Aller au contenu principal

Betteraves : négocier le virage de l’après quota

L’association syndicale betteravière de la Somme (Asbs) a tenu son assemblée générale annuelle le 22 mai, plus de 130 participants avaient ainsi répondu à l’invitation de Dominique Fievez, président. Trois temps principaux ont marqué cette assemblée : le bilan de la campagne betteravière dans la Somme, les enjeux de l’après quota, et une table ronde sur les pulpes et son avenir.

Pour l’après quota, la CGB plaide pour un accord cadre interprofessionnel, avec des déclinaisons par «contrat-type» entre chaque industriel et chaque planteur.
Pour l’après quota, la CGB plaide pour un accord cadre interprofessionnel, avec des déclinaisons par «contrat-type» entre chaque industriel et chaque planteur.
© AAP

2014 : dans la tendance
L’année betteravière 2014 s’est inscrite dans la tendance des deux dernières décennies : avec 41 777 hectares cultivés et 37,2 millions de tonnes produites, c’est un rendement moyen de 90,6 T/ha ramené à 16° qui conclut l’exercice. En hausse de 3% sur l’exercice 2013, ce rendement s’inscrit surtout dans la continuité du progrès technique : en moyenne, depuis vingt ans, le rendement betteravier progresse de 1,32 tonne chaque année dans le département (cf. graphique évolution des rendements). Les débouchés portent à 63,2% sur le sucre (quota et travail à façon), 23,9% sur l’alcool/éthanol, 4,8% sur l’industrie chimique, 8,4% sur l’export, et, chose exceptionnelle, presque 1% en report.
Côté process industriel, le déterrage atteint l’an dernier le seuil de 91%, avec l’élargissement au périmètre Cristal Union (ex SVI).
La projection sur 2015 marque un repli des surfaces de 6,8%, pour se situer autour de 38 900 hectares, niveau comparable à la moyenne des campagnes 2010-2011-2012.
Concernant la recette à l’hectare, celle-ci s’effrite sur deux pans : la chute des cours de sucre met un terme à la redistribution de suppléments de primes (sur le quota) au titre de l’accord interprofessionnel (supplément qui avait frôlé 14 €/T en 2014, pour redescendre à 4 -8 € en mars 2015, et être nul en 2016» ; par ailleurs, la chute des cours du pétrole entraîne dans son sillage les alcools/éthanols et autres débouchés alternatifs, dont la valorisation 2014 reviendra à 20 – 22 €/T, contre 24 en 2013 et 26 en 2012. Au final, en deux ans, le prix de la betterave aura perdu près de 15 € /T en moyenne, pour une recette betteravière de l’ordre de 2 300 €/ha (valorisation pulpes incluses).

2017 : les clés de l’après quota
Eric Lainé, président de la CGB, a présenté les axes défendus par le syndicalisme betteravier pour l’après quota. La position repose sur deux piliers principaux : un accord cadre interprofessionnel, avec des déclinaisons par «contrat-type» entre chaque industriel et chaque planteur. Pour appuyer la position des producteurs, la CGB met en avant les résultats de l’observatoire des prix de la betterave, qui fait une projection de la répartition du prix à hauteur de 56% pour l’industriel et 44% pour les planteurs sur une tonne de sucre à 404 €. La CGB compte maintenir cette extrapolation au-delà de 2017, et cela aboutit, en fonction du cours du sucre, à une valorisation connue (voir tableau).
Par ailleurs, la CGB estime qu’il demeure possible de progresser en coût de fabrication. Il est en effet de 190 €/T de sucre en France (pays européen où il est le plus élevé) à comparer à 162 €/T en Allemagne ou 134 €/T en Belgique. Cette performance peut être améliorée avec la durée de campagne, et éventuellement un écrasement par un volume supplémentaire si les industries françaises captent de nouveaux marchés.
En résumé, la CGB reste fidèle à ses principes : un partage de la valeur ajoutée et une stratégie de filière concertée.

Quel avenir pour les pulpes ?

