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Eau : préservation de la qualité de l'eau des captages de Potte et Morchain

Le Siep du Santerre organisait, le 26 avril, une réunion de présentation de la démarche Orque des captages de Potte et Morchain.

Impact du ruissellement dans la zone des captages de Morchain, lors des orages de 2015.
Impact du ruissellement dans la zone des captages de Morchain, lors des orages de 2015.
© © Siep du Santerre


S’il y a urgence d’intervenir sur l’aire d’alimentation des captages de Caix au vu des taux de nitrates trouvés, tel n’est pas le cas pour les captages de Potte et Morchain, puisque la qualité de l’eau est très convenable (40 à 45 mg/l pour Potte et 30 à 35 mg/l pour Morchain, la norme à ne pas dépasser est 50 mg/l). «Aucun produit phytosanitaire n’a été décelé à Potte. A Morchain, quelques traces ont été trouvées, notamment d’atrazine, de duiron, de lenacile, etc. Le maximum atteint pour l’ensemble des produits phytosanitaires à Morchain est de 0,123 µ/l et entre 0,04 et 0,05 µ/l à Potte alors que la norme est de 0,5 µ/l», précise Marine Josse, responsable qualité de l’eau et des espaces verts au Syndicat intercommunal de l’eau (Siep) du Santerre.
Il n’empêche. Le Siep a décidé d’engager une démarche volontaire pour la préservation de la qualité de l’eau des captages de Potte et de Morchain contre les risques de pollution diffuse. «C’est une opération qui va au-delà de la pression diffuse de pollution sur la qualité de l’eau que peuvent exercer les agriculteurs, puisque cette opération inclut aussi des actions auprès des collectivités, des industriels, des artisans et des particuliers», explique Philippe Cheval, président du Siep du Santerre. L’opération engagée portera sur une durée de trois à cinq ans. «L’idée est de prévenir, à notre petit niveau, des dérives par rapport à la qualité de l’eau, même si on sait que toutes les actions engagées ne se traduiront pas par des résultats immédiats pour la plupart d’entre elles», ajoute-t-il. Prévenir, plutôt que guérir, telle est la philosophie de la démarche, et ce, d’autant que les deux zones de captage présentent des facteurs de vulnérabilité en termes d’infiltration d’eau et de ruissellement du fait de l’érosion des sols, particulièrement dans les vallées.

Sols sensibles au ruissellement
Le territoire agricole de Potte et Morchain représente 95 % de la surface en terres arables. Vingt-six exploitants agricoles sur cinquante-trois cultivant dans l’aire d’alimentation des captages ont été rencontrés par le bureau d’études Géonord, ce qui représente 79 % de la surface agricole. 2 040 ha ont été analysés. Dix-sept productions ont été recensées, dont trois représentent 78 % de la surface, à savoir le blé tendre (43 %), la pomme de terre de consommation (19 %) et la betterave sucrière (16 %).
Au terme de l’étude, il ressort que 73 % des sols sont très sensibles au ruissellement et à la battance liée, elle, à la nature limoneuse des sols, et 76 % présentent des risques de transfert des molécules phytosanitaires dans l’aire d’alimentation des captages, soit par ruissellement (73 %), soit parce que les sols sont peu profonds (3 %). «Les agriculteurs ont implanté des intercultures (Cipan) et réalisent un travail d’optimisation de la fertilisation. En matière d’usage de produits phytosanitaires, s’ils les optimisent au maximum, on remarque cependant une augmentation de l’indicateur de fréquence des traitements phytosanitaires (IFT), due, il est vrai, aux conditions climatiques exceptionnelles auxquelles ils ont dû faire face», indique Perrine Gamez du bureau d’études Géonord.
Face aux deux risques principaux identifiés, soit celui sur les pollutions ponctuelles dans les corps de ferme (manipulation des produits phytosanitaires et stockage des produits), et celui sur les pollutions diffuses dans les parcelles liées à l’utilisation des matières fertilisantes et/ou à l’utilisation des phytosanitaires, trois axes ont été retenus (lutte contre les pollutions ponctuelles dans les exploitations, lutte contre les pollutions diffuses azotées dans les parcelles, et lutte contre les pollutions diffuses phytosanitaires), déclinés en cinq actions et seize sous-actions, le tout défini avec les acteurs du monde agricole (agriculteurs, chambre d’agriculture, coopératives, négoce, groupes de développement, etc.).

