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SODIAAL
Le prix qui fait tourner le lait

La coopérative suscite la controverse en sortant de la règle interprofessionnelle sur le paiement des volumes A et B. Olivier Gaffet nous explique ce choix.

Olivier Gaffet, président de la région Nord Sodiaal et membre du Conseil d’administration de la coopérative.
Olivier Gaffet, président de la région Nord Sodiaal et membre du Conseil d’administration de la coopérative.
© AAP

La coopérative a envoyé le 31 août dernier un courrier à ses producteurs les avertissant d’une baisse du prix du lait de 5 €/1 000 l sur le volume A, et de 15 €/1 000 l sur le volume B. Quelles sont les raisons qui ont poussé Sodiaal à prendre cette décision ?
Nos prévisions de résultats ne sont pas très bonnes pour l’exercice 2012. En début d’année, nous avons subi des attaques sur la branche lait de consommation (hausse de la production mondiale de lait). Le marché intérieur français n’est plus aussi protégé qu’avant. Depuis 2009, l’arrivée des laits allemands en GMS (hard-discounter) est devenue un élément structurel de ce marché ; non pas en termes de volumes, mais en termes de référence prix. L’effondrement des cours du lait jusqu’en avril dernier, a conduit à ce que le prix du lait de consommation allemand devienne aussi la référence en France. La distribution estimant que le système de référence du prix du lait en Allemagne est beaucoup plus réactif que le système français par rapport à la volatilité des cours. Les négociations ont été très dures, et nous ont obligé à baisser les prix de 50 à 60 €/1 000 l.
Certaines coopératives ont également cassé les prix pour écouler leurs marchandises, faisant aussi le jeu de la distribution. Ce qui fait qu’aujourd’hui notre filiale Candia (1,5 milliard de litres de lait) affiche un énorme déficit qui plombe les comptes de Sodiaal.
Or, le rachat d’Entremont, le plan de restructuration du groupe, ainsi que le lancement de gros investissements (80 millions d’euros) font que la coopérative est dans l’obligation de présenter un résultat positif ou au moins à l’équilibre pour l’exercice en cours. Il manquait 6 à 7 millions d’euros pour y parvenir. Cette décision a été difficile à prendre. Les administrateurs sont aussi des éleveurs, néanmoins nous avons aussi un mandat de responsabilité économique au niveau de l’entreprise. Je ne dis pas que tout est parfait ; mais il y a un moment où il faut prendre ses responsabilités, surtout lorsqu’il y a des pressions bancaires.

Concrètement, comment cette mesure va-t-elle se traduire sur les fiches de paie ? Est-elle temporaire ou permanente ?
À partir de septembre, nous allons réduire de 5 €/1 000 l le prix sur le volume A, soit 1,60 € sur l’année. C’est une mesure conjoncturelle qui sera reconductible chaque mois jusqu’au maximum décembre de cette année. En 2012, notre prix moyen du lait payé aux producteurs devrait être comparable à celui des autres laiteries.

Pourquoi avoir aussi baissé le prix sur le volume B, alors que les marchés commencent à se redresser ?
Baisser uniquement le prix sur le volume A n’aurait pas permis de résoudre notre problème, ou alors la diminution aurait été encore plus importante. La valorisation réelle des entreprises sur le volume B ne correspond pas en général à la valorisation CNIEL. D’où cette diminution du prix de 15 €/1 000 l sur le volume B, qui sera effective à partir d’octobre. Cette mesure pourrait perdurer au-delà de décembre 2012. Ces 15 € en moins conduiront à une meilleure valorisation industrielle des volumes B, générant du résultat pour la coopérative, et donc du retour chez les producteurs.

À combien estimez-vous le manque à gagner pour les producteurs par rapport à la dernière campagne ?
L’écart entre le prix moyen du lait payé en 2011 et celui payé en 2012 sera au maximum de 15 € ; il faut cependant y ajouter les 25 € de coûts alimentaires supplémentaires en moyenne, soit au final 40 €/1 000 l. Nous sommes conscients que l’effort demandé aux producteurs n’est pas facile.

Quelles sont les autres mesures prises par la coopérative pour augmenter la rémunération du lait dans les prochains mois ?
Depuis mars-avril, nos commerciaux se battent pour faire remonter les prix. Les augmentations sur le lait de consommation commencent à passer depuis septembre. Celles-ci vont s’échelonner jusqu’à la fin de l’année. Mais ces 4 centimes ne permettront pas de compenser les pertes de début d’année.
En plus de l’effort demandé aux producteurs, la coopérative a donc décidé un plan d’économie de 10 millions d’euros, afin de réduire au maximum les coûts et passer cette mauvaise année en lait de consommation.

Que répondez-vous aux critiques de ces dernières semaines ?
Il ne faut pas toujours attaquer les mêmes et laisser faire les autres. Plusieurs entreprises se sont permises de mettre en place des tranches de flexibilité supplémentaires, ou ont même décidé des baisses de prix, sans que cela ne suscite autant de réactions. Beaucoup se disent que Sodiaal est une coopérative qui appartient aux producteurs, donc elle ne peut pas le faire. Mais nous sommes sur les mêmes marchés et devons faire face aux mêmes réalités économiques que ces entreprises.

Pourtant, le rôle de la coopérative n’est-il pas d’aider ses producteurs à passer ce cap périlleux de la hausse des charges ?
Oui, on le devrait. Mais il faut nous laisser le temps de construire. Notre situation financière fait que nous sommes incapables aujourd’hui de compenser la hausse des coûts alimentaires chez les éleveurs. Il nous faut engranger avant de pouvoir renvoyer l’ascenseur aux producteurs. On remet la machine en route : l’objectif est de retrouver un Sodiaal performant économiquement, qui puisse avoir des producteurs performants économiquement grâce à un bon prix du lait.

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