Aller au contenu principal

«La fraise hors sol, c’est un métier»

La fraise, plus tardive que l’année dernière à cause du froid, arrive à maturité dans les serres de la Somme. La star du printemps se fait désirer. Aux serres Gauthier, à Bovelles, les premières barquettes sont attendues. 

Les fraises de Michel Gauthier mûrissent dix jours plus tard que l’année dernière à cause du printemps froid.  Mais le goût sera au rendez-vous grâce à ses petits soins.
Les fraises de Michel Gauthier murissent dix jours plus tard que l’année dernière à cause du printemps froid. Mais le goût sera au rendez-vous grâce à ses petits soins. 
© Alix Penichou

Au bout de leur pédoncule, les fruits commencent à rougir. Dans les serres Gauthier, à Bovelles, à l’ouest d’Amiens, les premières fraises devraient être récoltées avec une dizaine de jours de retard par rapport à l’année dernière. La faute au printemps froid. Elles sont pourtant très attendues. «On a hâte de pouvoir s’en régaler à nouveau. Chaque année, on guette les premières ventes», assure Christine, une habituée du lieu. 

«Ici, les fraises sont vendues uniquement au détail, à 10 /kg. Mais la qualité est assurée : un goût exceptionnel et une production sans pesticide, en lutte intégrée», affirme Michel Gauthier. Le maraîcher s’est installé en 1982 sur un peu plus de 5 ha, après une carrière d’enseignant en physique-chimie, et a toujours cultivé les fraises. «Avant, je faisais des fraises de plein champ. Mais depuis douze ans, j’ai fait le choix du hors sol, sous serre», explique-t-il. Les hivers doux suivis de fortes gelées printanières, la sécheresse estivale, ou encore les orages dont les fortes précipitations font pourrir les fruits font partie des raisons de ce choix. La tâche reste délicate : «la fraise hors sol, c’est un métier.»

 

Darselect et Charlotte : un régal

Dans les 700 m2 de serre poussent deux variétés. La première est la Darselect, assez précoce, à gros calibre, longue et conique, dotée d’une chair ferme. «Elles sont non remontantes. C’est-à-dire qu’elles ne produisent qu’une fois.» Mille fraisiers ont été plantés fin février. Ils s’apprêtent à donner leurs premières fraises, jusqu’au 15 juin environ. Mille autres pieds seront à nouveau plantés après la récolte pour une deuxième production en août. Trois-mille pieds de Charlotte ont aussi été plantés. La fraise cordiforme est réputée parmi les plus savoureuses et fruitées et se distingue par sa chair moelleuse. «Ce n’est pas la plus productive, mais elle est merveilleusement bonne !»
Il s’agit cette fois d’une variété remontante, donc plus délicate à gérer. «Il faut être très soigneux et nettoyer la hampe florale après chaque récolte, car les ravageurs ont le temps de s’y installer», précise Michel Gauthier. 

Thrips, acariens et pucerons sont les principales bêtes noires des fraisiculteurs. «Pour repérer leur présence et leurs attaques, il faut un bon sens de l’observation.» Les thrips, par exemple, logent dans les fleurs et empêchent la bonne pousse du fruit : les fraises sont bronzées et déformées. Invendables. «Les acariens, eux, s’attaquent aux pieds et empêchent la reproduction.» Pour lutter contre ces ravageurs, les auxiliaires sont d’une aide précieuse. Michel Gauthier fait appel aux services de la société Koppert, qui développe des biosolutions, pour fournir ses petits prédateurs. Au printemps, des bourdons, pollinisateurs de la fraise par excellence, sont aussi introduits. 

 

Une technique à maîtriser

Pour prévenir les maladies (pourriture grise, anthracnose ou oïdium), rien de tel qu’une serre bien ventilée. L’alimentation, apporté grâce au système d’irrigation, joue aussi un grand rôle dans la recherche de la fraise idéale. «J’évite un apport trop important d’azote, car cela nuit à la qualité. Je compense par l’apport d’oligo-éléments et de fer, même si c’est onéreux.» Le cycle d’arrosage  de trois minutes par heure est un programme automatique. En cas de forte chaleur, ce temps est allongé. «Il faut savoir anticiper les besoins de la plante», indique l’expert, scrutant un fraisier de prêt. Ce jeudi, l’heure était au peignage des fraises, soit démêler les hampes et retirer les grosses feuilles pour faire ressortir les fleurs et les fruits, et ainsi favoriser le mûrissement. En tout, entre 3 et 4 tonnes seront produites, selon la saison.

Les fraises de la serre Gauthier, ainsi que les mûres, framboises, cassis et groseilles, tomates, courgettes, poivrons, aubergines, bettes et haricots verts, sont en vente directe, sur place, tous les jeudis, de 15h à 20h, ainsi qu’aux marchés amiénois et au marché de Cayeux-sur-Mer le dimanche matin, en période estivale.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Alliance rurale Jean Lassalle agriculture
Dans la Somme, profession agricole et Alliance Rurale partagent leur vision du bon sens

Dans le cadre de la campagne pour les élections européennes, la profession agricole samarienne a reçu le 11 avril plusieurs…

Élaboré et servi par Martin Ebersbach, le vin de la Ferme des Vœux est blanc (rosé) pétillant, élaboré selon une méthode champenoise.
Au Vignoble des Vœux, une longue attente bientôt récompensée

La diversification vers la viticulture engagée par Martin Ebersbach à la Ferme des Vœux enthousiasme le Conseil départemental…

Peu d’évolution mais des dérogations accordées pour 2024

Peu d’évolution pour la déclaration des surfaces Pac 2024, mais quelques dérogations sur certaines règles ont été actées suite…

RN 25 Beauval
RN 25 : un accord unanime présenté à Beauval

Les exploitants et propriétaires concernés par les expropriations du chantier de rénovation de la RN25 étaient conviés à une…

En visite à l’EARL des enclos, la ministre Pannier-Runacher a assuré que «quand on met en place des réglementations,  ce n’est pas pour le plaisir mais parce qu’il y a urgence à répondre au dérèglement climatique».
Dans la Somme, Agnès Pannier-Runacher prend la défense d’Egalim

La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’est rendue le 17 avril au Crotoy…

La Poste prend clairement position en faveur du renard, soulignant  que «longtemps considéré comme un animal nuisible, le renard paie très cher  une réputation injustifiée».
Même sur un timbre, le renard divise

Pas encore en vente et déjà l’objet d’une polémique. Alors que La Poste doit mettre en vente une série «collector» de timbres…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde