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Les fraises de la Somme ont un succès fou

Comme de nombreux producteurs de fraises, Guillaume Bleuet, à Chuignes, est dévalisé. Le fruit rouge est prisé par les consommateurs en recherche de goût et d’achat de proximité.

Guillaume Bleuet : «Je cherche le goût plutôt que le rendement, car lorsque quelqu’un mange une bonne fraise, il revient.»
Guillaume Bleuet : «Je cherche le goût plutôt que le rendement, car lorsque quelqu’un mange une bonne fraise, il revient.»
© A. P.

Un carnet de commandes plein à craquer et des journées de cueillette et de vente intenses. «La semaine dernière, c’était carrément la folie», assure Guillaume Bleuet, installé à Chuignes. Depuis le début de la saison, vers le 10 mai, ses fraises rencontrent un vif succès.

D’habitude, le producteur vend une partie à la ferme, et une autre via Appro local, aux établissements scolaires, aux boulangeries-pâtisseries, aux restaurants et aux marchés. «Avec le confinement, j’ai anticipé une éventuelle chute des ventes, et j’ai réduit la surface de production.» Trois serres de 450 m2 ont été planté, soit 10 500 pieds en tout. Deux serres de plus auraient pu l’être. «Au final, la demande est si forte que je ne vends plus qu’à la ferme. D’autres producteurs m’ont même contacté parce qu’ils n’avaient pas assez de quantité», confie-t-il.

La volonté de maîtriser la production vient aussi du temps que celle-ci réclame. «Pour faire pousser de la fraise, il faut une brouette et beaucoup d’huile de coude !» Guillaume Bleuet a découvert l’activité il y a dix ans, lorsqu’il a repris l’exploitation de son père dans l’urgence, après le décès de celui-ci. «Je ne connaissais pas cette production qui s’avère très technique. J’ai réduit les quantités et j’ai beaucoup tâtonné au début», avoue-t-il. Aujourd’hui, les fruits juteux et sucrés à souhait sont le résultat d’une certaine maîtrise.

La plantation, qui débute en mars, est l’étape à ne pas louper. «Une période intense pour moi, car elle tombe en même temps que la plantation des pommes de terre (Guillaume Bleuet cultive également 85 ha de grandes cultures, céréales, pommes de terre et légumes de plein champ, ndlr).» Le producteur prévoit ensuite plusieurs plantations dans la saison, dont la dernière en juillet, pour prolonger la cueillette jusqu’en septembre. Les pieds sont plantés dans des sacs de terreau, mélange d’écorce de pin et de tourbe, et sont placés dans des bacs sur des gouttières.

De la surveillance surtout

Puis les fruits rouges nécessitent beaucoup de surveillance. L’irrigation, par cycles de deux minutes, est très importante. Le système est automatisé et ajusté selon les conditions météo. Il   apporte également la fertilisation. L’engrais est dosé en fonction de la qualité de l’eau. «Une panne d’électricité et un arrêt d’irrigation de plusieurs heures peut causer la perte de toute la récolte. À l’inverse, trop d’eau risque de noyer les racines…»

Guillaume Bleuet n’utilise aucun traitement car «une fraise, on la cueille et on la met directement à la bouche. Les gens sont sensibles au fait qu’elle ne soit pas traitée». Seul de l’azote est utilisé au début du cycle, pour booster le développement de la plante, puis un apport de potasse favorise le goût du fruit. La gestion des maladies et des ravageurs, elle, est délicate. Le moyen de lutte contre l’oïdium et le botrytis est la gestion climatique de la serre. Pas évidente, puisqu’un champignon se propage en conditions humides, quand l’autre préfère l’ensoleillement.

Les bêtes noires des producteurs de fraises sont aussi les pucerons, les thrips et les punaises. Ce dernier insecte piqueur-suceur d’environ 6 mm de long a d’ailleurs attaqué une des serres de Guillaume. Résultat : des petits fruits déformés, donc une perte de rendement. «Je m’intéresse à des moyens de lutte intégrée, confie Guillaume Bleuet. Pour les punaises, par exemple, il s’agirait de semer des orties autour de la serre, qui attireraient les punaises. Il suffit ensuite de traiter ces orties pour tuer les punaises.»

Délicieuses Magnum et Joly

En ce qui concerne les variétés, Guillaume a misé sur les Magnum et les Joly, des fraises bien dodues de couleur rouge vif, réputées pour leur qualité gustative. «Je cherche le goût plutôt que le rendement, car lorsque quelqu’un mange une bonne fraise, il revient.» Pour la cueillette, les mardis, vendredis et samedi de 6 à 12h, un saisonnier vient prêter main forte au producteur. Les fraises sont vendues aussitôt. «Elles sont meilleures le jour même. Je recommande à mes clients de les déguster dans les deux ou trois jours qui suivent, et de les conserver à 10 ou 12°C, car le froid tue le goût

Mesures de sécurité obligent, les clients sont servis à la grille de l’exploitation, après avoir passé commande. 4 € les 500 g, «c’est mon prix toute l’année, que la demande soit très forte ou non.» Les fraises de Chuignes sont les stars des desserts du coin.


La fraise dans tous ses états

Que faire des fruits invendus ? Pas question, pour Guillaume Bleuet, de les jeter. Les fraises sont transformées en confitures, en sirops, ou encore en pétillant «à déguster bien frais». Ces produits sont notamment vendus dans quelques Ruches qui dit oui de la Somme. Une manière de faire parler des fraises de Chuignes toute l’année.

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