Dominique Fiévez avait organise une table ronde sur la pulpe, éclairée par Etienne Lénaerts, directeur de l’Asbs mais aussi de la Sica de déshydratation d’Epenancourt, Serge Faller, directeur de Désialis, et Guillaume Ponsin, betteravier dans la Marne.
Longtemps mise au second plan de la filière betteravière, la pulpe prend une place à part entière dans l’économie de cette filière.
En effet, dans le sillage des autres matières premières alimentaires des élevages, la pulpe de betterave consolide ses parts de marché.
Et lorsque les planteurs éleveurs voient son prix maintenu, voire baissier en droits (passant de 13 à 10,5 €/T), la valorisation progresse hors droit (passant de 12 à 16 €/T) net départ.
Cette branche, pour la filière betteravière, reste fortement dépendante de l’énergie et du cours des céréales.

Rester à l’affût pour exporter
Selon Serge Faller, directeur de Désialis, les marchés de la pulpe sont amenés à bouger : chaque pays a ses débouchés «de prédilection», comme par exemple la Belgique pour les industriels français, alors que l’Allemagne exporte davantage vers les Pays-Bas. Au niveau mondial, les besoins vont s’accroître dans plusieurs bassins de consommation. Ainsi, la préservation des ressources en eau dans les pays du Moyen Orient risque d’accroître leurs importations de fourrage. Par ailleurs, dans le triangle Chine – Corée – Japon, la Chine va passer du statut d’exportateur au statut d’importateur.
Au final, si certains bassins de production vont progresser (et on peut extrapoler à une fourchette de 2 à 2,5 millions de tonnes), la consommation devrait absorber ces volumes, charge à la France de défendre ses parts de marchés en restant à l’affût pour exporter, mais aussi en évitant au maximum l’effet d’importation.

Méthanisation
Dernière voie de valorisation, en (début de) développement, la méthanisation. Bien que parfois crainte par les éleveurs comme une concurrence dangereuse, la pulpe (ou la betterave entière) s’avère être un élément intéressant pour la méthanisation.
C’est ce qu’a montré Guillaume Ponsin, agriculteur à Vaudemange (51), qui a réalisé une installation de méthanisation. Si la pulpe est intéressante, elle ne peut néanmoins pas être la seule source d’approvisionnement pour que le méthaniseur exprime un potentiel correct et régulier. Et Guillaume Ponsin de pointer les faiblesses de la filière en France, allant du soutien à l’élevage au tarif de rachat.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

dossier PAC dépôt dossier aides PAC
La date limite de dépôt des demandes d’aides de la PAC repoussée

Les demandes d’aides de la PAC liées à la surface au titre de la campagne 2024 pourront être déposées jusqu’au vendredi 24 mai…

RN 25 Beauval
RN 25 : un accord unanime présenté à Beauval

Les exploitants et propriétaires concernés par les expropriations du chantier de rénovation de la RN25 étaient conviés à une…

Élaboré et servi par Martin Ebersbach, le vin de la Ferme des Vœux est blanc (rosé) pétillant, élaboré selon une méthode champenoise.
Au Vignoble des Vœux, une longue attente bientôt récompensée

La diversification vers la viticulture engagée par Martin Ebersbach à la Ferme des Vœux enthousiasme le Conseil départemental…

En visite à l’EARL des enclos, la ministre Pannier-Runacher a assuré que «quand on met en place des réglementations,  ce n’est pas pour le plaisir mais parce qu’il y a urgence à répondre au dérèglement climatique».
Dans la Somme, Agnès Pannier-Runacher prend la défense d’Egalim

La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’est rendue le 17 avril au Crotoy…

Une rencontre entre le directeur de l’ASP et les agriculteurs a été organisée devant le siège de l’administration à Amiens.
L’ASP pointée du doigt pour le non-paiement des Maec et CAB

Mardi 14 mai, des agriculteurs bio et leurs représentants de plusieurs départements des Hauts-de-France ont manifesté devant…

La construction de l’usine de fabrication d’engrais à Languevoisin devrait débuter en 2027. Une fois achevée en 2030,  elle permettra la création de 250 emplois directs dans la région et fournira chaque année 500 000 tonnes d'engrais bas carbone.
Un projet d’1,3 milliard dans la Somme pour des engrais bas carbone

En marge du Sommet Choose France organisé le 13 mai à Versailles, un groupe d'industriels européens a annoncé vouloir…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde