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Des laiteries, des stratégies et des prix

La comparaison des prix du lait du premier semestre 2014 révèle de grandes disparités. Explications.

Les prix du lait dépendent des stratégies des entreprises déployées en fonction des marchés qu'elles occupent.
Les prix du lait dépendent des stratégies des entreprises déployées en fonction des marchés qu'elles occupent.
© Jerome CHABANNE

 

Juillet est arrivé, le premier semestre 2014 s'achève. En analysant les prix du lait (voir tableau), des tendances se dessinent : des laiteries suivent les indicateurs et d'autres travaillent avec des prix d'acompte. Dans ce contexte, il est difficile de comparer les prix des laiteries par rapport à une moyenne semestrielle (dernière ligne du tableau). Chaque laiterie a sa propre stratégie et fixe ses propres prix du lait.

Les laiteries avec des prix d'acompte
Certaines laiteries n'utilisent plus les indicateurs qui leur servent toutefois de repères.

Sodiaal
La coopérative a choisi de fixer un prix d'acompte sur le premier trimestre avec un décrochage important par rapport à l'environnement avec un report sous la forme d'une saisonnalité impressionnante de 125 euros. Pour rééquilibrer son prix annuel, Sodiaal Nord vient d'annoncer que les prix des mois d'août à octobre seront supérieurs à 400 euros.

Prospérité Fermière
Le conseil d'administration de la Prospérité Fermière a choisi le système du prix d'acompte également avec une saisonnalité réduite à 15 euros.

Lact'Union
Comme en 2013, Lact'Union n'applique pas de saisonnalité. Les prix ont fléchi sur le second trimestre et ils devraient se redresser au troisième trimestre.

CLHN
Enfin, la CLHN applique également des prix d'acompte.

Les laiteries qui appliquent les indicateurs
Les indicateurs publiés par le Cniel sont retenus en partie ou en totalité par les autres laiteries, mais chaque entreprise en a une application spécifique.
L'indicateur F1 qui reflète l'évolution des cotations du beurre et de la poudre du dernier trimestre connu par rapport au même trimestre de l'année précédente n'est plus appliqué sur le prix moyen national de 344 EUR calculé par FranceAgrimer, mais sur le prix moyen payé par la laiterie.
Le «tunnel» à 10 compare le prix mensuel allemand au prix moyen interne de la laiterie du même mois. Pour le «tunnel» à 8, l'approche est similaire, la comparaison est faite entre le prix moyen allemand et le prix moyen français sur les douze derniers mois.

Lactalis
Lactalis a respecté ce schéma de calcul pour le premier semestre 2014. Les augmentations ont été fortes car il y avait un gros retard en fin d'année 2013 (nouveau mode de calcul des "tunnels" en juillet 2013 oblige). Mais la laiterie a décidé d'appliquer des reports (15 euros en janvier et février reversés en juillet et août, 30 euros en mars reversés en deux fois 15 euros sur les mois de septembre et octobre, et 10 euros en avril reversés en novembre). Ces reports sont inscrits sur les factures mensuelles des producteurs. Ces montants sont donc censés se retrouver sur les prochaines factures. De plus, Lactalis a annoncé une réduction unilatérale de 10 euros en mai et juin sans préciser si elle sera récupérable.
Le prix national 2013 retenu par Lactalis pour le calcul du F1 est de 340,50 euros, prix inférieur au prix FranceAgrimer (344 euros).

Danone
L'entreprise applique les indicateurs par rapport à un prix Danone revisité là encore à la mi-2013 pour le tunnel à 10 euros.
Le prix de référence pour le F1 est celui de Danone France à 337,70 euros. Le tunnel à 8 euros a été abandonné et comme il est positif depuis la fin de l'année 2013, il y a un manque à gagner pour les éleveurs (par exemple en mai il impactait le prix du lait de + 10,82 EUR). Toutefois, l'évolution des indicateurs permet à l'entreprise de rester cohérente par rapport à l'environnement.

Senagral
L'entreprise Senagral suit aussi les indicateurs, mais à sa manière. Un indice "marques distributeurs" de 4,75 euros a été appliqué de janvier à juin. Des ajustements de moins de deux euros de janvier à avril et de moins de dix euros de mai à juin ont également été adoptés. Pour le calcul du prix du lait, l'entreprise s'est basée sur le prix moyen français au premier trimestre et se basera sur le prix moyen Senagral au second semestre.

Novandie
Novandie est la seule laiterie qui n'a pas changé sa méthode et qui respecte les indicateurs entièrement en comparant le prix Novandie avec le prix allemand pour les deux tunnels. Étant sur le secteur de l'ultra-frais, secteur en difficulté pour les produits de grande consommation, la laiterie et l'organisation de producteurs se sont entendus sur une mesure conjoncturelle de 1,51 euros en 2014 au lieu de 5 euros en 2013. La saisonnalité a été abandonnée depuis 2012.

Perspectives : une stagnation au minimum pour la fin de 2014
La production mondiale est en hausse, l'Europe, l'Océanie et dans une moindre mesure, les Etats-Unis, sont en croissance. En France les volumes ont progressé de 7%, cependant il manque encore 6% pour réaliser le quota.
Comme la demande mondiale est forte (+ 100 % en poudre de lait écrémé et + 72 % en poudre de lait entier en Chine par exemple) et que les stocks sont vides, les niveaux de prix des matières premières restent bons. Pour les prix de vente en grandes surfaces, les actions du printemps 2013 ont initié une hausse, consolidée par l'action de la Fnpl qui s'est invitée dans les négociations entre grandes surfaces et industriels.
Résultats au 1er mars 2014 : + 2,5 % sur le fromage, + 2,4 % sur le beurre, + 2 % sur le lait et la crème. De plus, l'écart de prix entre la France et l'Allemagne est encore supérieur à 20 euros sur douze mois glissants. On peut penser que les prix payés aux producteurs peuvent rester sur les mêmes niveaux voire augmenter.

 

 

REACTION
«L'obsession du prix le plus bas met en danger toute la filière laitière»
L'écart du prix du lait payé aux producteurs français par rapport au prix allemand est de 20 euros/1000 litres depuis plus de 12 mois.
C'est un luxe que nous ne pouvons pas nous payer. Tout se passe comme si l'augmentation des cours des produits industriels ne devait pas avoir de conséquences positives en France sur le prix du lait contrairement à la situation allemande. Soyons réaliste, notre niveau de revenu 2013 à 23 100 euros par actif non salarié est inférieur de 15 % à la moyenne des trois dernières années. La question de la résistance des exploitations laitières françaises à la volatilité des prix se pose. C'est une question économique mais aussi politique. Que veut-on ? Préserver notre modèle laitier garant de produits diversifiés et de qualité, synonyme de territoires vivants ou... le brader. La conjoncture laitière favorable dopée par les marchés émergents doit aussi profiter aux producteurs de lait. Mais les entreprises laitières s'observent sur le prix du lait. La première qui décroche prend la responsabilité de tirer le prix aux producteurs vers le bas. Et c'est effectivement ce qui se déroule. Nous ne laisserons pas faire.

 

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