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L’île aux fruits : une ferme urbaine à Amiens

Le 29 juin, l’association Terres Zen organise une réunion publique à Amiens pour présenter, échanger et enrichir son projet d’éco-lieu au cœur des hortillonnages.

Dans la serre prêtée par Boris Pelosof, Rémy Brasseur travaille depuis un mois la terre pour préparer les cultures. 
Dans la serre prêtée par Boris Pelosof, Rémy Brasseur travaille depuis un mois la terre pour préparer les cultures. 
© AAP

Ils sont Amiénois et Amiénoises provenant de tous horizons professionnels (agriculteurs, éducateurs spécialisés, monde de l’Education, artistes, responsables culturels, politiques, etc.). Leur point commun ? Construire un monde meilleur. Utopie, me direz-vous. Peut-être, mais l’avenir appartient aux hommes et aux femmes d’action. Et, ainsi que l’écrivait Mark Twain, «ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait». Eux, en tout cas, sont prêts à relever ce défi. Après avoir créé leur association en novembre dernier (une cinquantaine de membres actuellement, dont une trentaine très actifs) pour bâtir leur projet, depuis un mois, dans les serres prêtées par Boris Pelosof, en plein cœur des hortillonnages, ils ont commencé à retourner et travailler les terres.
Leur projet ? Créer une ferme maraîchère bio, des jardins partagés, un lieu de vente des produits de la ferme et, plus largement, des produits du terroir et des artisans locaux, un restaurant guinguette, une offre culture, des activités de loisirs et de bien-être, des ateliers environnementaux, un lieu social et pédagogique, comme un chantier d’insertion au beau milieu des hortillonnages, à trois minutes de la gare d’Amiens. «Sur les 250 ha que couvrent les hortillonnages, la moitié n’est pas cultivée. On a donc un réservoir de production à proximité et un site à redynamiser pour tous les Amiénois. Notre objectif est de faire un lieu de vie au cœur de la ville à partager avec tous», commente Frédéric Fauvet, président de l’association.
Les expériences de fermes urbaines ne manquent pas. Lille, Toulouse, Nantes, Lyon, Roubaix, pour ne citer que quelques exemples de villes françaises, se sont déjà lancées dans l’aventure. Et, en matière de permaculture, la Ferme bio du Bec Hellouin (Normandie) - qui, depuis 2011, est en partenariat avec l’Inra et AgroParisTech, dans le cadre d’un programme de recherche - a fait plus que ses preuves sur 1 000 m2 de maraîchage. Chiffre d’affaires annuel ? 55 000 €.
De quoi donner une légitimité scientifique et institutionnelle à ces nouvelles techniques. A leur échelle, ces Amiénois souhaitent donc développer des modes de production moins impactants pour l’environnement afin de préserver l’écosystème. Or, produire local, à proximité immédiate des consommateurs, est une des solutions, à partir d’une agriculture urbaine.

