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Secure colza : les leviers techniques se précisent

Implanter son colza et le protéger contre les attaques de ravageurs sont les obstacles à franchir pour que la culture soit rentable. C’est l’enjeu de Secure colza, un projet que mènent Agrosolutions (InVivo), Noriap et RAGT Semences. Résultats après une première campagne. 

Secure colza étudie trois leviers : la date de semis, la fertilisation à l’implantation et les plantes compagnes.
Secure colza étudie trois leviers : la date de semis, la fertilisation à l’implantation et les plantes compagnes.
© Alix Penichou

«Pour qu’une culture soit durable, il faut qu’elle soit rentable. Pour le colza, deux obstacles sont à franchir : l’implantation souvent mise à mal par les conditions sèches de la fin d’été et de l’automne, et la pression des insectes, en particulier des altises», résumait Philippe Pluquet, responsable technique productions végétales chez Noriap, en avril 2021, lors de la visite de la plateforme d’essais Secure Colza à Quevauvillers. La coopérative travaille sur ce projet en partenariat avec le cabinet Agrosolutions, filiale d’InVivo, et avec RAGT Semences, pour apporter des réponses à ces problèmes. 

Il faut dire que le constat est alarmant, avec la perte d’un tiers des surfaces françaises de colza en trois ans. Les Hauts-de-France sont passés de 1,5 million d’ha en 2017 à 1 million en 2020. «Cette année, environ 15 % de surfaces en plus ont été semées, grâce aux prix très attractifs. Mais il n’empêche que les agriculteurs ont besoin de leviers agronomiques pour sécuriser la culture», note Philippe Pluquet. Le colza a toute sa place au sein d’une rotation. «C’est une bonne tête d’assolement, qui permet une alternance cultures d’hiver/cultures de printemps qui offre une répartition des risques intéressante et une alternance des produits phytosanitaires utilisés.»  Après moisson et analyse des résultats, Secure colza peut aujourd’hui livrer quelques clés. L’objectif était «d’explorer différents itinéraires d’implantation, et déterminer l’intérêt économique qu’elles présentent pour l’agriculteur en calculant le coût de chaque itinéraire technique et la marge brute associée», livrent les porteurs du projet. 

 

Entre 911 et 1 294 /ha de marge brute

L’objectif annoncé était de 45 qx/ha. Il n’a pas été atteint, puisque les rendements sont compris entre 29,1 et 38 qx/ha (8,9 qx/ha de variation). «L’année n’a pas été favorable au colza. Sa floraison a été impacteé par les conditions froides et pluvieuses, et il a subi des fortes attaques de méligèthes», justifie Philippe Pluquet. Il n’empêche que les marges brutes calculées varient entre 911 et 1 294 /ha, avec un prix du colza à 500 /t. En avril 2021, le conseil était d’être «opportuniste» et d’implanter le plus tôt possible, soit dès que la pluie est annoncée.  «Une bonne anticipation de l’implantation permet de limiter l’assèchement du sol juste avant le semis», précisait Alizée Loiseau, consultante chez Agrosolutions. Ce conseil s’est vérifié. «Certaines modalités d’implantation permettent d’obtenir une optimisation de la marge brute de plus de 300 €/ha d’écart par rapport aux modalités témoins», notent les experts. 

Le facteur travail du sol, premièrement, a un impact conséquent. «Avec un travail du sol précoce on obtient un gain de rendement de 3,9 qx/ha et un gain de marge brute de 194 €/ha.» La date de semis, ensuite. Quatre dates ont été mises en place entre début août et mi-septembre, pour étudier la dynamique de croissance du colza à l’automne et sa résilience vis-à-vis des bioagresseurs. «Le semis le plus précoce a permis d’atteindre le stade 4 feuilles avant l’arrivée des altises», est-il indiqué. Un critère non négligeable, alors que la protection insecticide altises adultes semble vouée à disparaître. Un bémol toutefois : dans le contexte de l’année, les rendements ont été meilleurs sur les dates de semis intermédiaires. «Le régulateur appliqué sur la première date de semis et/ou un phénomène de fin d’azote en entrée d’hiver ont peut-être limité son potentiel de rendement», analysent les partenaires du projet. 

