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Fourrages
Pousses et rendement des prairies : s’inspirer de 2023 pour préparer 2024

En 2023, pâturée ou récoltée, l’herbe a été abondante grâce aux conditions climatiques favorables. La compilation et l’analyse de l’ensemble des résultats d’analyses d’herbe réalisées par Avenir conseil élevage lors de cette année permet de tirer quelques enseignements qui seront autant de points de vigilance pour la campagne 2024 qui va débuter prochainement.

Grâce à une très bonne pousse de l’herbe, l’année 2023 a souvent été l’occasion de reconstituer des stocks fourragers  qui étaient déficitaires.
Grâce à une très bonne pousse de l’herbe, l’année 2023 a souvent été l’occasion de reconstituer des stocks fourragers qui étaient déficitaires.
© Pixabay

Les données de pousse des prairies permettent de confirmer et surtout de chiffrer l’impression générale : le millésime herbager 2023 a été abondant. En moyenne, une prairie a produit 11,2 t de MS par hectare ! C’est près de 3 tonnes au-dessus de la moyenne décennale.

Les courbes de pousses peuvent être découpées en trois grandes périodes :

- un printemps froid et relativement sec qui retarde la pousse jusqu’à fin avril, mais sans jamais faire de pic de croissance ;

- un été arrosé avec une pousse constante entre 40 et 60 kg de MS/ha journalier ;

- une reprise avec un pic atteignant les 80 kg de pousse en automne. Cette repousse était de bonne qualité, car essentiellement feuillue.

Les rendements des deux premières périodes sont sensiblement identiques (8,9 TMS au totale), alors que de début septembre au 30 novembre, il est de 2,3 TMS.

 

L’herbe ensilée

Plus de 650 analyses d’herbe récoltée ont été réalisées en 2023, principalement sous forme d’ensilage et d’enrubannage. Pour les enrubannages (herbe et luzerne), les moyennes obtenues sont proches des tables Inra. Le nouveau critère BPR (Balance protéique ruminale), qui quantifie l’azote soluble apporté par les aliments aux microbes de la panse, est légèrement plus important qu’en 2022 pour les ensilages d’herbe et pour la luzerne, mais la MAT moyenne reste plus faible qu’avant 2021. À l’inverse, les foins de prairie affichent, en moyenne, une BPR négative qui résulte d’un déficit en azote soluble.

18 % des récoltes analysées ont un taux de matière sèche (MS) inférieur à 28 %. Avec des teneurs aussi faibles, le risque de pertes au silo augmente de manière importante ; il peut y avoir des écoulements de jus et une mauvaise acidification du fourrage, d’autant plus si la MAT est élevée. L’association de ces facteurs provoque des fermentations indésirables et peuvent entrainer le développement de butyriques.

À l’inverse, un taux de MS élevé (>50 %) semble pénaliser les teneurs en UFL et en MAT. L’explication la plus probable est liée au stade de récolte du fourrage : un stade avancé favorise le rendement mais pénalise les teneurs PDI et MAT. Dans cette classe d’échantillons (MS > 50 %), les stades de récoltes avancés sont certainement plus représentés. Dans tous les cas, outre le stade de récolte, facteur déterminant de la richesse alimentaire du fourrage, il est important de viser un taux de MS pour récolter. Pour l’ensilage d’herbe, l’optimum se situe entre 30 et 35 % de MS afin d’assurer une bonne conservation du fourrage et maintenir son niveau de valorisation, notamment grâce à l’ingestion. Au-dessus de 40 %, le silo peut repartir en fermentation avec des pertes par échauffement (le tassage est plus difficile).

 

La date de récolte

La mise en relation des résultats avec la date de récolte des échantillons démontre une nouvelle fois l’importance d’ensiler tôt. Pour un ensilage, et un enrubannage, la fauche est à réaliser avant le début de l’épiaison afin de conserver un maximum de valeurs alimentaires. En effet, à l’épiaison, la cellulose augmente tandis que l’énergie et la matière azotée diminuent.

Depuis trois ans, les récoltes d’automne se distinguent par leurs résultats en MAT et PDI. Les conditions de météo de l’arrière-saison ont permis des repousses feuillues avec une bonne minéralisation des éléments nutritifs pour la plante. Ces récoltes offrent des qualités qui peuvent convenir à des vaches laitières, notamment dans une ration à base d’ensilage de maïs.

 

L’enrubannage d’herbe

D’après les résultats des analyses d’enrubannage d’herbe 2023, la valeur UFL est optimale lorsque le taux de MS du fourrage est de 50 à 55 %. Au-delà, la digestibilité diminue rapidement tout comme la teneur en MAT. En revanche, les PDI augmentent avec la MS et récolter trop humide, c’est se priver de bonnes protéines qu’il faudra alors acheter. Outre le stade de récolte évoqué précédemment, pour réaliser un enrubanné de qualité, le meilleur compromis du taux de MS se situe entre 40 et 55 %.

Les résultats des analyses montrent une grande hétérogénéité des valeurs alimentaires. Que ce soit pour des vaches en production, des génisses, des vaches taries... toutes les coupes d’herbe sont intéressantes à condition qu’elles soient bien conservées et adaptées aux animaux qui les consomment. Grâce à une très bonne pousse de l’herbe, l’année 2023 a souvent été l’occasion de reconstituer des stocks fourragers qui étaient déficitaires.

Pour faire mieux en 2024, il faudra veiller à adapter les stades des différentes récoltes aux besoins des animaux et s’assurer d’avoir un fourrage sec sans excès et continuer à analyser les valeurs alimentaires des récoltes !

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