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Le vent tourne pour les éoliennes en Haut-de-France

Un observatoire de l’éolien qui recense le moindre mât de la région : voilà le point de départ de la stratégie des élus régionaux, dans leur combat contre les éoliennes.

Pour Xavier Bertrand, l’observatoire de l’éolien est le reflet amère de la saturation du territoire.
Pour Xavier Bertrand, l’observatoire de l’éolien est le reflet amère de la saturation du territoire.
© © A. P.



«La région Hauts-de-France est la première productrice d’énergie éolienne de France. Il y a des podiums dont je me passerais bien…», peste Xavier Bertrand. Ces éoliennes, qui poussent presque mieux que les pommes de terre et les betteraves dans notre région, et qui «défigurent le paysage d’un territoire qui se veut touristique», ont eu raison de l’indulgence du président de la Région.
Ce 29 juin, l’élu et son vice-président en charge de la transition écologique, Philippe Rapeneau, lançaient donc l’observatoire de l’éolien, en présence d’élus et d’associations, concernés par le sujet. En pratique, il s’agit d’une carte interactive et évolutive, qui recense l’ensemble des éoliennes construites, ou dont les projets sont en cours. L’objectif : «que les gens puissent mesurer l’ampleur de l’éolien dans notre région», explique Xavier Bertrand. Créer un choc visuel, en quelques sortes.
Cet observatoire n’est en fait que le point de départ de la stratégie «anti-éolienne», que les élus veulent développer. «Je ne voulais pas de moratoire éolien, car je veux une suspension définitive des projets», affirme le président. Mais pour convaincre l’Etat de changer lui-même sa stratégie, il a fallu apporter des solutions.
«Nous proposons de remplacer les kW de l’éolien par de l’énergie produite par le solaire, la méthanisation, l’hydraulique ou encore la marémotrice. Etant région agricole et maritime, notre potentiel de développement de ces énergies renouvelables est très fort.» Les objectifs climat, air, énergie sont inscrits dans le futur Schéma d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet).
La Région va donc aider au financement des projets d’énergies renouvelables. «Les friches industrielles, par exemple, pourraient être transformées en fermes photolvoltaïques.» Elles espèrent que ses propositions aboutiront à des évolutions législatives au niveau national. «Nous voudrions que les préfets soit obligés de refuser la construction d’un parc lorsque l’avis conforme des concernés du territoire est négatif.»

Les agriculteurs au premier plan
Pour les associations engagées dans la lutte contre les éoliennes, et invitées ce 29 juin, cette annonce de Xavier Bertrand était très attendue. «La proposition de développer le mix-énergétique autre que l’éolien dans la région est une très bonne chose. Les agriculteurs doivent saisir cette opportunité et ne pas la laisser filer au profit d’entreprises extérieures», défend Christophe Gizard, président de l’Association pour la sauvegarde de l’espace naturel (Asen) et agriculteur à Quivières, entre Ham et Péronne.
Lui-même est producteur d’énergie photovoltaïque depuis 2010, grâce à 250 m2 de panneaux installés dans sa ferme. «J’ai toujours été sensible à la pratique d’une agriculture durable, confie-t-il. Le discours des promoteurs éoliens m’a d’abord paru séduisant. Mais en creusant un peu, on découvre que les éoliennes sont tout sauf bien pour l’environnement !» Les convictions de l’exploitant ont même été plus fortes que l’attrait de l’argent, lorsqu’on lui a proposé les quelques 10 000 euros annuels pour l’implantation d’un mât dans sa parcelle. «On ne peut pas bétonner nos sols et en même temps promouvoir une agriculture durable. Ce n’était pas en accord avec mon éthique.»
Pour, lui, les agriculteurs continuent à accepter les projets parce qu’ils sont mal renseignés. «Surtout, ils ne connaissent pas les risques financiers, car peu de contrats suivent les recommandations du protocole éolien signé en 2006.» La communication est d’ailleurs tout l’objet de l’observatoire de l’éolien.
Les associations et élus devraient s’organiser en groupes de réflexion pour affiner la politique énergétique de la Région.

La région première malgré elle

Xavier Bertrand se passerait bien de la compétitivité de la région Hauts-de-France en terme d’éolien, et pourtant, c’est une réalité. Elle est la première de France en nombre de mâts (au 1er février 2018), avec
2 324 mâts, en puissance éolienne installée avec 5 675 MW autorisés, en nombre de dossiers d’autorisation de parcs éoliens déposés depuis 2014 avec 182 dossiers, soit 30 % du total national, et en nombre de dossiers d’autorisation éolien en cours d’instruction, soit 80 dossiers. Elle se fait néanmoins voler la vedette par sa région voisine du Grand-Est, en se classant deuxième en matière de puissance éolienne raccordée.

La Somme en tête de l’éolien
La Somme semble attirer davantage les promoteurs, car avec 900 mâts pour 2 177 MW, elle est le premier département éolien. Deux secteurs sont cependant attractifs depuis peu dans le Nord et le Pas-de-Calais : le Cambrésis/Ostrevent et l’Artois. Ceci s’explique en partie par le démantèlement du radar militaire de Cambrai qui grévait le territoire d’une servitude de 30 km de rayon.
Parmi les secteurs les moins attractifs, ceux du Hainaut, du Lillois, du Béthunois, du Douaisis et du Calaisis/Dunkerquois.
«Ces zones conjuguent parfois plusieurs contraintes rédhibitoires telles qu’une forte urbanisation, la présence du Bassin minier, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, de la cathédrale d’Amiens, de la Baie de Somme, des servitudes radioélectriques et des servitudes aériennes militaires», explique la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

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