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Les filières bio s’organisent doucement

Le 26 novembre, le Forum d’opérateurs de filières bio a permis aux agriculteurs d’avoir des réponses sur la procédure de conversion en bio et ses débouchés.

26 opérateurs et près de 170 agriculteurs étaient au Forum organisé par l'ABP et la Chambre d'agriculture, à Conty.
26 opérateurs et près de 170 agriculteurs étaient au Forum organisé par l'ABP et la Chambre d'agriculture, à Conty.
© AAP

Le nom donné au Forum d’opérateurs, organisé à Conty par l’Association biologique de Picardie (ABP) et la Chambre d’agriculture, était accrocheur : «Filières bio recherchent agriculteurs picards». Le nombre des opérateurs tout autant : 26. Et de toutes les filières : céréales, viandes, lait, légumes… L’effet d’annonce a marché : plus de 170 personnes se sont déplacées à Conty, dont une grande partie composée de nouvelles «têtes», selon les habitués de ce type de rendez-vous.
Parmi elles, «pas mal de jeunes de moins de trente ans venant poser des questions sur le processus de conversion, les espèces vendues, les prix, la technique et les débouchés», note Franck Roger, responsable approvisionnement et collecte en conventionnel et en bio chez Cap Seine.
Si les débouchés en bio existent et sont globalement identifiés par les opérateurs, la prudence est cependant de mise chez chacun d’eux. Ainsi en est-il à la coopérative laitière Lact’Union. Sur les vingt millions de litres de lait bio qu’elle vend, seulement cinq millions sont issus de sa propre collecte, le reste étant acheté à l’extérieur, notamment chez Biolait. Son objectif est donc de développer la filière bio pour être moins dépendante des partenaires extérieurs. Si la filière bio «n’est plus une niche chez nous», dixit Elodie Guilbert, conseillère laitière chez Lact’Union, la coopérative ne s’emballe pas pour autant.
«Notre but est d’atteindre dans les deux prochaines années deux à trois millions de plus de lait bio», précise Sébastien Grymonpon, responsable amont chez Lact’Union. Pas plus ? «Il n’y a aucun intérêt à avoir une surproduction en lait bio», explique-t-il. La politique reste donc des plus prudentes afin de conforter l’existant et d’accompagner le développement des ventes et de ses adhérents.
Même discours du côté de chez Novial, fabricant d’aliments de bétail. Ce leader sur le secteur de la nutrition animale toutes espèces a développé les aliments bio progressivement. Certaines de ses usines sont mixtes, et l’une d’elles est uniquement dédiée au bio, dans l’Oise. Depuis cinq ans, le fabricant a augmenté sa production d’aliments bio de 10 %. «Face à une demande croissante, notre travail est de rechercher des éleveurs», précise Constance Flour, chargée des relations filières chez Novial.
Reste «qu’en céréale paille, on aura tout ce qu’il faut, ce qui est beaucoup moins sûr pour le maïs. Tout dépend des rendements obtenus par les maïsiculteurs. Quand les rendements ne sont pas là, on va chercher le maïs hors des frontières, mais toujours en Europe». Demain, Novial montera des filières en poulets, en pondeuses et en porcs. Ses besoins sont respectivement de 15 éleveurs, 5 à 6 en pondeuses, et idem pour les porcs.

«On ne couvre pas les besoins»
Du côté de Cocorette, qui est dans le bio depuis 1996, force est de constater que «l’on ne couvre pas les besoins depuis plusieurs années», relève Elodie Lebleu, responsable technique développement. Aussi, depuis 2010, le groupe a-t-il développé le nombre d’élevages, en créant notamment de nouveaux ateliers. «On recher­che entre 20 000 à 30 000 poules en plus, ce qui peut représenter entre 5 et 10 éleveurs, selon la taille des exploitations», précise-t-elle.
Pour inciter les éleveurs à se lancer dans le bio, des contrats de dix ans sont proposés, ainsi qu’un accompagnement réglementaire et technique. Reste que les réticences à se lancer demeurent, entre autres, en raison des risques liés à l’élevage, du temps de travail et de l’investissement dans les bâtiments.
Satisfaire le marché, c’est aussi la préoccupation de la Ferme de la Motte, producteur d’oignons (6 000 tonnes par an) et de pommes de terre bio (6 000 tonnes par an). «Nos besoins les plus importants sont sur l’oignon, précise Thomas Raoul. Nous sommes à la recherche de 20 à 30 ha d’oignons en plus. Le marché augmente de 8 à 10 %. Il faut le satisfaire.»
Chez les coopératives céréalières, on est plutôt sur l’anticipation. «Pour l’heure, on répond à la demande», note Franck Roger, responsable approvisionnement et collecte chez Cap Seine. Toutefois, une demande spécifique émerge sur la betterave rouge en bio. Il manquerait entre 20 et
25 ha. «Le bio, rappelle-t-il, est une culture contractuelle comme une autre.»
Si la réflexion est engagée autour du bio dans les coopératives céréalières, celles-ci se préparent tout doucement. Hors de question de se précipiter sur le «filon», comme d’éviter une surproduction en bio, qui casserait la dynamique de croissance que connaît cette agriculture.
Si le bio tire de plus en plus son épingle du jeu, avec une croissance à deux chiffres depuis quelques années, les filières suivent cependant à la lettre un proverbe chinois fameux : «Hâtez-vous lentement.»


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