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Fourrages
Du séchage de luzerne XXL pour valoriser des terres séchantes

Seize agriculteurs de l’est de la Somme sont réunis au sein de la Cuma Som’luzerne autour d’un projet de diversification : produire de la luzerne pour valoriser leurs terres séchantes. Un bâtiment de séchage en ballot leur permet de sécuriser et de valoriser au mieux leur production. 

Il y a trois ans, Jean-Luc Choquet, exploitant à Aizecourt-le-Bas, aussi à la tête d’une société de commerce, s’est trouvé fort dépourvu lorsqu’un client de Sicile lui a demandé 3 000 t de four-rage. «Je ne savais pas du tout où trouver ça, alors je l’ai orienté vers le foin de Crau (Association AOP dans les Bouches-du-Rhône). Le responsable m’a dit qu’en produire chez nous pourrait être une diversification intéressante.» La culture de la luzerne répond d’ailleurs à la problématique locale : valoriser de mauvaises terres, peu rentables, dans lesquelles les betteraves et les pommes de terre peinent à pousser. Reste qu’il fallait trouver un moyen de sécuriser la récolte, soumise aux aléas climatiques. 

«Avec des agriculteurs voisins, nous sommes allés visiter un bâtiment de séchage du secteur. Ça nous a convaincu, à condition de pouvoir sécher en ballot pour une facilité de transport.» Seize agriculteurs se regroupent finalement au sein de la Cuma Som’Luzerne. 700 000 € sont mobilisés pour la construction d’un bâtiment de séchage de 42 x 16 m, à Lieramont, capable d’accueillir l’équivalent de 16 ha de luzerne pressée. Une centaine d’hectares ont été implantés pour l’instant, avec une possibilité de sécher 60 ha supplémentaires. L’investissement, auquel s’est ajouté celui du matériel de récolte, a été en partie financé par deux PCAE et une aide du Conseil départemental. Ce
11 mai, les premiers ballots terminaient leur séchage. 

40 000 m3 d’air à l’heure

Le bâtiment fonctionne grâce à quatre ventilateurs installés au bout du bâtiment. «Ils poussent 40 000 m3 d’air à l’heure dans des gaines», explique Jean-Luc Choquet, désormais trésorier de la Cuma. Cet air, aspiré à température ambiante, est réchauffé sous les panneaux solaires installés sur le toit. «Le système fonctionne même un jour de pluie, puisqu’il y a toujours du rayonnement solaire.» L’air chaud est ensuite redistribué de manière homogène dans le bâtiment. 

Trois ou quatre jours sont nécessaires pour le séchage de ces ballots, rentrés à 40 % d’humidité au maximum. «Plus la luzerne est sèche, moins les coûts de séchage sont élevés. Notre principale charge est l’électricité, car les ventilateurs consomment 160 kW à eux quatre.» Celle produite par les panneaux solaires est revendue, mais à un prix bien inférieur à celui de l’achat. «Nous avons fait ce choix de la vente d’électricité parce que notre séchoir fonctionne six à sept semaines (en jours cumulés) par an, alors que l’électricité est produite toute l’année», justifie Jean-Luc Choquet.

 

«À la méthode betteravière»

L’organisation des chantiers de récolte, elle, se fait «à la méthode betteravière, par secteur». «Nous nous chargeons de la fauche et de l’andainage, mais nous faisons appel à un entrepreneur pour le pressage, car il faut être équipé d’une presse capable de faire des ballots bien homogènes, condition de leur séchage.»
Les agriculteurs tablent sur quatre récoltes à l’année, coupées au stade bourgeonnement au maximum. La luzerne est pré-séchée au champ quelques jours, avant d’être pressée et ramenée au
bâtiment. 

La valorisation de cette luzerne ? Quatre membres de la Cuma sont éleveurs et l’utiliseront en autoconsommation. Les autres montent un GIE (Groupement d’intérêt économique) pour sa vente. «La demande est là, aussi bien pour l’élevage local que plus loin. Pour un fourrage de cette qualité, les concurrents ne lâchent pas à moins de 200 €/t.» La luzerne présente d’autres avantages. «Avec 10 % de luzerne dans mon assolement, je suis 5* selon les critères de la nouvelle Pac», se réjouit Jean-Luc Choquet. Avec cette culture peu gourmande en intrants, l’agriculteur fait aussi des économies sur les IFT et sur les engrais. «Quoiqu’il ne faut pas négliger la potasse. J’en ai mis 350 unités.» 

L’itinéraire technique est encore à peaufiner pour certains membres de la Cuma, mais agronomiquement, la culture pérenne qui restera en place trois ans est aussi très intéressante : pouvoir nettoyant, structuration du sol grâce à un système racinaire très étendu… «Il descend à 2 ou 3 m de profondeur. Le manque d’eau n’est pas un problème pour la luzerne.» Son introduction dans la rotation est aussi une réponse à l’envolée des prix de l’azote. «Ça peut toujours monter, j’arriverais toujours à faire du blé derrière !» 

Si tout roule comme prévu pour la Cuma Som’Luzerne, un développement de l’activité est possible, avec l’installation de deux gaines supplémentaires, voire la construction d’un deuxième bâtiment de séchage. 

 

Une qualité de fourrage exceptionnelle

Le résultat est visible à l’œil nu : sous le bâtiment de séchage de la Cuma Som’Luzerne, les ballots, bien verts, semblent d’une qualité irréprochable. «Il nous faudra faire des analyses par lot pour pouvoir certifier sa valeur alimentaire. Ce sera un critère de vente», annonce  Jean-Luc Choquet, trésorier de la Cuma. Grâce à sa forte teneur en protéines, la luzerne est un fourrage idéal pour rééquilibrer les rations riches en énergie. Son séchage en bâtiment garantit cette qualité, puisqu’au champ, la feuille sèche deux fois plus vite que la tige. «C’est une perte de protéines.» Pour les quatre éleveurs membres de la Cuma, ce bâtiment promet une grande avancée vers l’autonomie alimentaire de leur troupeau. 
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