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Diversifier : le choix de Mathieu Devienne et Simon Lenoir, agriculteurs bio samariens

Des vaches allaitantes, des pommes, des céréales, des légumes de plein champ… Vendus pour la plupart en circuits courts. Mathieu Devienne et Simon Lenoir mènent une multitude de productions avec beaucoup de technicité.

Parmi les techniques développées, les vaches de Simon Lenoir (à gauche) et Mathieu Devienne (à droite) sont menées en pâturage tournant dynamique, pour optimiser l’herbe.
Parmi les techniques développées, les vaches de Simon Lenoir (à gauche) et Mathieu Devienne (à droite) sont menées en pâturage tournant dynamique, pour optimiser l’herbe.
© Alix Penichou

La diversité. C’est le terme qui caractérise l’exploitation de Mathieu Devienne et Simon Lenoir, en Gaec depuis juillet 2017. «Le nom “ferme de la biodiversité“ en découle, d’ailleurs», confient les agriculteurs.
Après une première vie professionnelle dans le milieu agricole, puis l’intégration respective des fermes familiales, les motivés se sont rencontrés aux marchés, dans lesquels ils commercialisaient leur production en direct (Mathieu de la viande, Simon du jus de pomme et du cidre). Aujourd’hui, ils ne vendent plus ou peu en direct, mais ont associé leur vision commune de l’agriculture au sein d’une même exploitation. Et les productions, réparties en 255 ha, et quatre sites, y sont nombreuses : élevage de Blondes d’Aquitaine de soixante-cinq mères, grandes cultures (blé, maïs grain, lentille et cameline), légumes de plein champ (betteraves rouges, pommes de terre, chicorée) et 40 ha de vergers, le tout en bio.
Une force, pour les associés, puisqu’une production dans la panade est vite compensée par une autre : «L’année dernière, par exemple, une grande partie des pommiers ont gelé. Nous l’avons peu senti dans le bilan économique, car les autres productions étaient bonnes.» Mais un système qui peut s’avérer un casse-tête lorsqu’il s’agit d’organiser les journées de travail lors des périodes de rush : «Lorsqu’on a fini une tache, on se rend parfois compte qu’il aurait fallu s’atteler à la suivante un jour plus tôt», évoque Mathieu.
Deux périodes sont particulièrement chargées. D’avril à juin, les semis de printemps dans les cultures et les légumes, le désherbage mécanique, la fauche de l’herbe pour le foin et les vêlages occupent tout le temps des exploitants. Puis, de septembre à novembre, une deuxième vague de vêlages, la récolte des pommes et des légumes, les semis d’automne et le déchaumage prennent le relais. «A côté de ça, la moisson, c’est presque du repos», plaisantent-ils.
Les associés en sont pourtant conscients, «pour bien faire, on ne peut pas tout faire». D’autant que la totalité des productions est en bio, et que cela demande une perpétuelle surveillance. Un deuxième salarié devrait donc être embauché prochainement. Ce qui a poussé les agriculteurs, pourtant habitués aux pratiques conventionnelles, à se convertir ?
L’attente des consommateurs a été un élément déclencheur pour Mathieu. «La vente en direct a fait cheminer ma réflexion, car la clientèle posait beaucoup de questions sur les modes de production. La maladie du milieu agricole, c’est de ne pas se remettre en question. Ce n’est pas évident, mais on l’a fait.» Les agriculteurs, sensibles à leur impact environnemental, se définissent cependant comme des «bio pragmatiques». «Nous sommes conscients que dame nature ne va pas tout faire à notre place.»

Pâturage dynamique et semis soignés
Leur exploitation est en réalité menée avec beaucoup de technicité. «En élevage, par exemple, l’équilibre du bio repose sur l’autonomie alimentaire. L’été, pour que l’herbe de nos terres plutôt pauvres soit suffisante, les prairies sont gérées en pâturage tournant dynamique.» La clôture doit donc être bougée chaque jour. En légumes de plein champ, l’attention est surtout portée sur les semis, «car le semis, c’est 80 % de la réussite». Puis, les tours de plaine sont de mise, pour surveiller la pousse des adventices.
Les vergers, eux, sont traités en bas volumes, entre 23 heures et 6 ou 8 heures, lorsque l’hygrométrie est au plus haut. «En bio, les produits phytos de synthèse sont interdits, mais nous avons droit au cuivre et au souffre», précise Simon. Le visionnaire pense cependant à anticiper l’après-cuivre, grâce à l’utilisation d’huiles essentielles, par exemple, «car ont sait que le cuivre laisse des résidus dans le sol». La tavelure, principale maladie cryptogamique des pommiers, n’est néanmoins pas la hantise de l’arboriculteur, puisque les fruits sont destinés à la transformation. «Les pommes peuvent avoir quelques tâches sans que le goût ne soit impacté.»
Finalement, seul le climat semble être la difficulté de Mathieu et Simon. «Les fenêtres météo sont assez étroites, alors on priorise.» Pas question de s’obstiner à réaliser une tache prévue à l’agenda si le temps ne le permet pas. Ce besoin d’adaptation est aussi une source de motivation : «Notre travail n’est jamais figé, et c’est ce qui nous anime».

Une conversion bien menée

Mathieu Devienne et Simon Lenoir ont dû convertir les exploitations familiales respectives en bio, avant de s’associer. Une étape délicate, qui leur a parfois fait se tirer les cheveux. «Je l’ai réalisée progressivement. D’abord le verger, dont j’avais pris la gérance, puis le reste de l’exploitation, confie Simon. Car je sentais que mon père n’avais pas envie de cela en fin de carrière. Et pour réussir une conversion, il faut en avoir vraiment envie.» Avec une connaissance pourtant bien approfondie du bio - Simon a occupé un poste de technicien à l’ABP, désormais Bio en Hauts-de-France -, cela n’a pas empêché les couacs. «L’un comme l’autre, nous avons fait des erreurs agronomiques». Difficile, par exemple, de réussir une première récolte de tritical bio, avec un précédent blé à haut rendement qui avait appauvri le sol en azote. L’astuce résiderait donc dans une bonne préparation de l’exploitation conventionnelle, pour faciliter la période de conversion.

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