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L’engagement des agricultrices face à la crise

Le 3 novembre, la Commission nationale des agricultrices, représentée par sa présidente, Jacqueline Cottier, rencontrait les commissions départementales des Hauts-de-France.

Face à la crise, les représentantes des commissions d’agricultrices ont décidé de se battre.
Face à la crise, les représentantes des commissions d’agricultrices ont décidé de se battre.
© AAP


Le monde agricole est en crise. Pourtant, des crises, les agriculteurs en ont connu plus d’une ces dernières décennies, mais celle-ci semble atteindre une violence jamais inégalée. Si les conséquen­ces économiques sont connues, les impacts sur la vie familiale et sur les femmes dans les exploitations sont bien moins évoqués.
Pourtant, ceux-ci sont loin d’être neutres. Et pour cause. Travail et famille sont le plus souvent inextricablement liés. «Derrière une entreprise, il y a une famille», dit Marie-Françoise Lepers, agricultrice et membre de la commission départementale des agricultrices de la Somme.
Les femmes sont les premières touchées, car la crise touche fortement l’élevage, le secteur où elles sont les plus nombreuses. «L’écrémage est énorme, dit Lucie Delbare, installée depuis 2013 dans le Pas-de-Calais avec son conjoint, en grandes cultures et cueillette libre. Ce qui pose le problème de la main-d’œuvre sur les exploitations.»
Et d’autant que les femmes sont, le plus souvent, la variable d’ajustement. Traduction : pour nombre de leurs maris ou con­joints, une des solutions face à la crise est de les licencier et de les inciter à trouver du travail à l’extérieur de l’exploitation. Une situation qui de­vient, actuellement, de plus en plus fréquente, constatent ces agricultrices engagées dans leur environnement immédiat.

Les droits des femmes en danger
Mais, «comme la production reste la même sur l’exploitation, elles continuent souvent à y travailler en plus. Sans compter que ce travail à l’extérieur est souvent un travail précaire, ou à temps partiel, alors que leur installation sur l’exploitation était un projet professionnel réfléchi. J’ai peur d’une régression pour les droits des femmes. On s’est quand même battues pour obtenir un statut !», s’inquiète Jacqueline Cottier, présidente de la commission nationale des agricultrices. Autre scénario : des femmes chefs d’exploitation qui redeviennent conjointe collaboratrice de leur mari. «Si le mari meurt, la femme n’a plus alors de statut», relève Sylvie Gilles, présidente de la commission départementale des agricultrices du Nord.
Face à ces situations de plus en plus dramatiques, la commission nationale des agricultrices a décidé d’entamer une tournée régionale pour faire le point avec les commissions départementales des agricultrices et décider ensemble quelles sont les actions à mener pour sortir de cette spirale. «Les femmes sont courageuses. Elles ne rechignent pas à faire des heures et sont plus promptes à rebondir», assure Emmanuelle Leterme, mem­bre de la commission départementale des agricultrices du Nord. Entre la passivité et l’action, leur choix est fait.

Vent debout face à la crise
«Les femmes doivent s’exprimer sur la crise. D’autant qu’elles voient et sentent plus de choses que les hommes. L’opération «Cahier de doléances des agricultrices» a été lancée dans ce sens en Bretagne. Nous l’avons reprise en Pays de Loire. D’autres régions vont s’y mettre, dit Jacqueline Cottier. L’idée est de rompre leur isolement, de leur montrer qu’elles ne sont pas les seules dans ce cas, et de leur permettre de jouer un rôle d’alerte les unes à l’égard des autres.» D’où les formations et accompagnement proposées pour anticiper et gérer les crises, comme pour aider les femmes à prendre des responsabilités.
Les enjeux sont à divers niveaux : la protection de la personne et de son patrimoine, un travail sur les retraites (demande faite de forfaitisation de la bonification pour trois enfants et plus), l’accès aux formations et aux stages, la transmission aux enfants, comme l’accès au foncier. Sur ce dernier point, «c’est plus compliqué, reconnaît Jacqueline Cottier. Aussi je conseille aux agricultrices de s’engager dans les commissions cantonales et départementales, comme à la Safer, qui a désormais obligation de parité au sein de ses commissions. Il faut y aller».

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Nouvelle région : nouvelle organisation


Représentativité Avec la constitution des Hauts-de-France se pose la question de la réorganisation des commissions d’agricultrices.

Si la fusion des Chambres d’agriculture et celle des FRSEA des deux anciennes régions sont tout sauf un long fleuve tranquille, celle des commissions d’agricultrices sera, semble-t-il, un jeu d’enfant. «Les femmes savent organiser les choses bien plus facilement que les hommes, car elles sont plus pragmatiques et moins politiques», précise Chantal Le­gay, présidente de la commission des agricultrices du Nord-Pas-de-Calais. «Avec les cinq dé­parte­ments réunis, on sera encore plus fortes», ajoute Em­manuelle Le­ter­me de la commission des agricultrices du Nord. 
Reste une question à trancher : à quelle «maison mère» souhaitent-elles être rattachées ? FRNBP, dans laquelle elles étaient jusqu’à présent, ou FRSEA Hauts-de-France ? Après quelques lé­gèr­es tergiversations, le choix s’est porté sur la FRSEA Hauts-de-France. Avec l’idée que les réu­nions ne se déroulent pas toutes à Amiens, mais qu’elles tournent sur l’ensemble de la région. La présidente régionale a été élue : il s’agit de Marie-Françoise Lepers.
Si l’organisation est à construire de fond en comble, «il faut que l’on garde des pôles de proximi­té, car la nouvelle région ap­porte de l’éloignement et réunit des territoires aux contraintes différentes. Une fois cela dit, les diffé­rences sont aussi sources de ri­chesse», conclut la présidente au national, Jacqueline Cottier.

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