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Des cultures de la Somme ont la tête sous l’eau

De l’eau, de l’eau et encore de l’eau ! Les épisodes pluvieux incessants provoquent des dégâts de cultures, comme près du littoral et dans la vallée de la Bresle.

Rémy Moitrel doit arracher ses betteraves à la main. 
Rémy Moitrel doit arracher ses betteraves à la main. 
© A. P.

Des prairies aux allures d’étang, du blé à la mine jaunâtre, du colza qui peine à sortir la tête de l’eau… Les médias ont tourné leurs objectifs vers les départements victimes des fortes crues, comme l’Aube, la Marne, la Saône-et-Loire, les Hauts-de-Seine, ou le Val-de-Marne. Mais les précipitations incessantes de ces deux derniers mois font aussi des dégâts dans certaines zones de la Somme.

Rémy Moitrel, agriculteur à Saint-Valéry-sur-Somme, peut en témoigner. «Les champs sont tellement gorgés d’eau que l’arracheuse à betteraves s’est embourbée. Pas moyen d’y retourner.» Ce lundi matin, les bottes aux pieds et plein de courage, l’homme pataugeait dans les quelques ares de betteraves fourragères qui lui restent à arracher, et poursuivait le travail à la main. «Elle sont belles cette année. Ce serait dommage de les laisser pourrir ici», plaisante-t-il, pour dédramatiser.

Autour, dans les parcelles proches de la Baie de Somme, le blé ne semble pas en grande forme. «L’eau forme des bacs, explique Régis Brunet, exploitant à Cayeux-sur-Mer. Si elle stagne trop longtemps, le blé est asphyxié. Il devient tout jaune. Il va mourir.» Et les taches jaunes parsèment les parcelles. Les tranchées creusées ça et là pour tenter d’évacuer l’eau ont plus ou moins de réussite.

"Un hiver à la con"

Voilà plusieurs années que Régis Brunet n’avait pas connu «un hiver à la con» comme celui-là. «Pas une miette de froid et autant d’eau, ce n’est quand même pas courant.» Son pluviomètre a encore enregistré près de 50 mm d’eau le week-end dernier. Et l’image du nuage gris et pluvieux semble s’accrocher inévitablement aux prévisions de Météo France.

Les températures trop douces sont aussi un problème. «Dans les prairies, on dirait que la végétation ne sait plus quoi faire. Elle n’a pas entamé sa période de dormance comme elle aurait dû», commente-t-il. Qui dit pas de gelée, dit aussi développement d’adventices et d’insectes ravageurs…

Quels dégâts à terme ? «Il est trop tôt pour les quantifier, assure l’agriculteur. On n’a plus qu’à attendre qu’il cesse de pleuvoir pour se faire une idée. Mais on sait déjà qu’on n’aura pas le rendement espéré.» Lui aura recours aux «rustines», soit la plantation d’orge de printemps pour remplacer les trous de blé mort. Une difficulté supplémentaire pour séparer les céréales à la moisson.

La Bresle déborde

Les habitants d’Ansennes, hameau de Bouttencourt, à côté de Blangy-sur-Bresle, tout en bas de la vallée, ont carrément eu les pieds dans l’eau. Deux fois, la Bresle, tellement gonflée, a débordé. Le
4 janvier, puis le 22 janvier (ce deuxième épisode a aussi touché le hameau voisin de Montières), les rues étaient inondées, jusqu’à
70 cm d’eau. Et les champs n’ont pas été épargnés.

Il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour que les nuages nous laissent un peu de répit. Car d’autres questions se poseront si la pluie ne daigne pas s’arrêter en février. Comment fera-t-on pour épandre les engrais ? Régis Brunet, lui, choisit d’être optimiste. «Tout peut encore sécher. Il faut y croire !»

Fortes précipitations en décembre et janvier

En décembre, la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) relevait déjà «des cumuls mensuels de précipitations excédentaires de près de 50 % en moyenne dans le bassin Artois-Picardie», et un record d’excédent de 90 % à Abbeville avec 151,2 mm.
Scénario similaire en janvier. La station météo d’Abeville a enregistré (au 30 janvier) un cumul de 114,6 mm d’eau, alors que la moyenne de janvier, de 1981 à 2010, est de 63,3 mm. Les passages pluvieux se sont encore répétés, particulièrement le dimanche 21, où 24,6 mm sont tombés en 24 heures. Ces forts cumuls ont provoqué des crues et des inondations, notamment dans la vallée de la Bresle.

Les températures moyennes de janvier sont aussi au-dessus des normales mensuelles, avec un excédent de 2,8°C, selon Infoclimat.fr. La journée la plus chaude était le lundi 22, avec 14,2°C enregistré à Abbeville. Le soleil a, lui, été très timide. Seulement 32,3 heures d’ensoleillement en un mois, soit un déficit de 55 % par rapport à la normale. Seule consolation pour les Samariens en recherche de lumière, le jour le plus ensoleillé était un dimanche, le 14 janvier, avec 4h44 d’ensoleillement. Ouf !

Durant l’hiver 2016-2017, la mauvaise recharge en eau avait conduit à des niveaux des nappes aquifères relativement bas depuis plusieurs mois. En décembre, la Dreal indiquait que la pluviométrie avait permis «une alimentation des nappes. La recharge hivernale a commencé, en particulier à l’ouest de la région. Sur les quinze piézomètres analysés, onze montrent un niveau piézométrique en hausse et quatre montrent un niveau piézométrique stable». La Dreal n’est pas à même de communiquer les données de janvier, mais au vu des précipitations, ont peut supposer que l’alimentation a perduré.

Concernant le débit des cours d’eau, en décembre, «la majorité des stations suivies était au-dessus, voire très au-dessus (supérieur aux valeurs de quinquennales humides) des normales de saison, provoquant des débordements de cours d’eau», expliquait la Dreal. En janvier, la succession d’épisodes pluvieux a encore entraîné une hausse des niveaux.

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