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Gestion technico-économique de l'élevage : faire un choix et le bon !

C’est bien connu, un problème bien posé est un problème à moitié résolu. Cette citation s’applique aux
mathématiques, mais convient également tout à fait à la gestion d’une exploitation agricole. Lorsque la disponibilité de la main-d’œuvre est devenue une problématique, Sébastien et Nicolas Carouge avaient, dans un premier temps, envisagé une solution différente de celle finalement mise en œuvre aujourd’hui.

À Maison-Roland, près d’Abbeville (80), les deux associés du Gaec Lardé Carouge sont à la tête d’un troupeau de 100 vaches laitières et 40 vaches allaitantes. Avec un tel effectif et des cultures en plus, la charge de travail est importante et devient une préoccupation lorsque la main-d’œuvre familiale est moins disponible. De plus, l’outil de production vieillissant n’est plus adapté pour faire face. Par exemple, même si des investissements ont été faits pour améliorer les conditions de traite, la proximité du voisinage rend impossible les modifications ou agrandissements nécessaires au bâtiment existant. Par conséquent, le trayeur passe parfois plus de 2h30 en salle de traite, deux fois par jour.

 

L’heure des choix

Dans ces conditions, lorsque les éleveurs reçoivent leurs résultats économiques pour l’ensemble de l’exploitation, ils s’interrogent sur l’intérêt économique de l’atelier lait et sur son avenir. «À ce moment de la réflexion, nous envisagions de réduire fortement l’effectif laitier afin de dégager du temps en faveur de l’atelier allaitant. Nous étions persuadés que le temps de travail était mieux rémunéré avec la viande», précise Sébastien.  

Pourtant, malgré l’exactitude des chiffres économiques à l’échelle globale de l’exploitation, pour Julien Lamy, conseiller à Avenir conseil élevage et intervenant régulier sur l’élevage, cette perception se devait d’être confortée par une approche plus analytique : «J’ai proposé à Sébastien de prendre le temps de la réflexion et surtout de vérifier avec des indicateurs chiffrés les performances de chaque atelier avec le calcul précis des marges brutes (MB)», explique-t-il.

 

Un atelier viande «pour le plaisir»

Une fois les charges, les consommations et les surfaces correctement affectées. Les résultats ont été précisés avec surprise puisque l’atelier viande était très loin du niveau de rentabilité perçu initialement par Sébastien qui précise : «L’atelier viande, c’est notre plaisir. On a commencé par deux ou trois vaches et puis, petit à petit, l’effectif a augmenté pour valoriser des pâtures. Et finalement, c’est le lait qui faisait le résultat économique. L’atelier viande était pénalisé, entre autres, par les surfaces sous exploitées».

Suite à cette analyse technico-économique, Sébastien et Nicolas ont revu leur projet : améliorer la gestion technique de l’élevage allaitant pour augmenter rapidement sa rentabilité et parallèlement, investir pour produire le lait dans de meilleures conditions et recourir à la main-d’œuvre salariée. 

«L’intervention d’un conseiller spécialisé viande d’Avenir conseil élevage nous a permis de revoir notre politique d’élevage viande. Nous faisions trop vieillir les vaches, ce qui pénalisait le prix de vente et la reproduction, cela nous privait du renouvellement génétique que représente les génisses», explique l’éleveur. Depuis, les broutards sont valorisés au sein de la filière Lidl qui impose une alimentation non OGM et des poids de carcasse précis. «Nous suivons de plus près la croissance des animaux avec le suivi Bovins croissance. Et nous essayons de mieux exploiter les surfaces en herbe, que ce soit pour la viande ou pour le lait.»

 

Les travaux ont débuté

En ce qui concerne l’atelier laitier, les éleveurs ont finalement pris la décision de le maintenir et même d’y consacrer leurs investissements afin d’améliorer les conditions de travail. Les travaux de la future stabulation équipée de robots de traite sont déjà en cours de construction et sa mise en service est prévue pour début 2022. «Dans ce type de projet, je commence souvent par proposer aux éleveurs de rêver à leur situation idéale, puis les arbitrages se font selon les contraintes présentes. En cheminant dans ce sens, il y a moins de risque d’avoir des regrets. (…) Avec le Centre de gestion, nous avons bâti un plan de réalisation clair et un financement viable», détaille Julien Lamy. Enfin, la solution à la problématique main-d’œuvre ne pouvait se réduire à la robotisation de la traite, l’embauche d’un salarié à temps partiel vient de se concrétiser et permet déjà de soulager le planning des éleveurs.

Finalement, sur la base d’une intuition non vérifiée, les choix auraient été totalement différents. Le problème de main-d’œuvre aurait pu être résolu en limitant la charge de travail, mais au détriment du résultat économique global. En matière de gestion d’entreprise, les impressions doivent être confrontées à des chiffres précis pour poser correctement la problématique.

 

Des chiffres pour se situer et un regard extérieur pour évoluer

«Il est primordial d’être bien accompagné pour mener à bien un projet conséquent comme le nôtre. Mais c’est aussi le cas dans la gestion quotidienne pour alerter sur ce qui va ou pas et trouver des solutions ensemble», selon Sébastien Carouge. C’est d’ailleurs ce qu’il a entrepris avec Julien Lamy afin de revoir la gestion du pâturage pour sécuriser l’approvisionnement fourrager et ne plus dépendre de récoltes de SIE parfois compliquées. L’ensemble du parcellaire des pâtures a été revu ainsi que les temps de repos, le chargement. Avec ces modifications, la pousse de l’herbe est bien mieux valorisée laissant la possibilité de faucher plus de surface et, donc, de se passer des récoltes de SIE. «Au final, je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas l’avoir fait plus tôt», conclut l’éleveur.
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