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La bioéconomie, un thème porteur d’avenir ?

Les 11 et 12 octobre 2018 était organisé le colloque «L’agriculture dans la bioéconomie : quelles biomasses pour les produits biosourcés ?», à UniLaSalle, à Beauvais.

© AAP



De la préservation des écosystèmes aux opportunités économiques, en passant par la mise en valeur des biomasses, la bioéconomie est aujourd’hui un enjeu majeur au niveau mondial. Les acteurs politiques, agricoles et industriels sont de plus en plus impliqués vers les solutions innovantes que propose cette nouvelle voie.
Cependant, quelques interrogations peuvent subsister auprès des publics concernés, notamment au niveau des possibilités offertes par la bioéconomie dans le secteur agricole. Ainsi, ce colloque* a permis de faire connaissance avec un secteur capable de favoriser la transition vers une économie compétitive et durable, d’autant que la France dispose d’un important potentiel de biomasse d’origine agricole.

Bioéconomie, quézaco ?
Institutionnellement, la Commission européenne et l’OCDE se réfèrent à la bioéconomie comme à un ensemble d’activités économiques liées à l’innovation, au développement, à la production et à l’utilisation de produits et de procédés biologiques. A travers cette nouvelle stratégie, les institutions souhaitent utiliser la recherche et l’innovation pour faire la transition de notre économie basée sur le carbone et les énergies fossiles vers une économie verte, décarbonnée et durable.
Il existe une autre définition de la bioéconomie, celle du club des bio-économistes : créée en 2012, et encore peu connue. Une association dont l’objectif est de «sensibiliser et informer sur les enjeux et la nécessité d’une agriculture et d’une sylviculture véritablement durables, assez productives et efficaces pour garantir la diversité et la compétitivité de leur filière, en aval de transformation face aux besoins planétaires croissants». La production de bioressources rassemble les productions des ressources végétales et animales. Elle regroupe les secteurs de l’agriculture, la sylviculture, l’aquaculture et la pêche.
«L’agroalimentaire correspond à la transformation des produits pour notre alimentation. Les produits biosourcés sont des produits fabriqués à partir de sources végétales ou animales pour des usages matériaux ou chimie. Des matériaux biosourcés, comme le bois, sont utilisés pour la construction, ou encore le chanvre qui entre désormais dans la composition de certains bétons ou de matériaux isolants», explique Emmanuelle Bour-Poitrinal, ingénieure générale ponts, eaux et forêts. La chimie du végétal permet de transformer la matière végétale en molécules utilisées pour fabriquer des plastiques, des emballages, des fibres textiles, des sacs plastiques, des pièces de véhicules, des peintures, des lubrifiants… La valorisation des déchets organiques englobe notamment le compostage des déchets verts ou l’utilisation des effluents issus de l’élevage, pour la production d’énergie ou comme fertilisant pour les sols. Cette valorisation a pour but de donner une nouvelle vie au carbone organique et de limiter le recours à d’autres ressources.
Les bioénergies visent l’utilisation de l’énergie stockée dans la biomasse. Le bois énergie est le principal exemple. La méthanisation est un autre procédé valorisant les déchets biologiques : le carbone est transformé en gaz qui est ensuite brûlé pour produire de l’énergie. Le biocarburant est une autre forme de bioénergie où les matières végétales sont transformées en carburant pour alimenter les moteurs à combustion. Le bioéthanol est ainsi fabriqué à partir de céréales ou de betteraves à sucre, et le biodiesel avec des oléagineux, comme le colza.

