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Conservation des sols
GIEE de la Somme : quels enseignements tirer de 2023 ?

Accompagnés par la Chambre d’agriculture de la Somme, plus de 80 agriculteurs (pour six GIEE*) imaginent et testent de nouvelles pratiques agroécologiques pour diminuer leurs impacts, tout en maintenant leur potentiel de production. Trois collectifs dévoilent les principaux enseignements pour l'année 2023.

Vers l’agriculture de conservation des sols

L’équipe Productions végétales de la Chambre d’agriculture accompagne les agriculteurs dans la préservation de leur capital sol. L’enjeu est de permettre aux agriculteurs qui souhaitent aller vers l’agroécologie, d’échanger ensemble, de confronter leurs pratiques, d’élargir leurs compétences et ainsi de pouvoir avancer ensemble sur l’agriculture de conservation des sols. C’est tout l’enjeu du format d’animation GIEE, en petit groupe, qui facilite les échanges mais aussi la mise en place d’expérimentations en micro-parcelles et en bandes sur les exploitations de plusieurs membres du groupe pour obtenir des résultats très concrets dans un contexte pédoclimatique local.

* Groupements d’intérêt économique et environnemental

 

GIEE sols vivants dans le Vimeu : bien  implanter les légumineuses à haute densité

Le GIEE sols vivants du Vimeu poursuit ses travaux sur les alternatives pérennes à l’origine des apports d’azote. En 2023, le collectif de 17 agriculteurs a travaillé sur les couverts à base de légumineuses à haute densité afin d’évaluer l’économie d’azote sur la culture suivante. Les travaux sont orientés autour des techniques d’implantation, elles sont testées et comparées entre elles. Chacun pouvant en tirer des bénéfices à l’échelle de son exploitation.

Retenons un fait marquant de 2023 : «Cette année, un agriculteur du groupe a testé l’association blé/féverole afin de réaliser une cinétique de minéralisation, et ainsi évaluer l’intérêt ou non d’associer les légumineuses à son blé», explique Marie Levaast, animatrice du GIEE, Chambre d’agriculture de la Somme. «À mesure que nous avançons dans nos travaux, le groupe se rend compte qu’il n’y a pas un ou deux leviers sur lesquels se focaliser mais bien sur un ensemble de techniques essentielles au bon maintien d’un sol vivant comme la restitution régulière des pailles, l’implantation de couverts avec un minimum de quatre espèces différentes et composées de crucifères, de graminées et de légumineuses.» 2024 sera consacrée à la gestion de la matière organique et l’intérêt de valoriser au mieux ses effluents.

 

GIEE Agrocarbosol : commençons par le b.a-ba, que disent les sols ?

2023, première année d’exercice pour ce nouveau GIEE dédié aux pratiques résilientes sur les thématiques de l’eau et de l’érosion. Pour commencer, chacun des neuf agriculteurs du collectif a fait l’état des lieux de la vie de ses sols sur la base d’analyses biologiques. Les résultats obtenus ont été confrontés aux pratiques des agriculteurs pour comprendre leur impact. Ainsi, chaque agriculteur a pu obtenir une ligne de conduite sur les pratiques à garder (fertilisation organique : type, dose, mode d’application…) ou, au contraire, à corriger, comme par exemple mettre plus de couverts végétaux, apporter du phosphore au semis, restituer au maximum les résidus de cultures, etc.

Retenons un fait marquant de 2023 : «En ce qui concerne les couverts végétaux, des mélanges de trèfle d’Alexandrie et de radis fourrager auxquels d’autres légumineuses ont été ajoutées telles que la féverole, la vesce commune, ou encore le pois protéagineux ont été testés à différentes densités», explique Élyse Messinger, animatrice du GIEE, Chambre d’agriculture de la Somme.

Les résultats obtenus ont permis de voir que le nombre et la densité de semis en légumineuses ne sont pas proportionnels à l’azote restitué. Aussi, un autre point important à retenir est de bien choisir ses espèces en fonction de son type de sol. Par exemple dans un type de sol superficiel (craie superficielle), le trèfle n’est pas une espèce à privilégier. Il est également important de faire varier la densité de semis selon les espèces du couvert : exemple pour un mélange de cinq espèces, il n’est pas nécessaire de dépasser une densité de semis de plus de 100 kg/ha pour le féverole, 1-2 kg/ha pour le radis, 7 kg/ha pour la vesce commune et 1,5 kg pour la phacélie. Ce mélange restitue au sol environ 30 u d’azote ainsi que du phosphore et de la potasse.

