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Betteraves
La coopérative betteravière d’Abbeville tire sa révérence sur une année exceptionnelle

Dernière assemblée pour la coopérative d’Abbeville dont les adhérents vont se répartir entre les coopératives de Boiry et d’Attin.

© aap
Exceptionnelle, c’était le mot qui qualifiait le mieux chacune des phases de l’assemblée générale de la coopérative betteravière d’Abbeville.

Une campagne d’arrachage pénible
Exceptionnelle d’abord sous un angle conjoncturel, car cette assemblée se tenait le 29 janvier, trois jours seulement après la fin de la campagne de la sucrerie d’Attin. Déjà, l’ouverture de la campagne avait été retardée de dix jours après les conditions de croissance difficiles des betteraves au printemps dernier ; et même si cette décision aura permis d’augmenter significativement le rendement en sucre des premiers arrachages pour les personnes concernées et la production du groupe Tereos dans son ensemble, c’était sans compter avec la pluie qui devenait bien vite trop abondante. «Au terme normal de la campagne, il restait 2000 hectares à arracher, puis près de 1000 hectares au 1er janvier dernier, et à la fin de campagne, moins de 40 hectares n’ont pas pu être récoltés», ont précisé tour à tour Yves Bellegaud, directeur de Tereos France, et Thierry Lecomte, président du conseil de surveillance, ce dernier soulignant que la coopérative avait pris les décisions de solidarité en conséquence.
Le périmètre de la coopérative avait lui aussi été affecté, mais à ce stade, toutes les betteraves ont été arrachées. Le rendement prévisionnel de la récolte 2012 est de 84 tonnes, en retrait de 8 T/ha par rapport à l’année précédente qui revêtait un caractère technique exceptionnel, au bon sens du terme. A noter que la richesse moyenne s’est élevée à 18% au niveau de la coopérative, et au niveau du groupe on a pu observer une perte de 1 point sur les deux mois d’arrachage octobre-novembre, alors qu’en 2011, la richesse était restée plutôt stable sur la campagne.
L’autre paramètre affecté évidemment est celui de la tare-terre qui s’élève à 13%, avec 100% des betteraves déterrées. «Dans les groupes qui ne déterrent pas tout, on a pu observer des tares supérieures au double de ce niveau, ce qui conforte le choix du déterrage systématique», appuie Yves Bellegaud. A noter que la gestion de cette terre au niveau du groupe pèse sur la campagne 6 millions d’euros de plus que l’an dernier.

Un revenu planteur consolidé
Si la référence technique à l’année antérieure laisse un goût amer sur la récolte qui vient de s’achever, elle donne en tout cas de solides arguments positifs sur un plan économique. La coopérative d’Abbeville a traité en 2011-2012 (l’exercice statutaire de cette assemblée générale) un total de 851 826 tonnes de betteraves (à 16), contre 694 804 T l’année précédente. Cette hausse de 22,5% était le résultat conjugué d’une hausse des surfaces (9 279 ha contre 8 448 ha en 2010-2011) et un rendement à 16 de 92 T/ha (contre 82 T/ha).
A noter que ce niveau technique fait pour la première fois passer la proportion de quota sucre en deçà de 50% du total, ce qui montre l’engagement et la performance des planteurs du bassin abbevillois (voir graphe 1). Ces volumes exceptionnels ont par ailleurs été fort bien valorisés, car Tereos a réussi à dégager 4% de ces volumes en reclassement ou en travail à façon DOM, des mesures proposées par l’Union européenne qui vise à rééquilibre son bilan sucrier tendu depuis plusieurs mois.
Dans un contexte de prix soutenus, Tereos a dégagé une performance commerciale lui permettant à la fois de rémunérer l’ensemble des betteraves excédentaires, et de proposer un supplément de prix de 12,56 €/T pour les quotas sucre et de 7,53 €/T pour les reclassements et TAF DOM. En intégrant un complément de prix de 5 ou 5,3 €/T selon les catégories de contrats, le groupe valorise ainsi les betteraves à des niveaux quasi équivalents à l’avant réforme (voir tableau 1).
A final, compte tenue de la répartition des différentes catégories de contrat, le prix moyen de la tonne de betteraves traitée en 2011-2012 par la coopérative d’Abbeville s’élève à 37,36 €/T, ce qui correspond à une recette de 3429 €/ha, hors recette issue de l’abandon des pulpes estimée à 208 €/ha. A noter au passage que le sujet de la pulpe a été le seul point d’insatisfaction de la matinée : les participants comme les responsables du groupe soulignent la différence de qualité et de régularité entre l’unité de Boiry et celle d’Attin, cette dernière recueillant la préférence unanime des éleveurs nombreux dans la zone ; un objectif d’amélioration est poursuivi en 2013.