La biomasse et les produits biosourcés
Qu’il s’agisse de chauffage individuel, collectif, ou industriel, l’amélioration des performances énergétiques et environnementales des équipements est un enjeu majeur. Depuis 2009, le développement des installations biomasse dans le secteur collectif et industriel s’est fortement accéléré (notamment grâce à la mise en œuvre du fonds chaleur géré par l’Ademe). Si, sur ce marché en plein essor, les technologies de combustion sont performantes et éprouvées, de nombreuses pistes d’amélioration restent à explorer :
récupération d’énergie, modélisation des émissions de polluants, contrôle qualité des combustibles...
«Pour le chauffage domestique au bois, le Grenelle de l’environnement (2007) a fixé des objectifs de développement ambitieux, tant en usage qu’en performances : de 5,7 millions de foyers équipés d’appareil au bois en 2006 à 9 millions d’utilisateurs en 2020, mais à consommation de bois constante. Or, pour stabiliser les volumes de bois consommés, il faut viser non seulement de hautes performances énergétiques des équipements, mais aussi une meilleure isolation de l’habitat. Les appels à projets BIP et Cortea ont notamment permis d’aider des projets visant à travailler sur ces pistes d’amélioration», souligne Jérôme Mousset, responsable Bioéconomie de l’Ademe.
La majorité des chaufferies biomasse (sept cents au total) ont été soutenues par le fonds chaleur dans les secteurs collectif et industriel, pour une production totale de 1,2 million de tep/an (correspondant à une consommation de 5,5 millions de tonnes de biomasse). Dans le secteur résidentiel, près d’un tiers de la population française utilise du bois pour se chauffer. La moitié de ce parc est constitué de foyers ouverts et d’appareils de plus de dix ans très polluants (80 % des particules fines sont issues du chauffage au bois individuel).
Selon l’Agence internationale de l’énergie, le bioraffinage est la transformation durable de biomasse en énergie et en une gamme de produits. Autrement dit, les bioraffineries ont pour but la valorisation à 100 % de leurs intrants biomasse, qu’il s’agisse de matière végétale (céréales, luzerne, algues, coproduits des filières vitivinicole ou papetière...), animale (graisses...) ou d’effluents industriels (agro-industriels, papetiers...). A l’instar d’une raffinerie pétrolière, une bioraffinerie fractionne ainsi la biomasse en plusieurs composants et/ou produits finaux (jusqu’à une dizaine) :
ingrédients et compléments pour l’alimentation humaine et animale, molécules biosourcées, matériaux biosourcés, bioénergies. Les biocarburants de première génération couvrent déjà plus de 7 % des besoins d’énergie des transports en France et participent à la réduction des émissions de GES.
«De nouvelles générations, plus performantes, sont attendues dès 2017 pour renforcer cette contribution. En 2020, 10 % de l’énergie consommée par les transports devra provenir de sources renouvelables et durables. Pour atteindre cet objectif, la France a misé majoritairement sur le biodiesel et l’éthanol. Au travers des projets qu’elle soutient, l’Ademe contribue à l’amélioration des filières existantes et au développement d’une nouvelle génération de biocarburants, capable d’exploiter de nouvelles ressources biomasses :
résidus agricoles et forestiers, résidus et coproduits industriels, et microalgues», ajoute Jérôme Masset.
La réduction des impacts environnementaux doit être démontrée par la réalisation d’une analyse de cycle de vie (ACV) au cours du projet : de la ressource en passant par l’optimisation des procédés, jusqu’à la valorisation en fin de vie ; montrant des caractéristiques techniques potentielles au moins équivalentes à celles de leurs concurrents ; présentant une compétitivité économique potentielle à terme.

2,6 % de la SAU de 2012
La surface agricole nécessaire en 2030 pour les produits biosourcés représenterait au maximum 2,6 % de la SAU de 2012. Afin de limiter les concurrences d’usages de la biomasse et la pression sur les ressources, la diversification des matières premières employées pour la production de produits biosourcés est encouragée. Ainsi, les ressources visées prioritairement sont dites de 2e et 3e générations (ressources lignocellulosiques, coproduits et déchets de l’industrie (agroalimentaire, chimique, papetière, etc.), algues, etc). Côté marché, d’après une étude Ademe-ALCIMED (2015) sur l’évolution des marchés des produits biosourcés à l’horizon 2030, les segments porteurs sont les peintures, les détergents, les lubrifiants et les solvants.
Le 11 octobre, la Commission européenne a présenté un plan d’actions pour développer une bioéconomie durable et circulaire en Europe. Bruxelles annonce le lancement en 2019 de quatorze mesures concrètes. Parmi elles : faciliter la mise en place de nouvelles bioraffineries, créer une plateforme thématique pour la bioéconomie circulaire dotée de 100 M€. La Commission organisera le 22 octobre à Bruxelles une conférence pour discuter de ce plan.

* Colloque organisé par l’Académie d’agriculture de France et UniLaSalle, en association avec le Conseil régional des Hauts-de-France, de la Communauté d’Agglomération du Beauvaisis et du Pôle IAR.

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