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Aviculture
La filière volailles : un modèle à revoir

La réduction des subventions européennes à l’exportation de poulets a provoqué un choc dans la filière volaille française.

Les prochaines échéances devraient inciter les opérateurs à réfléchir au modèle de filière et à la structuration permettant de reconquérir le marché national et batailler pour l’export.
Les prochaines échéances devraient inciter les opérateurs à réfléchir au modèle de filière et à la structuration permettant de reconquérir le marché national et batailler pour l’export.
© P. Forget
Peut-on être acteur du marché mondial sans subventions à l’exportation ? L’émotion suscitée par la baisse des restitutions le 17 janvier sur le poulet export, depuis les industriels jusqu’aux producteurs, en passant par le ministère de l’Agriculture, montre à quel point la question est sensible pour la filière avicole française. Au-delà du poulet de chair, le secteur a valeur d’exemple. Les protestations ont été à la hauteur du risque ressenti. A croire que les industriels (les bretons Doux et Tilly essentiellement) seraient dans l’incapacité d’être compétitifs sans ces 21,7 euros donnés par Bruxelles pour chaque centaine de kilos vendus hors d’Europe. Un chèque qui représenterait environ 20% de la valeur de leurs exportations. Et servirait à compenser le gap de compétitivité entre les Français et leurs concurrents.
Le dossier de Bruxelles est cependant solide. Politiquement : les restitutions n’existent plus que pour le poulet export, l’heure est aux économies budgétaires et l’Europe s’est engagée auprès de l’OMC à les supprimer. Economiquement: à l’origine, les restitutions étaient conçues pour compenser les prix des céréales payées pour nourrir les animaux. Ce qui était vrai alors (les céréales étaient plus chères en Europe que sur le marché mondial) ne l’est plus maintenant. Depuis la flambée de 2008, tout le monde paie le même prix pour l’aliment du bétail.
Les industriels sont aujourd’hui davantage en mesure de se passer de ces subventions. Mais peuvent-ils totalement s’en passer ? C’est trop tôt, estiment-ils. Compte tenu de la réduction progressive de l’écart de coût de production entre les opérateurs européens et ceux du reste du monde (Brésil en tête), «on se disait qu’on n’aurait plus forcément besoin des restitutions un jour. Mais pas maintenant», affirme Francis Ranc, président du Groupement interprofessionnel des exportateurs de poulets.

Le problème des importations
Pour autant c’est dans quelques semaines sans doute qu’il faudra s’y résoudre et c’est dès aujourd’hui que se pose le problème de la compétitivité des industriels de l’aviculture. D’autant plus que le problème français, c’est moins celui des exportations vers les pays tiers, qui se portent plutôt bien, que celui des… importations. Dans les années quatre-vingt dix, la France importait moins de 10% de sa consommation de poulet. Aujourd’hui, c’est plus de 40%. Ce n’est pas tant le poulet entier frais acheté dans les supermarchés qu’on importe que la découpe ou l’animal congelé qui va dans la restauration collective ou la transformation industrielle. «Les Allemands, Belges ou Néerlandais savent faire des lignes de produits, avec des références peu nombreuses mais d’énormes quantités par référence afin d’être champions du prix», explique un analyste dans un organisme financier.
À ces Européens s’ajoutent, de plus en plus, les Brésiliens ou Thaïlandais, capables de fournir des morceaux de poulets ou animaux entiers à des prix canons. Ils le sont d’autant plus que les grands marchés (Moyen orient, Asie) demandent maintenant autant des produits frais ou des découpes de poulets que le petit animal congelé à 8%. Le marché européen destiné à l’industrie et le grand export sont de plus en plus des marchés similaires. La France, naguère le fournisseur de poulets de l’Europe, s’est laissé piéger en deux temps : d’abord par les Brésiliens et Thaïlandais qui lui ont pris les marchés des produits pour l’industrie, ensuite par ses voisins européens devenus de gros fournisseurs de ses besoins en produits standards.

Ne plus distinguer deux marchés
C’est donc tout un modèle qu’il faut revoir. D’abord, peut-être, cesser de distinguer ces deux marchés autant qu’on l’a fait. Soit on vise ce marché de poulets ou de découpes standard, tant pour la France que pour le monde, soit on abandonne et on se contente de produits sous label qui ne correspondent pas à la part croissante du marché. Avec les conséquences négatives évidentes sur l’emploi et l’agriculture.
Pour l’instant, les opérateurs raisonnent par marché. «Pour nous, l’important, c’est la filière et la reconquête du marché français, importateur à 40 %», précisait Éric Philippe, patron du pôle animal de Sofiproteol. Côté pouvoirs publics, Stéphane Le Foll ne cesse de clamer que l’agroalimentaire doit viser à la fois les marchés français et internationaux.

Revoir les relations dans la filière
Reste, poursuit ce banquier cité plus haut, qu’il faut revoir toutes les relations au sein de la filière volaille. Le modèle performant, pour lui : une structure intégrant autant l’aliment du bétail que la production de poulets intégrée et la transformation. Ce qui ressemble, peu ou prou, à Sofiprotéol ou à Terrena. Une chaîne qui permet une réactivité logique : à partir d’un contrat à terme à un prix fixé pour les produits finis, on définit les rémunérations de l’amont de manière à pouvoir dégager une marge globale. Tous les maillons de la chaîne jouent dans le même sens plutôt que de s’opposer.
De plus en amont, l’élevage doit alors être d’une taille et d’une technicité suffisante pour amortir les investissements nécessaires. Un modèle qui, s’il est performant pour le marché intérieur, se doit de l’être pour l’export aussi. En somme, si Doux disparaît demain, cela ne signifie pas que le poulet export doive lui aussi disparaître. Les prochaines semaines seront cruciales. Le 19 février le tribunal de commerce va se pencher de nouveau sur le cas Doux. Un mois plus tard, le comité de gestion européen aura à décider ou non de la suppression pure et simple des restitutions.
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