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Méthaniseurs en construction : la force du collectif

En unissant leurs forces, près d’une trentaine d’agriculteurs du sud Ardennes, engagés chacun dans un projet de méthanisation, ont permis la construction d’un poste de rebours sur leur territoire. De quoi pouvoir exporter leur biométhane. 

Les huit méthaniseurs actuellement en construction dans le Vouzinois vont  produire du gaz qui sera injecté dans le réseau national. La première phase  des travaux du rebours vient de s’achever. 
Les huit méthaniseurs actuellement en construction dans le Vouzinois vont produire du gaz qui sera injecté dans le réseau national. La première phase des travaux du rebours vient de s’achever. 
© D. R.

Rester indépendants tout en s’appuyant sur un travail collectif. C’est ce qu’ont choisi de faire un groupe d’agriculteurs ardennais pour mener à bien leur projet de méthanisation. 

Quand, en juin 2019, GRDF fait état, lors d’une réunion d’information, d’opportunités dans le domaine du gaz, l’idée a germé au sein d’un premier groupe d’exploitants du Vouzinois.

Si le droit à l’injection alors prochainement mis en place allait ouvrir de belles perspectives, la consommation de gaz sur le secteur s’avérait néanmoins trop insuffisante. Un projet de station de rebours était alors envisagé pour permettre d’injecter le biométhane circulant dans le réseau de distribution local vers le réseau de transport national. Reste que pour valider sa construction, GRDF et l’État devaient être assurés d’atteindre une certaine puissance et donc voir un nombre suffisant de méthaniseurs sortir de terre. D’où la démarche des agriculteurs de mutualiser leurs efforts (techniques, financiers et humains) afin de favoriser l’émergence de leurs projets respectifs. 

 

Mutualiser les coûts de raccordement

C’est ainsi que ce collectif s’est mis en place. De quatre exploitations au départ, ils sont passés à huit. Près d’une trentaine d’agriculteurs qui se réunissent depuis régulièrement pour partager des informations - les difficultés comme les bonnes idées - réfléchissent ensemble à chaque étape du développement de leur unité. «Nous avons organisé ensemble des visites d’unités en fonctionnement, des rencontres avec la Dreal pour nous informer de la réglementation… Nous avons pu bénéficier de formations avec la Chambre d’agriculture pour pouvoir évoluer techniquement, explique Christophe Manceaux, agriculteur à Leffincourt. Nous avons aussi signé le même jour nos contrats de rachat d’énergie, les bloquant ainsi au même prix. Mais, surtout, nous avons déci-dé de mutualiser une partie des coûts, notamment les coûts de raccordement aux réseaux.»

40  km de canalisations ont dû être construites. La réglementation le permettant, il a été fait en sorte d’avoir des coûts de raccordement qui soient quasi équivalents pour tous les projets. 

«L’effet de groupe a eu un effet rassurant auprès des financeurs, reconnaît Christophe Manceaux, dont l’unité de méthanisation entrera en fonctionnement d’ici quelques mois. Cela a aussi permis à de nouvelles associations de se créer, de favoriser une forme de solidarité entre agriculteurs, ajoute-t-il. Notre force est surtout d’avoir permis de faire émerger des projets à taille humaine, avec des systèmes qui sont bien adaptés au territoire et au profil des différentes exploitations. Nous ne sommes pas sur des systèmes intensifs. La méthanisation reste une activité complémentaire.» Chacun a en effet pu développer sa propre stratégie. Certains projets sont collectifs, d’autres individuels. Les puissances des unités ne sont pas les mêmes, cela va de 125 à 400 Nm3 de gaz produit. 

 

Aller plus loin

Cette notion de mutualisation progresse toujours. «Nous continuons d’avoir des réunions régulières avec le groupe pour évoquer nos différents chantiers, poursuit l’agriculteur. D’autres projets sont en réflexion, comme la création de stations GNV, pour tendre vers davantage d’autonomie, ainsi que la mutualisation des systèmes d’épandage, de récolte des Cive.» Un nouveau groupe s’est d’ailleurs formé pour échanger sur la technicité indispensable à la production des cultures intermédiaires. «Il s’agit d’étendre ce travail à d’autres unités de méthanisation, aussi bien en cogénération qu’en injection, pour toujours améliorer les connaissances, partager les données. Nous avons besoin que l’on poursuive la structuration de la filière méthanisation dans notre département», insiste Christophe Manceaux. 

Lequel est également engagé comme élu au sein du Guichet unique méthanisation, qui propose aux agriculteurs un accompagnement pluridisciplinaire de leur projet. Le collectif d’agriculteurs sud ardennais souhaite que son expérience puisse servir à d’autres et entend communiquer sur les atouts de la méthanisation et les bénéfices d’une telle démarche collective.

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