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Les producteurs veulent une vraie négociation avec Lactalis

Le 2 février dernier, l’Aplop organisait son assemblée générale, à Poix-de-Picardie, en présence de responsables de Lactalis.

De g. à dr. : Serge Moly, responsable des achats lait du groupe Lactalis ; Bernard Mancaux, président de l’Aplop, et Jacques Borgoo, responsable production à l’usine de Clermont.
De g. à dr. : Serge Moly, responsable des achats lait du groupe Lactalis ; Bernard Mancaux, président de l’Aplop, et Jacques Borgoo, responsable production à l’usine de Clermont.
© AAP


«Nous, producteurs Lactalis, nous sommes autant motivés que nos handballeurs pour gagner… Mais, lorsque vous remettez la médaille d’or, vous gardez les trois quarts de la valeur.» Tels sont les mots employés par Bernard Mancaux, président de l’Association des producteurs de lait de l’Ouest Picard (Aplop) pour faire part du ras-le-bol des producteurs face au prix du lait proposé par Lactalis.
Et tous d’avoir en tête le bras de fer engagé avec l’industriel l’été dernier. «Comment oser payer le mois d’été 255 €/1 000 litres et proposer un accord fin juillet à 265 €/1 000 litres de moyenne annuelle ? C’était de la provocation», tacle-t-il. Echaudés, les producteurs le sont aussi par la rupture de contrat engagé par Lactalis contre deux producteurs, à la suite de leurs déclarations dans l’émission «Envoyé Spécial».
Si l’industriel campe sur ses positions, il reconnaît cependant avoir commis des maladresses dans les négociations de l’été dernier. Et Serge Moly, directeur des achats du groupe Lactalis d’assurer «que les enseignements ont été tirés de cette année douloureuse et que 2017 devrait se passer dans de meilleures conditions». La reprise des cours le permettra de toute façon. Mais «vous ne devez pas attendre un prix à 400 €/1 000 litres pour cette année, d’autant si l’Europe du Nord, voire certains de nos compétiteurs français relancent leur production, car les prix fléchiront alors de nouveau», prévient-il. Traduction : le prix du lait est et restera dicté par les marchés.
Or, leur caractéristique est la volatilité des prix. «Si nous en sommes arrivés là, c’est pour une raison unique : la surproduction laitière», indique Serge Moly. Aussi le groupe Lactalis a-t-il pris la décision de maîtriser sa production laitière en France. Ce qui n’est pas incompatible, selon lui, avec l’augmentation des volumes pour les producteurs qui le souhaitent et les jeunes qui s’installent. Comment ? Com­pte tenu du nombre d’éleveurs qui jettent l’éponge ou partent en retraite sans reprise derrière, des volumes sont libérés. L’idée est de privilégier le transfert de ces vo­lumes à des producteurs sur le même territoire de telle sorte à ne pas diminuer et désorganiser la collecte sur celui-ci.
«Nous sommes d’accord avec vous sur la nécessité de maîtriser les volumes produits. Mais, du coup, le producteur se retrouve bridé dans ses projets de développement. Vous nous imposez cette contrainte sans compensation en retour. Par ail­leurs, vous souhaitez augmenter vos exportations. Cela signifie-t-il que d’autres pays auront plus de volumes que nous puisque nous devons rester avec des volumes constants ?», l’interpelle Bernard Mancaux. A défaut de réponse sur le sujet, les producteurs ont de­mandé une vraie prise en compte de leur rôle et de vraies négociations autour des nouveaux contrats.

Fixation du prix
Le prix du lait, chez Lactalis, restera fixé à partir du prix de base, de la valeur des taux, de celles des grilles interprofessionnelles et des primes. Si le responsable des achats lait de Lactalis assure que «ce sera mieux qu’en 2016, quelle que soit la formule retenue. Je m’y engage». Cette formule, qui devrait être contractualisée au plus tard le 31 mars, sera adossée aux indicateurs publics des marchés. «Mais que l’on ait un accord ou pas à cette date, la collecte continuera et les prix évolueront. Reste que le prix fixé ne sera pas pour autant la réponse à tous vos maux», insiste Serge Moly.
Quid de l’intégration du coût de production ? Et le responsable des ventes de mettre en avant la loi Sapin 2, le texte indiquant que le prix ne peut pas être indexé sur ce coût, mais il peut s’y référer. Avant de préciser que dans la formule de prix, il y aura cependant «des ajustements pour répondre en partie aux coûts de production».
Mais les producteurs redoutent que le compte n’y soit pas, d’autant que «vous êtes leader sur le marché, que vous avez les moyens de tirer les prix vers le haut, mais vous ne le faites pas», soulève Bernard Mancaux. «On est juste vos larbins, s’agace, pour sa part, un des adhérents de l’Aplop. Votre bla-bla, on le connaît. C’est toujours la même chose. Ce que l’on veut, c’est le partage de la valeur ajoutée.» «La notion de partage de la valeur ajoutée dans nos économies libérales, cela n’a pas de sens», rétorque Serge Moly. La messe serait-elle dite ?

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