«Le coût des couverts diversifiés de légumineuses n’est pas négligeable, d’où l’intérêt de bien évaluer l’intérêt économique avec le gain en azote», ajouter Marianne Demeiller, coanimatrice du GIEE, Chambre d’agriculture de la Somme.

 

GIEE du Vermandois : l’implantation des cultures de printemps pour cible

Comment optimiser et sécuriser l’implantation des betteraves ou des pommes de terre en se passant du labour ? Voilà des questions auxquelles s’est attelé le GIEE au printemps 2023.

«Après un rallye hivernal ayant permis à chaque participant d’expliquer quelles techniques d’implantation des cultures étaient prévues sur sa parcelle de test. Notre prochaine rencontre permettra de dresser un bilan de nos expériences», relate Matthieu Preudhomme, animateur du GIEE, Chambre d’agriculture de la Somme.

Deux expérimentations plus poussées ont été menées sur ces deux cultures phares.

Sur betteraves, trois techniques d’implantation : le travail simplifié (TCS) et le semis direct ont été comparés à une référence traditionnelle derrière labour. Malgré un semis tardif dans le contexte de 2023 (au 20 avril), la levée a été sécurisée pour les trois techniques à la faveur de pluies salvatrices. À la récolte, si nous ne notons aucune différence de rendement en bonne terre, étonnamment le rendement chute en cranette dès lors que le travail du sol se réduit !

En pomme de terre, l’idée était de poursuivre les travaux sur les techniques de prébuttage à l’automne. Ainsi, dans ce deuxième essai, nous avions testé quatre techniques. Le prébuttage, réalisé en début d’automne précédent la récolte, a été réalisé de deux manières : via l’utilisation ou non d’outils animés. En parallèle, une technique sans labour avec travail à la dent profonde avant le semis du couvert d’interculture complétait le panel des techniques alternatives à la référence traditionnelle

Si la réalisation des prébuttes à l’automne et l’implantation des pommes de terre s’est déroulé sans encombres, les résultats cette année ne sont pas flatteurs en terme de rendement. Les techniques avec prébuttes accusent une chute de rendement de 20 à 25 %. À la récolte, les buttes sont prises en masse, entravant l’avancement du chantier. Seul point positif, la technique du non labour avec travail à la dent à l’automne obtient des résultats comparables au labour.

 

Nos collectifs d’agriculteurs, qui sont-ils ?

Six collectifs d’agriculteurs sur le département :

1 GIEE ACS Terres superficielles Airaines constitué de 12 agriculteurs qui travaillent sur les couverts permanents et la biodiversité des sols.

1 GIEE Sols vivants dans le Vimeu constitué de 17 agriculteurs en polycultures élevage. Leurs motivations : bouleverser au minimum le sol afin d’améliorer ses capacités à auto-entretenir sa fertilité (physique, chimique et biologique).

1 GIEE Agrocarbosol sur le Plateau Picard constitué de 9 agriculteurs qui souhaitent concevoir des systèmes agricoles plus résilients pour faire face aux enjeux du territoire (eau et érosion) et au changement climatique tout en améliorant le potentiel agronomique du sol.

1 GIEE ACS sur le Plateau Picard constitué de 13 agriculteurs dont 4 en polyculture-élevage avec, pour objectif commun, de changer leur pratique pour évoluer vers le semis direct sous couverts dans une rotation avec des cultures industrielles.

1 GIEE dans le Ponthieu composé de 12 agriculteurs avec comme enjeu d’aller vers une agriculture durable axée sur la fertilité des sols et la réduction des produits phytosanitaires.

1 GIEE du Vermandois du département constitué de 18 agriculteurs dont 12 qui sont engagés sur un projet de méthanisation dont l’enjeu commun est de rechercher une gestion intelligente du carbone et de l’azote.

 

Quel avantage  d’être reconnu GIEE ?

La qualité de GIEE permet une reconnaissance officielle par l’État de l’engagement des agriculteurs dans la modification de leurs pratiques en visant une performance économique, environnementale et sociale. Les actions prévues dans le cadre d’un GIEE profitent d’un soutien financier et les exploitations adhérentes bénéficient d’une majoration des aides et d’une attribution préférentielle des aides. Elles peuvent provenir de plusieurs sources : Feader, Casdar, Pread, collectivités territoriales ou organismes publics.

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