Actions à réaliser pour l’agriculture
Les risques identifiés de pollutions ponctuelles dans les corps de ferme concernent le débordement lors du remplissage sans aire dédiée, le stockage des GNR sans rétention en cas de fuite, ou encore le stockage des huiles sans rétention. Pour lutter contre ces risques, outre la nécessité de réaliser de nouveaux diagnostics, la principale sous-action est de sécuriser la manipulation des produits phytosanitaires dans les fermes et sécuriser les locaux de stockage. Les investissements à faire peuvent être financés à hauteur de 70 % de l’Agence de l’eau Artois-Picardie (réalisation des diagnostics) et entre 40 et 80 % par le PCAE, selon les modalités.
La seconde action se décline, elle, en trois sous-actions prioritaires pour lutter contre les pollutions diffuses azotées dans les parcelles, en réduisant les risques de lessivage des nitrates et en optimisant les apports d’intrants. Pour ce faire, les couverts en interculture devront être développés, en optimisant notamment les espèces (une ou deux espèces, jouer sur les dates d’implantation des Cipan, maintenir la fertilité organique des sols avec l’usage du compost ou l’utilisation de Cipan).
Dans la continuité de ce second axe d’actions, les suivantes pourraient s’orienter sur la mise en place de cultures à bas niveau d’intrants telles que l’implantation de miscanthus, comme cela va se faire autour des captages de Caix (cf. notre édition du 20 avril 2018), mais aussi en ayant un recours plus systématique aux outils d’aide intraparcellaire, en réalisant des reliquats azotés en sortie d’hiver, et en diffusant les moyennes locales.
Dans le cadre des actions prioritaires à conduire pour lutter contre les pollutions diffuses phytosanitaires, et limiter les risques de transfert, l’idée clé est d’adapter et d’optimiser les pratiques au travers de différents leviers, comme l’usage de variétés tolérantes aux maladies, le décalage des semis de blés à l’automne, etc. Pour lutter contre le ruissellement, la mise en place de bandes enherbées, de zones tampons, mais aussi la création de micro-barrages entre les buttes de pommes de terre sont préconisées.
Dans le prolongement de cet axe, les actions pourraient concerner la diversfication et la limitation des retours de cultures dans les rotations (exemple : limiter le retour des pommes de terre à quatre ans et des légumes à six ans dans la rotation), le pilotage de l’irrigation, l’usage des outils d’aide à la décision couplés, par exemple, aux stations météorogiques locales, et sensibiliser sur l’agriculture biologique.
«L’idée est de se concentrer sur quelques axes forts en début de programme et d’augmenter les chances de mobilisation. Au bout de trois ans, un groupe de travail pourra se réunir pour faire un bilan et réviser les priorités données aux sous-actions du plan d’actions», note Perrine Gamez. Coût estimé des investissements pour les actions agricoles :  20 000 € par an.

Chiffres clés du territoire

3
forages à Potte
2 forages à Morchain
930 600 m3 : volume d’eau annuel moyen prélevé en 2015 pour les deux sites
2 500 ha : surface de l’aire d’alimentation des captages
2 324 ha de surface agricole utile
53 exploitations cultivant dans l’aire d’alimentation des captages
8 communes concernées
18 960 abonnés au Syndicat intercommunal de l’eau du Santerre, dont un tiers situé dans les communes de Potte et de Morchain, le reste étant à Caix

Actions pour les activités non agricoles

Cinq thématiques ont été retenues dans le programme d’actions pour les activités non agricoles : l’assainissement non collectif, les artisans et les industries, les autres activités urbaines, l’utilisation des produits phytosanitaires, et la communication.
En matière d’assainissement, les actions visent les forages (puits et forages d’irrigation) et les systèmes d’irrigation. Outre l’amélioration de la connaissance du parc d’installation d’assainissement non collectif, les autres actions portent sur la sensibilisation à la mise aux normes des installations auprès des particuliers et des notaires, ainsi qu’une sensibilisation des vidangeurs qui travaillent sur le territoire.
Pour ce qui concerne les artisans et les industries, seize activités ont été recensées à Potte et Morchain. L’action principale est d’encourager artisans et industries à une meilleure maîtrise de leurs rejets et de leurs déchets.
Pour les autres activités urbaines, deux sous-actions ont été identifiées : l’optimisation de la connaissance des points d’accès à la nappe phréatique et la poursuite des actions de communication auprès de la SNCF.
Les actions à destination des collectivités et des particuliers visent à les sensibiliser sur l’impact des dépôts et décharges sauvages, le bon entretien de leur ouvrage, mais aussi à accompagner les communes pour qu’elles tendent vers le zéro phyto, et les particuliers vers des méthodes alternatives sans produits phytosanitaires, etc.
Enfin, en termes de communication, des actions seront menées pour sensibiliser les scolaires aux questions autour de la qualité l’eau.

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