Produire autrement
«En plein cœur des hortillonnages, l’agriculture que nous portons est bio inspirée, avec comme modèle la nature et, comme «boîte à outils», la permaculture. Ce que nous voulons, c’est que notre ferme urbaine soit ce lieu où se dessine l’agriculture de demain, et où se rêve un autre monde, mais en gardant les pieds dans la terre», précise Alexandre Cabral, trésorier de l’association. La permaculture, méthode créée dans les années 1970 par les Australiens Bill Molisson et David Holmgrem, est une science de l’interconnectivité. C’est une approche globale visant à aménager des écosystèmes humains, éthiques, durables et robustes s’intégrant avec la nature. Traduction : son seul modèle est le fonctionnement de la nature. Ses piliers : prendre soin de la terre, mais aussi des personnes, et faire un partage équitable.
Or, l’île aux fruits, qui accueillera la ferme, présente des atouts considérables en la matière : terre de maraîchage depuis l’époque gallo-romaine, eau omniprésente, parcelles à taille réduite, terre spécifique permettant de produire beaucoup sur un très petit espace et en toutes saisons, suivant les techniques de l’Américain Elliot Coleman, et en apportant le moins de changement possible pour obtenir l’effet le plus grand.
Parmi les outils développés par Elliot Coleman pour cultiver les terres, le plus emblématique est sûrement le semoir de précision de six rangs, ce qui permet une planche de 80 cm de large, de semer douze rangs alors qu’avec un outil mécanisé, il n’y en aurait que trois. «En faisant douze rangs, on peut planter, par exemple, des radis et des carottes au milieu des salades et des fèves. Le fait de semer très serré évite le binage. Très vite, tout lève, ce qui crée un effet de canopée et bloque les adventices. Puis, en associant les cultures tout le temps, cela évite des faire des rotations», explique Rémy Brasseur, éducateur spécialisé en cours de formation sur la permaculture. Parmi les outils, la campagnole, qui permet de préparer des planches standardisées, la crélinette, permettant d’aérer le sol sans le déstructurer. Autre technique «innovante», en droite ligne des pratiques des maraîchers parisiens du XIXe siècle : l’utilisation des couches chaudes de fumier de cheval, «ce qui permet d’être en avance sur les légumes primeurs», précise Rémy. Ou en­core le paillage du sol, avec différents végétaux, de préférence ceux présents in situ.
Les cultures de la ferme urbaine (carottes, oignons, tomates, poivrons, aubergines, pommes de terre nouvelles, salades, radis, navets, blettes, choux, betteraves, concombres, courges, ail, oignons frais, mâche, épinards, etc.) sont des cultures en pleine terre, sur buttes, sous serres, en sous-sol et sur toit. Des cultures annexes seront développées comme les fruits dans la forêt jardin, les champignons dans l’entrepôt, les poissons de l’aquaponie et le miel des ruches.
Côté planning, l’année 2017 sera consacrée au réaménagement des parcelles et au début des cultures de manière douce sur les terrains qui le permettent. En 2018 seront lancées les cultures traditionnelles de la région et la mise en place d’une forêt jardin. Enfin, 2019, qui sera la deuxième année d’exploitation, verra la consolidation de la gamme de plantes annuelles et de légumes primeurs, ainsi que la commercialisation des produits avec les restaurateurs de la métropole.
La révolution est en marche et, comme l’écrit Victor Hugo, «il n’est rien de plus puissant qu’une idée dont le temps est venu». D’autant que le modèle économique tient la route, tant sur le plan des cultures maraîchères, que de leur commercialisation, de l’attractivité touristique des hortillonnages, et qu’il est complété par un projet d’insertion offrant des opportunités professionnelles sur des métiers porteurs ou de nouvelles fonctions. Bienvenue dans le XXIe siècle.

Réunion publique, jeudi 29 juin, à 18h30, 325, route de Verdun, à Amiens
Pour en savoir plus : www.ile-aux-fruits.fr

Les différentes parcelles de la ferme urbaine

- La serre rue Haleine Ridoux, prêté par Boris Pelosof, soit près de 1 000 m2, ainsi que 1 000 m2 jouxtant celle-ci. L’ensemble de la serre, ainsi que la parcelle à côté, sont cultivées sous forme de planches plates.
- La parcelle dite de «La Mare», près de 2 000 m2 situés rue de Verdun et mis à disposition par Amiens Aménagement. Des buttes rondes y seront positionnées pour repiquer les légumes. L’idée est de créer une haie comestible afin de protéger des vents venus de l’ouest et créer ainsi un micro climat très productif.
- La parcelle du Bois, rue de Verdun, soit près de 5 000 m2 de bois sur d’anciennes terres maraîchères mis à disposition par Amiens Aménagement. La parcelle sera, dans un premier temps, un réservoir de rameaux pour création de BRF, mais aussi un réservoir de bois pour la mise en place des buttes et la culture de champignons, et un réservoir de paillis. Des ruches y seront disposées.
- La parcelle de l’île aux fruits, rue de Verdun, où sera mis en place une forêt jardin, une mycothèque dans l’ancienne usine, ainsi qu’un laboratoire de transformation, des cultures hors sol, la mise en cultures de bandes le long de la grande halle, une mini-ferme avec l’installation d’un poulailler, de clapiers à lapins, cochons, poneys, etc.

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