Aller au contenu principal

«L’élevage n’est pas tiré vers le haut, tout nous pousse vers le bas»

Répondant à l’appel de blocage des abattoirs de la FNB, une délégation d’éleveurs a rencontré le directeur de Bigard à Formerie le 11 mai matin.

Les représentants des sections bovines des départements de l’Oise, de la Seine Maritime et de la Somme ont interpellé Chrisophe Elie (de dos), le directeur de l’abattoir Bigard de Formerie.
Les représentants des sections bovines des départements de l’Oise, de la Seine Maritime et de la Somme ont interpellé Chrisophe Elie (de dos), le directeur de l’abattoir Bigard de Formerie.
© AAP

C’est le constat sévère et sans appel dressé par la dizaine d’éleveurs de L’Oise, de Seine maritime et de la Somme reçue par Christophe Elie, le directeur de l’abattoir. Ces responsables professionnels dont Guillaume Durant, président de la section viande bovine FDSEA 60, et Ludovic Cauchois, son homologue dans la Somme, dénonçaient l’engrenage infernal dans lequel la filière viande est engagée.

Des coûts réglementaires dans les abattoirs
Des consommateurs qui dépensent de moins en moins pour leur alimentation et qui, ayant perdu le temps ou l’habitude cuisiner, se nourrissent de steak haché issu de races laitières, une grande distribution qui pressure les industriels pour une course effrénée aux prix bas et, au bout de la chaîne, des éleveurs qui vendent leurs bêtes à des prix qui ne couvrent pas les coûts de production.
Des industriels comme Bigard voient leur marché jeunes bovins à l’export vers l’Italie ou la Grèce connaître des difficultés de solvabilité (le camion ne part que si le virement bancaire est déjà effectué) et donc se rétrécit. S’ajoute à cela l’omniprésence des réglementations sanitaires (1 vétérinaire et 8 préposés à Formerie) qui contrôlent et verrouillent toute la chaîne, amenant parfois à des situations ubuesques. Christophe Elie citait le cas des bêtes accidentées qui doivent systématiquement subir des tests ESB. Résultat : si une bête arrive à l’abattoir le mardi après-midi, les prochains prélèvements n’ont lieu que le vendredi et les résultats seront connus au mieux le lundi. La carcasse mature donc en frigo, ses abats sont jetés et la viande ne peut plus être utilisée pour du steak haché (abattage + 48 h maximum). Elle part donc à la saisie. Un véritable gâchis.

Des pratiques d’élevage qui ont changé
Le directeur pointait aussi les pratiques des éleveurs qui ont changé avec le temps. Auparavant, une bête moyenne était engraissée avant d’être abattue alors que maintenant elle est vendue illico, ce qui nuit à la qualité générale de la viande mise en marché. Ce à quoi les éleveurs rétorquent que la différence de prix payé pour les bêtes de piètre qualité et celles de bonne qualité n’est pas suffisamment incitative. «Ce n’est pas rentable de faire de la qualité et cela a un coût. Les prix trop bas, les charges, tout nous pousse vers le bas».
A cela s’ajoute une réforme de la Pac qui nuit à la visibilité sur le marché. Les éleveurs de nos régions retournent un maximum de prairies, ils sont découragés. Quant aux éleveurs laitiers, c’est le niveau de prix du lait qui les pousse à vendre ou, au contraire, les incite à garder un maximum d’animaux. Totalement ingérable pour les abatteurs qui doivent gérer des volumes fluctuants et souhaiteraient une gestion pus concertée des mises en marché. D’autant que, de son côté, la grande distribution pour qui la viande est un produit d’appel pousse à des prix bas.
Bref, le classique triptyque éleveurs-industriels-grande distribution dont les premiers sortent toujours perdants. C’est bien de cela dont il sera question lors de la réunion prévue ce 12 après-midi au ministère de l’Agriculture.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

dossier PAC dépôt dossier aides PAC
La date limite de dépôt des demandes d’aides de la PAC repoussée

Les demandes d’aides de la PAC liées à la surface au titre de la campagne 2024 pourront être déposées jusqu’au vendredi 24 mai…

RN 25 Beauval
RN 25 : un accord unanime présenté à Beauval

Les exploitants et propriétaires concernés par les expropriations du chantier de rénovation de la RN25 étaient conviés à une…

Élaboré et servi par Martin Ebersbach, le vin de la Ferme des Vœux est blanc (rosé) pétillant, élaboré selon une méthode champenoise.
Au Vignoble des Vœux, une longue attente bientôt récompensée

La diversification vers la viticulture engagée par Martin Ebersbach à la Ferme des Vœux enthousiasme le Conseil départemental…

Peu d’évolution mais des dérogations accordées pour 2024

Peu d’évolution pour la déclaration des surfaces Pac 2024, mais quelques dérogations sur certaines règles ont été actées suite…

En visite à l’EARL des enclos, la ministre Pannier-Runacher a assuré que «quand on met en place des réglementations,  ce n’est pas pour le plaisir mais parce qu’il y a urgence à répondre au dérèglement climatique».
Dans la Somme, Agnès Pannier-Runacher prend la défense d’Egalim

La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’est rendue le 17 avril au Crotoy…

La Poste prend clairement position en faveur du renard, soulignant  que «longtemps considéré comme un animal nuisible, le renard paie très cher  une réputation injustifiée».
Même sur un timbre, le renard divise

Pas encore en vente et déjà l’objet d’une polémique. Alors que La Poste doit mettre en vente une série «collector» de timbres…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde