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Protéines et production laitière : quelles voies d'avenir ?

Déficit protéique d’un côté, hausse des cours des protéagineux de l’autre, et nouvelles demandes des consommateurs. Quelles réponses possibles face à ces problématiques ?

En moyenne, les élevages les plus efficaces produisent 100 000 litres de lait avec 6 000 kg de MAT en moins que ceux moins efficaces, soit environ 12 t de soja.
En moyenne, les élevages les plus efficaces produisent 100 000 litres de lait avec 6 000 kg de MAT en moins que ceux moins efficaces, soit environ 12 t de soja.
© © D. R.



«Selon les cours, l’achat de tourteaux azotés est une problématique économique, mais actuellement, je suis aussi à la recherche de solutions pour une question d’image auprès du public et pour ma satisfaction personnelle.» L’intervention d’un participant au début de la réunion Hivernales d’Avenir conseil élevage, à Moliens (60), a le mérite de présenter deux composantes du sujet traité : «Protéines et production laitière : quelles voies d’avenir ?»
Avant d’aborder concrètement les voies d’amélioration possibles, il faut savoir qu’une part des protéines est dégradable dans le rumen, tandis qu’une autre sera valorisée au niveau de l’intestin (PDIA).
Les besoins de la vache laitière varient essentiellement selon son niveau de production. Plus il est élevé, plus la part de matière azotée non dégradable dans le rumen est importante. Ainsi, pour maintenir le niveau de production, il faudra prendre en compte la nature de la MAT (Matière azotée totale).

Faire un bilan
Dans la plupart des cas, supprimer la totalité des achats semble compliqué. En revanche, les réduire est tout à fait envisageable. Pour mesurer l’intérêt économique et la faisabilité de cet objectif, les conseillers d’Avenir conseil élevage ont analysé les bases de données à leur disposition afin de construire une méthode de calcul du bilan de l’efficacité de l’alimentation protéique des élevages.
Le premier calcul consiste à déterminer les besoins du troupeau liés à la production laitière, l’entretien des animaux et au renouvellement. Ainsi, il est établi que pour produire 100 000 litres de lait, il faut un peu plus de 14 t de MAT, soit 31 t en équivalent tourteau de soja. La suite du bilan a pour objectif de connaître la proportion de cette MAT apportée par les fourrages et les concentrés.
Les résultats obtenus permettent une comparaison selon le système de production (proportion d’herbe dans le système fourrager). Tous les systèmes ont des besoins en protéines équivalents. En revanche, au sein des groupes de comparaison, il existe de réelles différences de quantités de MAT apportées. En moyenne, les élevages les plus efficaces produisent 100 000 litres de lait avec 6 000 kg de MAT en moins que ceux moins efficaces, soit environ 12 t de soja.
Avant de travailler à la réduction de la dépendance protéique d’un élevage, ce bilan permet de mesurer l’efficacité azotée de l’alimentation. Dans certains cas, améliorer ce critère peut constituer un premier levier avec des résultats non négligeables. Les plus efficaces affichent 175 g de concentrés par litre avec un niveau de marge brute de 233 €/1 000 litres.

La voie fourragère
Au-delà de ce premier constat, la réduction de la dépendance protéique peut passer par l’amélioration de la conduite des surfaces fourragères : prairies permanentes, temporaires ou encore en implantant des méteils, des dérobées ou autres intercultures.
Pour optimiser les surfaces en herbe, il est possible de travailler à la réorganisation du pâturage, mais aussi au stade de récolte. Les ensilages d’herbe analysés par Avenir conseil élevage affichent en moyenne 15 % de MAT avec cinq points d’écart entre le ¼ inférieur et le ¼ supérieur. C’est principalement le stade de récolte qui est à l’origine des écarts de valeurs alimentaires. La valeur alimentaire de l’herbe atteint son maximum avant épiaison, récolter au-delà n’aura pour effet que de déconcentrer cette valeur dans le rendement.

Produire son correcteur azoté
Dans notre région, la gamme de protéagineux disponible est peu étendue. La féverole semble être la piste la plus intéressante, notamment avec la possibilité de toaster la graine afin de la stabiliser et de rendre la MAT moins dégradable dans le rumen.
Même si l’autonomie protéique totale des élevages laitiers paraît complexe à atteindre sans nuire à leur rentabilité économique, il existe des pistes visant à améliorer l’autonomie des élevages. Avant tout, il convient de juger de l’efficacité avec laquelle les vaches utilisent la MAT distribuée (notamment grâce à la quantité de concentrés par litre de lait). Dans un même temps, l’optimisation des surfaces en herbe, avec notamment la réussite des récoltes et l’analyse des fourrages pour en connaître les valeurs, constitue un levier d’autonomie.
L’amélioration de l’autonomie protéique ne rime pas toujours avec une meilleure rentabilité économique. Les matrices de gains réalisées par Avenir conseil élevage permettent d’appréhender les situations potentiellement bénéfiques. Enfin, la disponibilité de main-d’œuvre et les besoins de mécanisation liés aux changements pratiques doivent également être pris en compte. En la matière, chacun doit expérimenter pour atteindre ses objectifs économiques, mais aussi personnels.



Des solutions concrètes à consulter

Dans le cadre du projet transfrontalier franco-belge Protecow, qui étudie notamment comment améliorer l’efficacité de l’alimentation azotée tout en préservant la rentabilité des exploitations de la région, deux jeux de fiches ont été réalisés :
• Le premier présente neuf solutions existantes
• Le second synthétise cinq simulations de remplacement du tourteau de soja
Ces documents sont disponibles sur le site web du projet Protecow et relayés sur celui d’Avenir conseil élevage.



La luzerne : un réservoir de MAT à complémenter

La luzerne présente de nombreux avantages : sa valeur MAT, son potentiel de rendement (il faut viser au moins 12 TMS par an), sa richesse en fibres et en calcium, son effet santé sur le troupeau… En contrepartie, son implantation et sa récolte la rendent délicate. Pour réussir l’implantation, il faut veiller à la préparation du sol, apporter la potasse et le phosphore nécessaires, ainsi que la chaux et le soufre. En implantation «luzerne pure», le désherbage est très souvent incontournable pour lui laisser le temps de lever. La récolte doit être rapide. Plus le temps de séchage augmente, plus il est délicat de conserver la valeur alimentaire.
L’utilisation de la luzerne a pour effet de «déconcentrer» les rations. Ainsi, en cas d’incorporation en grande quantité, il faut veiller à l’apport de fourrages riches en énergie pour contrebalancer (par exemple un ensilage de maïs épis).

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