Harmoniser les statuts tout en conservant une gouvernance forte et ancrée
Thierry Lecomte a souligné l’importance du mode de gouvernance du groupe avec des liens étroits entre les élus et le volet exécutif. «Entre les bureaux, les conseils de surveillance et les comités exécutifs, ce n’est pas moins de 70 réunions de gouvernance par an pour piloter le groupe dans l’intérêt des associés coopérateurs», a-t-il expliqué, avant de présenter le schéma de structuration en cours, schéma qui a trouvé à cette assemblée son terme.
«Nous proposons de rendre notre base coopérative cohérente avec les usines. Il y aura donc une coopérative par usine, et nous proposons de répartir les planteurs de la coopérative d’Abbeville entre Attin et Boiry, de façon à peu près correspondante aux usines travaillant les betteraves».
Un schéma déjà présenté l’an dernier, puisque toutes les coopératives d’approvisionnement avaient franchi le pas, celle d’Abbeville devant attendre la fin du processus engagé au moment du rapprochement avec Sdhf.
Ce projet s’avère être une étape intermédiaire, puisque coexistent encore les unions de commercialisation Union BS et Union SDA en attendant à horizon de deux ans leur disparition pour la coopérative unique, les premiers dividendes harmonisés devant intervenir en 2015». Les coopérateurs présents ont approuvé à 96% le projet.
Environ un tiers d’entre eux (schématiquement la partie située à l’ouest de  l’A16-A28) seront donc coopérateurs de la coopérative d’Attin, les autres rejoignant celle de Boiry au 1er octobre prochain.
ZOOM
Tereos : un groupe international solidifié
La performance commerciale du groupe à sa dimension internationale va naturellement de pair avec l’enthousiasme de la productivité locale : en passant le cap des 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le groupe Tereos a consolidé de 15% son périmètre d’activité. Une croissance soutenue en 2011-2012 par la betterave (+30%), secteur dans lequel Tereos poursuit sa stratégie de croissance avec l’acquisition d’une distillerie à Kojetin en République tchèque par la filiale TTD, et le rachat de la sucrerie de Ludus en Roumanie. «Ces acquisitions sont stratégiques pour les betteraviers, car elles permettent des opportunités commerciales ou de reclassement dans les années à venir», souligne Alexis Duval, président du directoire de Tereos.
Le secteur de la canne a connu une relative stagnation l’an dernier, liée  à la fois à la production brésilienne en retrait, mais aussi aux cours d’exportation de sucre et d’éthanol. Néanmoins, Tereos poursuit avec Guarani son développement, passant en quelques années de 15% à 95% de production mécanisée.
Enfin, en céréales, Tereos Syral poursuit ses développements industriels pour capter de nouveaux marchés d’exigence en produits amylacés, comme par exemple le secteur de papeterie/cartonnerie.
Au-delà de ces débouchés, après l’Amérique du Sud, c’est en Asie que Tereos mise pour ses derniers partenariats. En s’alliant au géant Wilmar, Tereos pénètre sur un marché en pleine explosion de la demande en produits amylacés.
Sur l’exercice en cours, les perspectives de rentabilité sont stables, tant au niveau international que sur le plan de la valorisation des betteraves, la commercialisation ayant été positivement anticipée. « Le résultat de l’exercice clos est le fruit à la fois des choix d’investissement du passé et d’une conjoncture favorable », a souligné Alexis Duval, avant de poursuivre «nous devons mettre à profit ces bonnes années pour préparer l’avenir».

Performance technique et industrielle
Avenir qu’il situe sur plusieurs points : techniquement, et même s’il se réjouit du pas fait en faveur d’une prorogation du système des quotas jusqu’en 2020 (projet qui sera soumis en mars au Parlement européen), le groupe vise la performance au-delà de cette date. Il souhaite ainsi poursuivre l’amélioration technique au champ, et sur ce point porte un intérêt au programme de recherche Aker.
Sur un plan industriel, le groupe lance un vaste plan de modernisation, visant à réduire à la fois la facture énergétique et les rejets de CO2. A terme, les chaudières au gaz remplaceront celles au fuel dans toutes les unités françaises du groupe, et le bouquet énergétique sera complété avec des unités de méthanisation. Le site d’Artenay devrait accueillir le premier méthaniseur en 2013. Toujours à ce stade, le groupe va expérimenter en 2013 la réception de la betterave entière, sans décolletage. Enfin, il souhaite continuer d’étoffer sa gamme de produits, de façon à pouvoir répondre à davantage de marchés encore, et stabiliser ainsi ses débouchés.
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