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Perrine Parmentier : une installation réussie dans les hortillonnages

Installée depuis un an, sur une parcelle dans les hortillonnages d’Amiens, Perrine Parmentier cultive des légumes.

Chaque jour, Perrine propose aux clients qui ont commandé sur son site Facebook, «Mon Panier Nature» ses paniers, sur le parking de Camon, rue Roger Allou.
Chaque jour, Perrine propose aux clients qui ont commandé sur son site Facebook, «Mon Panier Nature» ses paniers, sur le parking de Camon, rue Roger Allou.
© © F. G.


Rien ne la délogera des hortillonnages. «Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, je ne changerai pour rien au monde ma place dans ce lieu magnifique», déclame presque cette pétulante jeune femme de vingt-huit ans aux taches de rousseur et au sourire radieux. Pourtant, les hortillonnages n’ont pas toujours été sa tasse de thé. Inquiétants même, ils ont été à ses yeux, quand il y a huit ans de cela, une mini-tornade s’est abattue sur le site alors qu’elle cueillait des tomates dans la serre de son père, avec sa mère. Le «vent s’est engouffré dans la serre. Pour que la bâche ne s’envole pas, j’y suis montée dessus et j’ai été soulevée par la force du vent. Ce n’était pas très rassurant», se souvient-elle.
Pas très «fun» non plus d’avoir les mains dans la boue et le corps courbé sur les cultures, quelle que soit la météo. Pourtant, c’est à cet endroit qu’elle a décidé de se lancer dans le maraîchage, et pas ailleurs, repoussant même les propositions de la Chambre d’agriculture de la Somme, qui lui offrait de s’intailler sur des parcelles en plaine.
Celle qui a grandi dans les hortillonnages sur les talons de son père, Francis, se destinait en fait à la coiffure. Pour elle, les hortillonnages n’étaient alors que son terrain de jeu d’enfant, lorsqu’elle s’amusait avec la terre, construisait des cabanes avec des cageots et chipait des légumes, sans se faire attraper, pour jouer à la cuisinière. Mais tout change quand elle commence à travailler avec son père, faute d’avoir trouvé un stage en coiffure pour s’y être prise trop tard. La greffe ne prend pas, cependant, tout de suite. Et d’autant plus que son père n’est pas très enthousiaste à l’idée que sa fille devienne maraîchère dans les hortillonnages, travail difficile s’il en est, et encore plus pour une femme, juge-t-il.
Si ses débuts auprès de son père ne l’enthousiasment guère, Perrine se prend pourtant au jeu petit à petit. «C’est venu petit à petit. Le site est magnifique. On n’est jamais enfermés. Même s’il pleut, on s’en fout. On est complètement libres dans nos parcelles au milieu de l’eau, qui côtoient les petits jardins de particuliers, avec qui on échange. On est au premier poste pour observer le changement des saisons, la faune et la flore. Puis, on travaille en bateau, car nos parcelles n’ont pas de terrain de plain-pied. Alors, même si c’est parfois dur de travailler dans les hortillonnages, je l’ai choisi et j’assume pleinement», affirme-t-elle.

Un travail d’arrache-pied
En juin 2017, elle décide de s’installer sur une parcelle de 1,03 ha appartenant à un particulier. Ce dernier lui en laisse l’usage gratuit durant un an, car il faut la défricher et le travail à faire est colossal. Le 19 septembre prochain, elle signera un bail pour la location de la parcelle. Sur cette terre riche, humide, souple et noire de couleur du fait, en partie, de la tourbe qui vient s’y mêler l’hiver, elle cultive des potirons, des betteraves, des courgettes, des fines herbes, des  jeunes salades, des blettes, des choux, des haricots, des concombres et des melons. Radis, salades, tomates et aubergines sont sur les parcelles de son père, plus humides. L’entraide est la règle entre le père et la fille. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui a tout enseigné du maraîchage dans les hortillonnages. «C’est mon père mon enseignant. J’ai tout appris sur le terrain avec lui», commente-t-elle.
Les saisons rythment son travail. Tout recommence en février, lorsque le temps est venu de labourer les terres et de les fraiser de nouveau. Sont alors plantés les jeunes salades et les légumes primeurs. Avril, mai et juin sont des mois intenses. Il faut à la fois entretenir et récolter les légumes de printemps, puis semer ou replanter, au même moment, les légumes d’été et d’hiver. «Il ne faut pas compter les heures de travail à cette période. Il en est de même en septembre. Le travail est intense, mais cela vaut le coup», dit Perrine. En octobre, le rythme se ralentit enfin. C’est l’heure de rentrer les légumes d’hiver. Il n’y a plus alors grand chose à faire dans les parcelles jusqu’en février.
Hormis cette période d’accalmie en hiver, le travail est intense, et ce, pour diverses raisons. D’une part, parce que la majeure partie des travaux de culture se font à la main. Les seules machines utilisées sont un micro-tracteur, une moto-bineuse et un semoir à main. Et pour cause. Le terrain est trop mou et humide pour supporter le poids d’une machine. Et, d’autre part, parce que les parcelles n’étant accessibles que par bateau, le travail de manutention est important, soit charger et décharger les productions, ainsi que les plants.

Commercialisation
Au bout d’une année, même si sa parcelle a souffert des orages du printemps 2017 et de la sécheresse de cet été, l’obligeant à investir dans deux pompes de plus et un système d’irrigation complet, le bilan qu’elle tire, un an après son installation, est positif. Et pour cause. Elle vend quasiment toute sa production. Le marché du Colvert et quelques grandes et moyennes surfaces sont son débouché principal. Mais pas seulement.
Depuis un mois, elle a créé une vente directe de paniers de saison sur Facebook. Son site, «Mon Panier Nature» propose aux clients des paniers à dix euros, du lundi au vendredi, à récupérer à partir de 17h, sur le parking de la rue Roger Allou, à Camon, face aux barques. Ceux qui veulent composer leur propre panier peuvent aussi le faire, mais le prix des légumes est celui au détail fixé au marché. La réservation se fait la veille pour le lendemain.
Autres débouchés : la plateforme Somme produits locaux, qu’elle vient de rejoindre, et les restaurateurs locaux. Evolution sociétale oblige, ses clients l’incitent à produire bio. «Je me suis renseignée auprès de maraîchers bio. Franchement, si je compare nos pratiques aux leurs, il n’y a pas beaucoup de différence. Je suis en agriculture raisonnée. Pour l’heure, je ne sais pas encore si je franchirai le pas. J’y réfléchis, mais ma priorité actuelle, et sur laquelle je me concentre, c’est de produire de beaux et de bons légumes à des prix abordables pour mes clients», conclut-elle. Bon sens et qualité.

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