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Pommes de terre : le rendement et la qualité mais pas les prix

Les arrachages de pommes de terre tirent à leur fin cette semaine. La campagne est marquée par une offre excédentaire.

Les rendements dépassent souvent les 50 tonnes à l'hectare.
Les rendements dépassent souvent les 50 tonnes à l'hectare.
© S. Leitenberger

2014 restera, à n’en pas douter, comme une bonne année en rendement et en qualité pour la production des pommes de terre de consommation.
C’est la première satisfaction du producteur quand arrive la récolte. S’il ne s’est pas levé la nuit pour déplacer les enrouleurs, il n’a peut-être pas toujours bien dormi en entendant les coups de tonnerre et la pluie cingler, signes d’une vigilance accrue contre le mildiou. De ce côté-là, il dispose de produits performants qui le sécurisent s’ils sont bien employés.

L'inconnue de la conservation
Cela étant, les excès de la pluviométrie du mois d’août commençaient à en inquiéter plus d’un. Des craintes justifiées au regard des premiers arrachages du début de septembre. «Ils ont été compliqués notamment en raison d’une tare terre importante», explique Solène Garson, ingénieur au Gitep. Jusqu’au retour de la pluie, la situation est restée difficile avec l’installation de la sécheresse et les températures extérieures un peu élevées. «Globalement, souligne Solène Garson, la maturité des tubercules s’est déroulée sur une très longue période. Certains producteurs pour le marché du frais ont été amenés à arracher des tubercules à la peau mal terminée plutôt que de prendre le risque de la dartrose».
Il reste l’inconnue de la conservation car il ne faut pas se le cacher, le mildiou a quand même réussi à descendre au pied et en tas, l’erwinia peut prendre le relais et causer des dégâts. Le maître mot en ce domaine est la ventilation du tas installée et mise en fonction au fur et à mesure qu’il est constitué selon les recommandations d’Arvalis.
Autres éléments d’importance comme le souligne Jean-Michel Damay, président de la section pommes de terre de consommation de la Fdsea, «c’est de bien choisir ses parcelles en vue de la qualité et ne pas se lancer dans la production sans assurer son débouché avant la plantation». Un certain volume ne trouvera pas de place en stockage cette année.

Eviter d'amener des volumes libres
Au moment où la campagne de commercialisation démarre, où le marché se cherche et que les cours s’ajustent, il faut éviter d’amener des volumes libres qui plomberont durablement les prix (cf recommandations de l’Unpt ci-dessous).
Dans un message récent adressé aux producteurs, Arnaud Delacour, président de l’Unpt, rappelle que l’offre de pommes de terre est devenue structurellement excédentaire. «A débouché équivalent, dix mille hectares au minimum sont plantés en trop en France. Pensez donc l’année prochaine à baisser sensiblement la surface en pommes de terre pour être en phase avec la demande», a-t-il plaidé.
Ne pas oublier qu’il n’y a pas que la production qui intervient sur l’évolution du marché cette année. Il y a aussi la réponse de la Russie à l’embargo européen. «Il faut s’attendre à ce qu’il se fasse ressentir à un moment ou un autre et que deviendront les exportations de nos voisins belges ou hollandais ?» s’inquiète Jean-Michel Damay. Pour l’heure, «l’Unpt est en alerte et compte sur les informations transmises par les producteurs pour avoir la connaissance la plus précise possible de l’évolution du marché et envisager des pistes de solutions les mieux adaptées», conclut Jean-Michel Damay.

Il est avéré que la récolte de pommes de terre sera très importante quel que soit le créneau de commercialisation, la zone géographique aussi bien française qu’européenne ou simplement la variété. Les cours sont déjà très bas et les producteurs spécialisés sur le marché du frais peuvent s’inquiéter à juste titre.
La première recommandation de l’Unpt par la voix de son président, Arnaud Delacour, est la suivante : «Ne donnez pas vos pommes de terre à votre opérateur commercial habituel !». En langage plus direct, il faut comprendre : «Ne bradez pas vos pommes de terre à votre acheteur habituel !».
Pour cela, l’Unpt propose d’explorer plusieurs possibilités pour écouler du volume en excédent : l’alimentation animale. Elle a fait ses preuves.
La méthanisation est un nouveau débouché qui peut absorber des volumes intéressants.

Donner à Solaal
Et puis, tant qu’à donner des pommes de terre, autant les donner à Solaal (Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires). C’est une association fondée en 2013 à l'initiative de Jean-Michel Lemétayer, reconnue d’intérêt général, qui facilite le lien entre les donateurs des filières agricole et alimentaire et les associations d’aide alimentaire. Elle rassemble une douzaine d’associations caritatives habilitées et un grand nombre d’organisations issues des secteurs agricole, industriel, de la grande distribution, des interprofessions agricoles et alimentaires et des marchés de gros.
Solaal recense l’offre du donateur, la propose à ses associations membres que celui-ci a préalablement choisies ou aux douze associations si ce n’est pas le cas puis met en relation le donateur et les associations intéressées. De plus, Solaal leur demande un engagement sur la traçabilité du don sous la forme d’une attestation fournie au donateur qui concerne à la fois le volume et la prestation.

Réduction d’impôt pour le donateur
Donner, c’est bénéficier d’une réduction d’impôt à hauteur de 60 % de la valeur du stock du produit ou du prix de revient (si l’acheminement est effectué au frais du donateur) et dans la limite de 5 pour mille du chiffre d’affaires. Solaal aide au calcul de cet avantage fiscal.
Pour télécharger le guide du don alimentaire et découvrir d’autres informations complémentaires : www.solaal.org.

Résister aux ruptures de contrat
En année de marasme, il est bien connu que tous les prétextes sont bons pour qualifier la marchandise de "non conforme". L’Unpt recommande le recours à l’analyse de lots par un laboratoire qualité indépendant parce que la qualité d’un lot de pommes de terre est totalement indépendante des conditions de marché et qu’il faut, par conséquent, résister aux ruptures abusives auxquels certains acheteurs peuvent céder.
De même pour ce qui concerne les promotions pratiquées par les enseignes de la distribution. «Il est inadmissible que les prix en magasins soient inférieurs aux coûts de production départ champ et nous invitons les producteurs à nous faire connaître ces pratiques», a écrit Arnaud Delacour.

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