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«Les agriculteurs doivent se reposer des questions de fond sur leur système»

A l’occasion de Portes ouvertes, le 12 juillet, évocation avec Xavier Descamps, conseiller d’entreprise Cerfrance, du contexte agricole de la Somme et de son avenir.

Xavier Descamps, conseiller d’entreprise chez Cerfrance Somme : «Les agriculteurs ne peuvent plus se contenter 
de produire. Il faut qu’ils deviennent impérativement chefs d’entreprise.»
Xavier Descamps, conseiller d’entreprise chez Cerfrance Somme : «Les agriculteurs ne peuvent plus se contenter
de produire. Il faut qu’ils deviennent impérativement chefs d’entreprise.»
© AAP


Pourquoi Cerfrance organise-t-elle une journée Portes ouvertes sur le développement de la valeur ajoutée ? Y-a-t-il urgence en la matière pour les agriculteurs samariens ?
Le contexte est difficile pour les éleveurs laitiers, mais aussi pour les céréaliers. Et, encore plus, avec ce temps qui n’arrange rien. A la veille de la moisson, l’anxiété est grandissante dans la plaine. Et encore plus avec le cours des céréales, qui est au plus bas, mais cependant celui-ci peut évoluer dans les six prochains mois. Néanmoins, pour l’heure, de lourdes incertitudes planent sur les rendements et la qualité des produits qui vont sortir. Sans compter la gestion du mildiou pour la pomme de terre, qui est actuellement très compliquée.
Par ailleurs, même si la réforme de la Pac 2015 n’est pas encore perçue concrètement par les agriculteurs, elle va induire des baisses pour eux de l’ordre de 30 à 40 %. De même, entre la suppression des quotas laitiers, puis betteraviers, une demande sociétale qui évolue et les pressions environnementales, la période est très destabilisante pour les agriculteurs. Beaucoup d’entre eux ont des difficultés avec des niveaux d’endettement élevés (annuités/EBE de la ferme Somme récolte 2015 : 70 %).
De ce fait, les agriculteurs doivent se reposer des questions de fond sur leur système d’exploitation.

Quels sont les atouts de l’agriculture dans la Somme ?
La production laitière, les grandes cultures, la pomme de terre, comme la betterave, sont des activités agricoles qui sont importantes et le seront encore demain. Mais le challenge à relever dans toutes ces productions pour les agriculteurs, c’est de travailler impérativement sur les coûts de revient.
Parmi ses atouts, il y a aussi la technicité des agriculteurs, des sols riches, un environnement scientifique et technique conséquent, des potentiels de rendement, un outil performant, des capacités de stockage, ainsi que la présence d’industries agroalimentaires.
Mais là où nous ne sommes pas bon, c’est sur le niveau d’endettement, comme je vous le disais. Si les plans de soutien actuels apportent une bouffée d’oxygène pour les agriculteurs en difficulté, cela ne bouche cependant qu’une faible partie de leur endettement.
Parmi les autres atouts de l’agriculture, il faut citer les nouveaux projets qui émergent depuis quatre à cinq ans autour d’activités différentes de celles que l’on a coutume de voir dans la Somme. Ce sont des projets variés tels que la production de miel, de fromages de chèvre, de transformation du lait, de maraîchage, de fraises, d’atelier de transformation de farine, etc., mais des projets aux comptes de résultats qui sont loin d’être ridicules. La plupart des porteurs de projet ne sont pas tous fils ou filles d’agriculteurs et n’ont pas de foncier tout de suite à disposition ou très peu. Contexte ou pas, ils ont un état d’esprit différent de celui que l’on peut connaître au sein de la profession agricole. Ils sont beaucoup plus dans l’action et choisissent leurs prix de vente.
Enfin, l’agriculture biologique se développe sur notre territoire. Outre les aides d’accompagnement apportées par le Conseil régional, les regards sont en train de changer sur cette agriculture dans le milieu.
Autrement dit, il existe une diversité de projets et des opportunités pour qui veut s’installer ou se développer, que ce soit en grandes cultures, comme sur des créneaux de diversification. Mais, attention, il ne faut pas faire les choses n’importe comment.

Ces nouvelles opportunités supposent-elles que l’exercice du métier d’agriculteur doit-il évoluer ?
Le métier a de toute façon évolué avec l’introduction des nouvelles technologies dans l’agriculture. Quelles que soient les évolutions numériques, agronomiques, mécaniques ou autres, dans tous les cas, il est évident que les agriculteurs ne peuvent plus se contenter de produire. Il faut qu’ils deviennent impérativement chefs d’entreprise, qu’ils allouent des moyens humains et financiers aux bons endroits, et qu’ils choisissent ce qu’ils veulent faire. Puis, on a besoin de retrouver des gens plus passionnés de leur métier.

Du coup, faut-il encore encourager des jeunes et autres personnes à s’installer ?
S’installer, c’est choisir de devenir chef d’entreprise. Ce qui est compliqué, c’est de trouver du foncier dans la Somme, mais il y a des opportunités de s’installer avec des projets de diversification qui ne nécessitent pas trop de surfaces. En un mot, oui, cela vaut le coup de s’installer à condition de bien dimensionner son projet, de bien le calibrer dans le temps, d’être compétitif et de s’endetter raisonnablement sur des projets rentables.

Portes ouvertes

Cerfrance Somme organise le 12 juillet des Portes ouvertes, à 10h ou 14h, sur la ferme d’Emmanuel Cayeux, agriculteur et éleveur bio, à Wanel. Thème : développer la valeur ajoutée, un exemple en agriculture biologique.
Au programme : les filières biologiques en développement, visite de l’exploitation, tour de plaine, les résultats avant, pendant et après la conversion, les facteurs clés pour réussir le changement.
9, rue d’En Haut, à Wanel Info : 03 22 53 56 59

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