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Qualité de la viande : «la race n’est pas prépondérante»

Interview de Jean-François Hocquette, directeur de recherches de l'Ira.

© Sophie Giraud

Alors que sort au cinéma un documentaire intitulé Steak Révolution, à la recherche du meilleur steak du monde, Jean-François Hocquette, directeur de recherches de l’Inra et animateur du groupement d’intérêt scientifique «Muscle, Viande et Produits Carnés» nous explique ce qui fait une bonne viande bovine.

Dans son ouvrage L’effet bœuf , le boucher parisien Yves-Marie Le Bourdonnec estime que la viande anglaise est la meilleure du monde. Êtes-vous d’accord ?
Il faut d’abord s’entendre sur la qualité. il y a d’un côté les caractéristiques intrinsèques de la viande, comme la tendreté, le goût, la jutosité, la qualité nutritionnelle, la qualité sanitaire, etc.
Et il y a, de l’autre, les qualités extrinsèques, qui sont tous les critères recherchés par le consommateur-citoyen, le respect de l’environnement, le bien-être animal, mais aussi l’image de la marque, du label de qualité, etc. Plusieurs études scientifiques ont montré qu’il n’existait pas de différence majeure entre les races bovines, en termes d’appréciation sensorielle. Cela a été par exemple démontré pour la tendreté dans le cadre d’un programme de recherche européen sur quinze races différentes.

La viande de Charolaise a les mêmes qualités sensorielles que celle d’une Aberdeen-Angus ?
La race n’est pas prépondérante dans la qualité. Il existe des différences trop importantes entre animaux de la même race ou entre muscles du même animal, qui masquent complètement les éventuelles différences entre races. Certes les races ont des caractéristiques différentes – les races britanniques et surtout japonaises produisent des carcasses et des viandes plus grasses que les races à viande française, plus maigres car plus tardives. Mais le type d’animal (mâle ou femelle), le type de muscle et d’autres facteurs très importants comme la maturation restent prépondérants dans la qualité de la viande.

Si la race n’est pas prépondérante dans les qualités intrinsèques de la viande, quels sont les critères importants ?
Prenons le critère «tendreté».
Sa variation entre plusieurs carcasses s’explique pour les trois quarts par des facteurs non génétiques, parmi lesquels il faut surtout mentionner la maturation. Le stress aigu durant le transport et/ou l’abattage a aussi un rôle. Il va épuiser les réserves en glycogène du muscle et perturber la transformation du muscle en viande. Des travaux plus récents ont également montré que les bovins les plus stressés avant l’abattage sont aussi ceux qui produisent la viande la plus dure.

Aux yeux de Le Bourdonnec, les charolaises seraient trop coûteuses à engraisser, souvent trop maigres. Qu’en pensez-vous ?
Il faut trouver un compromis.
Le fait que la viande soit plus maigre peut conduire à un goût moins prononcé. En effet, la flaveur de la viande augmente avec le taux de lipides dans le muscle jusqu’à 4 à 5.
Cependant, plus la viande est grasse, plus elle est riche en acides gras saturés qui sont associées dans la survenue des pathologies cardiovasculaires. En France, la teneur en lipides dans les morceaux de viande nobles est aux alentours de l’optimum recherché.

Dans son ouvrage, il explique que les bouchers ont incité les éleveurs à ne sélectionner leur animaux qu’en fonction du rendement carcasse au détriment de la qualité de la viande. Faites-vous la même observation ?
Il est vrai que le système de paiement des éleveurs n’est pas basé sur la qualité sensorielle en bouche, mais davantage sur les caractéristiques de la carcasse des animaux. Mais cela ne veut pas dire pour autant que la qualité de la viande s’est dégradée. En effet, une enquête de l’institut de l’élevage en 2009 a montré que les consommateurs sont relativement satisfaits de la tendreté de la viande bovine qui leur est proposée. Cependant, il existe des degrés de satisfaction différents selon le type de produit dégusté et une grande variabilité de résultats par produit. Le problème c’est qu’il n’y a aucune relation nette entre le prix de vente du produit et la tendreté de celui-ci. Cela plaide pour un système plus moderne de rémunération de l’éleveur à la qualité réelle et en bouche de la viande appréciée par le consommateur, comme cela se développe par exemple en Australie.

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