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Ingrid Septier, mère, productrice laitière et syndicaliste

Chef d’exploitation à Maizicourt, Ingrid Septier fait de l’élevage laitier et de la polyculture.

© AAP


Mère de trois enfants, chef d’exploitation et syndicaliste chevronnée, Ingrid Septier porte ses trois casquettes sans rechigner à aucune de ses tâches. Comment fait-elle ? «C’est une question d’organisation, dit-elle. Il est vrai que c’est plus facile aujourd’hui, car mes deux premiers enfants sont grands. Ils peuvent se débrouiller et aider leur petit frère. Quoi qu’il en soit, mes priorités restent mes enfants et mon travail.»
Un travail qui lui colle à la peau depuis toute petite, car Ingrid a toujours été séduite par «l’esprit agricole et la liberté que confère le métier d’agriculteur. On se connaît tous plus ou moins. Quand on parle, on n’a pas besoin de beaucoup de mots pour se comprendre et on partage les mêmes valeurs. Pour nous, la famille, le travail et l’entraide sont ceux à quoi nous sommes le plus attachés», explique-t-elle. Sans oublier les animaux. «Travailler avec un être vivant, c’est passionnant, car ce n’est jamais pareil d’un jour à l’autre», ajoute Ingrid. Passionnant, mais «parfois usant», reconnaît-elle aussi.
Portée par sa passion dès le plus jeune âge, avec l’idée de s’installer sur la ferme familiale à Drucat, Ingrid se dirige vers un enseignement agricole, enchaînant un BTS de productions animales après son BTA. A la sortie de l’école, elle travaille pendant deux ans et demi en contrôle laitier, puis décide de s’installer. «J’ai eu un peu de mal à trouver des stages en ferme dans l’élevage. Mais, bon, au final, j’y suis arrivée», raconte-t-elle.

La quête de l’indépendance
Elle commencera vraiment son métier dans l’exploitation de celui qui deviendra son mari, en 1999. Elle est alors conjointe collaboratrice, mais aspire au statut de chef d’exploitation. «Je voulais avoir mes parts, car on ne sait jamais ce que peut nous réserver l’avenir. Je voulais aussi participer aux décisions dans les choix d’orientation de l’exploitation. Mais, je ne me serais jamais installée seule, car non seulement, il y a des choses que je ne sais pas faire, puis je ne sais pas travailler seule. J’ai toujours eu beaucoup de monde autour de moi», reconnaît-elle.
Pour gagner son indépendance, elle reprend une ferme en 2005 d’une trentaine d’hectares et d’une trentaine de vaches, à Béalcourt, à trois kilomètres de Maizicourt. Une autre étape est franchie en 2010 avec la reprise de la ferme familiale avec l’une de ses sœurs, après la retraite de leur père. Les projets ne manquent pas : extension du hangar cette même année à Maizicourt, transformation des bâtiments en 2014 et 2015 avec le passage d’un système paillé à un système de logettes, et l’installation de deux robots de traite. Nouvel objectif : 120 vaches d’ici trois ans.
Elle ne regrette rien des travaux et investissements engagés en dépit de la crise qui frappe durement l’élevage depuis quasiment un an. Mais elle se demande parfois «si on n’a pas vu un peu gros. Notre chance, du moins encore pour le moment, c’est que l’on a la culture à côté, et que l’on est installés. Mais je suis inquiète de sentir la morosité dans l’élevage. J’ai peur qu’il y ait des éleveurs qui craquent en 2016. C’est pour cela qu’il est important d’aller dans les réunions et d’échanger avec les autres», commente-t-elle.
Echanger : rien de plus important pour les agriculteurs, considère-t-elle, exposés plus que les autres à l’isolement. Elle sait de quoi elle parle. «Une fois que les enfants ont grandi, je me sentais un peu toute seule avec mes vaches, puis j’avais besoin de voir des gens et de parler autant d’agriculture que de tous les autres sujets. C’est comme cela qu’a commencé mon engagement syndical», se souvient Ingrid.

Apporter sa pierre à la profession agricole
Elle met d’abord le pied à la commission agricultrices de la Somme. Poussée par d’autres éleveurs et syndicalistes, elle intègre l’UPLP. Elle en est aujourd’hui la trésorière. A la suite des élections de la Chambre d’agriculture en 2013, elle est élue. Elle siège essentiellement au comité élevage. Elle est aussi administratrice au conseil d’administration de Cobevial. «On est venu me solliciter dans d’autres organisations, mais j’ai refusé, car je ne peux pas être partout. Et je considère que si on s’engage, on doit le faire jusqu’au bout», souligne-t-elle.
Et de regretter, au passage, qu’il n’y ait pas plus de femmes qui s’engagent. «Je comprends que ce n’est pas forcément évident d’y aller, surtout quand on a des enfants en bas âge, mais c’est important que les femmes soient représentées dans les organisations professionnelles et syndicales, car elles apportent un autre regard sur l’agriculture. Moi, si je me suis engagée, c’est justement pour amener mes petites idées et pour faire avancer les choses à mon modeste niveau. En plus, cela est très formateur, car on peut confronter nos idées et nos pratiques. Cela permet une ouverture d’esprit dont chacun de nous a besoin», explique-t-elle.
Certes, son activité professionnelle est toujours bousculée par les réunions. «Soit je me lève plus tôt le matin ou bien j’anticipe le travail la veille, finissant plus tard mon travail», détaille-t-elle, tout en essayant de préserver sa vie de famille. Ce qui n’empêche pas les enfants de râler souvent auprès de leurs parents. «Vous pensez trop à votre métier, nous disent-ils. Ils n’ont pas tort, mais ils restent ma priorité», confie-t-elle. Mère, agricultrice et syndicaliste : c’est possible et passionnant.

Earl Septier

L’Earl regroupe trois exploitations : l’une à Maizicourt, l’autre à Béalcourt, et la troisième à Drucat
- 270 ha : blé, betterave, escourgeon, colza, lin, chicorée, maïs, pâture pour les bêtes
- 100 vaches laitières (Prim’Hosltein) pour un contrat de 950 000 litres.

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