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Les lycées agricoles préparent la réouverture

Les lycéens retourneront-ils en cours le 2 juin ? Qu’en est-il pour les lycées professionnels agricoles ? Et pour les apprentis ? Les établissements de la Somme s’organisent, malgré des incertitudes.

Selon le corps enseignant, le confinement a amplifié l’impact de l’inégalité sociale sur les apprentissages.
Selon le corps enseignant, le confinement a amplifié l’impact de l’inégalité sociale sur les apprentissages.
© D. R.

Ouvrira ? N’ouvrira pas ? Quand ? Pour quels élèves ? Les lycées sont encore dans l’incertitude quant à leur réouverture, d’autant que le département de la Somme apparaît en rouge sur la carte nationale de déconfinement, signe de règles plus strictes. En ce début de semaine, les établissements scolaires agricoles étaient notamment dans l’attente de précisions de la part du ministère de l’Agriculture.
Au lycée du Paraclet, à Cottenchy, on se prépare néanmoins à une ré-ouverture probable le 2 juin, voire à partir du 25 mai pour les apprentis. Mais pas question d’accueillir les trois-cent-cinquante élèves et cent-soixante-dix apprentis tous ensemble. «Il s’agirait d’un accueil progressif, avec un roulement mis en place», précise Xavier Bortolin, directeur du CFPPA. Ces apprentis ont cependant tous continué à travailler, dès lors que leur maître d’apprentissage pouvait garantir leur sécurité. «Seuls 5 % des apprentis ont cessé de travailler chez nous. Ils sont surtout embauchés chez des concessionnaires qui ont dû les placer au chômage partiel.» Pour leur accueil au Paraclet, une CoHS (commission d’hygiène et de sécurité) doit être tenue ce vendredi pour définir les mesures à mettre en place : «Nous devons, par exemples, réaliser un balisage et nous procurer le nombre de masques nécessaires
Une CoHS sera aussi au programme de la journée du 18 mai au lycée professionnel agricole de la Haute Somme, à Péronne, pour définir le plan de reprise d’activité. «Nous ne tablons pas sur un retour des élèves et des apprentis avant début juin, annonce Alexandra De Le Valléé, directrice de l’EPLEFPA de la Haute Somme. Seules les personnes en formation continue pourraient reprendre un peu plus tôt.»

Des inégalités accentuées
En attendant, la continuité pédagogique est toujours assurée grâce aux cours à distance, pour les deux-cent-quarante-six formés à Péronne et les soixante-cinq de l’antenne de Ribemont-sur-Ancre. «Dès la première semaine de confinement, notre informaticien a mis au point un outil interne qui a facilité le dépôt et le retrait de documents, car l’ENT (espace numérique de travail) géré au niveau régional a vite saturé.» Malgré cela, Alexandra De Le Valléé et les enseignants du lycée ont d’autant plus mesuré l’impact de l’inégalité sociale sur les apprentissages pendant le confinement. «Certains devaient partager un ordinateur entre plusieurs membres de la famille, ou ne pouvaient se connecter qu’avec un smartphone, alors que d’autres possèdent leur propre ordinateur…» Certains élèves ont décroché. «Ce sont ces élèves que nous voulons prioritairement accueillir au lycée.»

Et les internes ?
Reste que, dans l’enseignement agricole, un élève sur deux est interne. Cette donnée «risque de limiter le nombre de places pour la reprise prévue le 2 juin, compte tenu des contraintes sanitaires», a indiqué le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, le 7 mai, lors d’une audition de la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication du Sénat. «Nous avons des spécificités par rapport à l’Éducation nationale : sur 200 000 apprenants, nous avons 100 000 internes, en gros 50 %, là où l’éducation nationale n’a que 10 %, a-t-il précisé. Nous allons rouvrir, je l’espère, nos lycées, dans les jours et les semaines qui viennent (...) mais, évidemment, dans un endroit où quatre jeunes dormaient, il n’en dormira peut-être plus que deux.» Et qui dit capacités d’internat diminuées par deux ou trois, dit moins d’élèves internes en cours.
À Péronne, dix places au maximum seront réservées aux élèves n’ayant vraiment pas d’autre possibilité de se loger. «Nous allons limiter à un élève par chambre, contre deux ou trois habituellement», prévient la directrice.

Bac chamboulé
Les modalités du bac 2020 se retrouvent, elles, complètement chamboulées. Les élèves de terminale professionnelle n’auront pas d’épreuves écrites. Ils seront évalués par le biais du contrôle continu et de l’évaluation du rapport de stage. «Nous attendons un tableau de correspondance et des grilles de notation», explique Xavier Bortolin. Mais l’année
scolaire n’est pas finie pour autant : elle se prolonge jusqu’au 4 juillet.

«Maintenir le lien coûte que coûte»

Comment éviter le décrochage scolaire pendant le confinement, alors que la fracture numérique dont sont victimes certains élèves est frappante ? «Nous avons dû réinventer notre pédagogie», confie Régis Peltier, professeur d’éducation socio-culturelle au lycée professionnel agricole de la Haute Somme, à Péronne. La distance complique d’autant plus l’enseignement agricole, qui privilégie une pédagogie de projet et place l’élève au cœur des apprentissages. Régis Peltier a dû faire preuve d’imagination. «Les CAP Services aux personnes et vente en espace rural doivent, par exemple, développer des compétences de maintien de lien social. Je leur ai donc proposé de réaliser une activité avec leur famille, et de m’envoyer des photos et des témoignages. Une élève a mis en place un atelier de décoration de jardinières assez spectaculaire !»
Tous les élèves n’ont malheureusement pas su, ou pu, s’investir de la sorte. «10 % de mes élèves ont totalement décroché et n’ont rendu aucun devoir», annonce Cédric Duquenoy, professeur de mathématique et de physique à l’antenne de Ribemont-sur-Ancre. «Pour certains, l’école n’existe plus, ajoute Régis Peltier. Ceux qui ne donnent plus du tout de signe de vie sont surtout des élèves fragiles, avec des difficultés scolaires et familiales. Nous voulons maintenir le lien coûte que coûte, mais parfois, nous nous sentons impuissants.» La relation affective entre l’élève et l’enseignant, surtout, est mise à mal. «Nous vivons des tensions, des joies… Certains se raccrochent à l’école, qui leur apporte une stabilité. Tout cela n’est plus possible à distance.»
Alors une reprise en septembre ? «Ce serait le pire des scénarios», s’accordent à dire les professeurs. «Même quatre semaines permettraient une petite remise à niveau», soutien Cédric Duquenoy. «Cela permettrait de rétablir un lien avant une nouvelle année scolaire, de retrouver une vie sociale, de discuter des projets… Bref, de bénéficier d’une conclusion», assure Régis Peltier.

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