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Les champs électromagnétiques, maux du XXIe siècle chez les animaux

Ils seraient des centaines d’éleveurs à témoigner de souffrance de leurs animaux à cause d’installations électriques à proximité de leur exploitation. Ce 18 février, une audition publique était organisée au Sénat à ce sujet. 

Les connaissances scientifiques concernant l’impact des champs électromagnétiques sur la santé des animaux d’élevage doivent largement être approfondies.
Les connaissances scientifiques concernant l’impact des champs électromagnétiques sur la santé des animaux d’élevage doivent largement être approfondies.
© Pixabay

Des vaches qui ne boivent plus. Des poules qui ne pondent plus. Des veaux qui ne grossissent pas malgré une alimentation adaptée. Des comportements anormaux. Des boiteries et maladies à répétition. Une surmortalité inexpliquée… Et des éleveurs à bout. Tels sont les constats que dressent les éleveurs victimes de champs électromagnétiques, émis par des installations électriques, telles que des éoliennes, des antennes téléphoniques ou encore des lignes électriques à proximité de leur lieu d’élevage. 

Ce 18 février, Cédric Villani, président de L’Opecst*, mettait le sujet sur la table lors d’une audition publique co-organisée par Gérard Longuet, sénateur, et Philippe Bolo, député, rapporteur. L’objectif : dresser un bilan des connaissances scientifiques concernant l’impact des champs électromagnétiques sur la santé des animaux d’élevage. Deux tables rondes abordaient le sujet. La première traitait des phénomènes observés et des explications apportées par la science. La deuxième portait sur la manière dont sont prises en compte et gérées les difficultés rencontrées par certains éleveurs. Des experts du sujet (géobiologues, vétérinaires), des éleveurs victimes, et des responsables de sites électriques étaient sollicités. 

Pour tous, le constat est le même : les éléments scientifiques manquent et la recherche sur le sujet doit être largement approfondie. Les problèmes, eux, sont bien concrets. En attestent les expériences malheureuses des éleveurs membres de l’Anast (Association nationale animaux sous tension), entendus ce 18 février. Le témoignage de son vice-président Alain Crouillebois, éleveur laitier à La Baroche (Orne) illustre bien le problème. «Tout allait bien jusqu’en 2011, quand Enedis a décidé de réorganiser son réseau électrique sur le secteur, raconte-t-il. On avait une ligne aérienne moyenne tension de 20 000 volts qui contournait l’exploitation. Il a été décidé de l’enfouir, avec un autre tracé qui passait à 20 m du bâtiment d’élevage, avec la pose d’un transformateur.». La mise en route du nouveau réseau a lieu en novembre 2011.

Dès le début de l’année 2012, les animaux adoptent d’étranges comportements. «Les vaches se regroupaient dans un coin et refusaient d’aller au robot de traite. Les veaux avaient tendance à ne plus aller au robot automatique pour s’alimenter.» Perte de production, baisse de la qualité de lait, explosion des frais vétérinaires et surmortalité des veaux s’en sont suivis. Les techniciens et vétérinaires ne trouvent rien d’anormal. Pour Alain Crouillebois, la cause vient du réseau électrique. Le GPSE (Groupement permanent pour la sécurité électrique en milieu agricole) étudie son cas et lui prescrit des conseils qu’il suit à la lettre, sans résultat. L’éleveur prend alors la décision de déplacer de 150 m les installations d’Enedis à ses frais. 70 000 € seront nécessaires pour ces travaux réalisés en 2019. Depuis, son troupeau a retrouvé sa sérénité et sa productivité d’avant. «Après huit années de galère, j’ai retrouvé une vie normale. Mais j’ai subi des centaines de milliers d’euros de pertes.» 

«Si on nous avait pris au sérieux dans les années 1990, on n’en serait pas là aujourd’hui, martèle Serges Provost, le président. Le lobby EDF a détruit des éleveurs. Le problème a pris de l’ampleur et des centaines d’éleveurs sont touchés.» Le sujet du jour était bien de mettre le sujet sur la table. 

 

*Créé par la loi n° 83-609 du 8 juillet 1983, l’Opecst (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) a pour mission d’informer le Parlement des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin d’éclairer ses décisions. À cette fin, il recueille des informations, met en œuvre des programmes d’études et procède à des évaluations.

 

 

Les distributeurs d’électricité «en règle»

Leurs équipements électriques impactent des exploitations d’élevage ? Soit, mais de leur côté, les producteurs et distributeurs d’énergie invités aux tables rondes assurent que leurs installations respectent les normes imposées. Ces normes seraient-elles donc à remettre en cause ? «Nous avons 100 000 km de lignes électriques, dont 70 % passent en milieu agricole. Elles génèrent forcément des interactions, mais nous mettons tout en œuvre pour les minimiser», assure Delphine Porfirio, directrice du département concertation et environnement de RTE. Il peut néanmoins arriver qu’un éleveur fasse part de difficultés. «Il est alors hors de question de ne pas l’accompagner. Nous devons évaluer et réparer ces interactions. On conseille à l’éleveur de se rapprocher de la chambre d’agriculture et du GPSE pour une expertise électrique.»  Et si l’immunisation du bâtiment ne suffit pas à faire disparaître les symptômes ? «Nous sommes alors convaincus que la recherche doit être menée pour investiguer d’autres actes.» Même son de cloche du côté d’Enedis, que représente Guillaume Langlet, chef du département Expertise et relations fournisseurs matériels. «Notre réseau, c’est 1,3 million de km de lignes électriques, aériennes, souterraines, moyenne et basse tension, toutes sous le seuil de 100 microtesla que nous respectons largement.» Très peu de problèmes sont signalées par les exploitations - «99,9 % des éleveurs, bien qu’à proximité des ouvrages, ne manifestent pas de difficulté» -, mais si le cas se présente, Enedis certifie participer au diagnostic. «Presque à chaque fois, il ne s’agit pas d’anomalies de notre réseau, mais d’aménagements à faire dans les élevages. Cela dit, nous partageons la volonté d’améliorer la recherche.»
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