indispensables à la pollinisation, et donc au développement des fruits. Aujourd’hui, 88 % des surfaces des vergers écoresponsables sont pollinisées en faisant appel aux apiculteurs et à leurs ruches. «J’ai effectué de nombreuses formations afin d’être apiculteur. Cependant, si j’ai besoin d’aide ou bien de conseils, je n’hésite pas à appeler des apiculteurs non loin de chez moi afin de comprendre au mieux les abeilles. Il faut savoir que 35 heures de travail annuel correspondent à l’équivalent d’une à dix ruches» énonce-t-il.
Le maintien de bandes enherbées entre les rangs de pommiers et l’implantation de nombreuses haies, d’hôtels à insectes et des jachères mellifères favorisent la présence des pollinisateurs. Tout autour des vergers, plusieurs cultures sont présentes, comme le colza, notamment afin de nourrir les abeilles.

Savoir maîtriser les saisons
Pour les pomiculteurs et les autres métiers appartenant à l’univers de l’agriculture, le cycle des saisons rythme le travail. La réussite de quatre étapes est primordiale pour la qualité de la récolte. En automne, le pépiniériste produit l’arbre que le pomiculteur va planter. Chaque plant est composé d’un porte-greffe qui donne sa vigueur à l’arbre, et d’un greffon qui définira la variété produite. «Il faudra attendre trois ans en moyenne après la plantation pour obtenir les premiers fruits», explique Alexandre Prot.
En hiver, les arbres fruitiers doivent subir une période de froid hivernal pour leur fructification. Les pommiers sont donc taillés pour sélectionner les branches qui porteront les fruits. Au printemps, la floraison débute ! Les abeilles et les autres insectes pollinisent les fleurs pour  assurer la fructification. Durant cette période, le pomiculteur effectue un premier éclaircissage pour optimiser la quantité de fruits par branche. Une fois les fruits pleinement formés, un second éclaircissage doit être effectué, qui est qualitatif. Il faut faire tomber les fruits petits et malformés pour favoriser la croissance homogène des autres.
Cependant, le printemps n’est pas forcément une période idéale à cause des gelées. Elles peuvent détruire les fleurs ou brûler les fruits en formation «Pour sauver les fruits ou limiter les dégâts, j’ai plusieurs solutions. J’arrose le verger d’eau afin de former une pellicule de glace autour des fleurs. Elles restent donc à une température qui ne descendra pas en dessous de 0°C. J’ai aussi installé des bougies au pied des arbres afin de garder une chaleur adéquate ou bien de gagner un ou deux degrés», explique-t-il.
L’été est consacré à la récolte. Pour aider les pomiculteurs dans l’observation de leur culture, une station météo est installée à différents points du verger. Reliée à un logiciel, elle analyse les données transmises par les capteurs : température, humectation, pluviométrie. Cela permet de voir l’état de santé de la culture, mais aussi de prévoir le risque de la tavelure. Cette dernière est un champignon qui va se développer au printemps uniquement, sous certaines conditions de température et d’humidité, et qui génère des taches brunes sur les feuilles et les fruits, les rendant impropres à la consommation. Les vergers écoresponsables proposent aux consommateurs des produits de qualité, bons et sains, issus d’une agriculture durable et responsable.
Alexandre Prot peut donc croquer la pomme à pleines dents !



En chiffres

40 000 ha de pommiers en France

40 000 emplois en milieu rural

1 500 000 tonnes de pommes en 2018 (600 à 650 000 tonnes exportées dans le monde)

4 000 producteurs

1er fruit produit et consommé en France (17 kg/an et par ménage : la pomme

3e producteur européen (1,5 million de tonnes en 2018) : la France

Le jardin d’Alexandre Prot

La famille Prot est installée sur cette exploitation de grandes cultures à Chèvreville depuis 1880. On y trouve les traditionnelles productions de la région : blé, betteraves sucrières... C’est le grand-père d’Alexandre Prot qui a commencé à planter des vergers, juste après la guerre. Une petite révolution dans ce secteur où les conditions pédo-climatiques sont excellentes. Avec le bassin de consommation de la région parisienne à moins de 60 km, la proximité d’axes routiers importants et des Français qui avaient souffert de restrictions alimentaires pendant la guerre, ce pari était intelligent. Mais l’exploitation s’est diversifiée ! On y trouve des gîtes, mais aussi la boutique de la ferme où les amoureux du local peuvent faire leurs emplettes et trouver des produits variés : pommes, poires (selon la saison), légumes, terrines, jus de pomme des vergers, viandes, fromages, vins, confitures, miel et beaucoup d’autres produits à découvrir... Une démarche axée sur la qualité et des produits venant de la région. Tous les produits viennent de l’Oise et des départements limitrophes. Dès lors, laissez-vous tenter par la pomme !

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