Au niveau des rendements, les modalités avec de la fertilisation starter et des dates de semis entre fin août et début septembre sont celles qui ont le mieux performé. «La fertilisation starter semble avoir permis de stabiliser les rendements sur les trois premières dates de semis, avec ou sans plantes compagnes. Au niveau économique l’apport d’une fertilisation starter semble toujours être intéressant pour améliorer sa marge brute (+145 €/ha par rapport au témoin avec un prix du colza à 500 €/t, + 98 €/ha avec un prix du colza à 350 €/t).»

 

Plantes compagnes : une assurance

La modalité plante compagne semée le 24 août a également très bien performé. «Ces plantes compagnes sont multiservices. Elles perturbent l’activité des ravageurs, apportent 20 à 30 unités d’azote, et captent du carbone. Leur implantation a un coût, mais c’est une forme d’assurance», soutient Philippe Pluquet. Une condition toutefois : ces plantes compagnes doivent être implantées suffisamment tôt pour pouvoir se développer. «Un semis des plantes compagnes après le 20 août semble peu pertinent en termes de rentabilité économique.»

Quels sont les coûts ? «Le gain de rendement observé avec les plantes compagnes n’a pas permis de compenser leur coût à l’échelle du cycle du colza (- 5 €/ha par rapport au témoin avec un prix du colza à 500 €/t, - 25 €/ha à 350 €/t). Cependant, la modalité mixte fertilisation starter et plantes compagnes semble présenter un compromis intéressant (+1 28 €/ha par rapport au témoin avec un prix du colza à 500 €/t, + 67 €/ha avec un prix du colza à 350 €/t) en permettant une meilleure croissance du colza à l’automne qu’avec uniquement les plantes compagnes, un meilleur gain de rendement et l’effet des plantes compagnes sur la culture suivante.»

Les résultats sont à retrouver dans leur intégralité sur www.agrosolutions.com

 

Secure colza : objectif 45 qx/ha toujours

Une campagne en cache une autre. Pour Secure colza également. Pour confirmer et affiner les résultats 2021, le projet a été reconduit pour la campagne 2021-2022 avec un protocole légèrement modifié : un site reconduit en partenariat avec la coopérative Noriap dans la Somme et un site avec la coopérative Dijon Céréales en Côte d’Or. «Cela permettra d’obtenir des données dans différents contextes pédoclimatiques», est-il expliqué. L’objectif de 45 qx/ha est ainsi reconduit. 
La plateforme samarienne est située à Argœuves, au nord d’Amiens, en terre de craie. La forte biomasse constatée en plaine laisse penser que le colza est bien parti. «Dans un précédent escourgeon, l’implantation a pu se faire de bonne heure. Avec la moisson tardive, elle était plus tardive qu’escompté dans un précédent blé, mais les conditions étaient humides et le colza a pu lever correctement», pointe Philippe Pluquet, responsable technique productions végétales de la coopérative. L’automne, moins chaud que d’habitude, a freiné l’activité des altises. «Les premiers Berlèse (méthode de comptage des larves d’altise) ont aussi permis d’affirmer qu’il y avait moins de larves que les années précédentes. Mais attention, ce n’est pas terminé. Elles peuvent encore sortir en nombre en février et en mars», prévient-il. 
 

5 points clés pour optimiser la culture

- travailler son sol précocement pour être prêt à semer dès que les conditions climatiques le permettent
- privilégier un semis précoce pour favoriser le développement des colzas avant l’arrivée des altises lorsque cela est possible (surtout dans un contexte réglementaire où la protection insecticide altises adultes semble vouée à disparaître)
- apporter une fertilisation starter pour favoriser l’implantation du colza et augmenter ses rendements
- Si le semis précoce n’est pas possible, ne pas hésiter à semer tardivement, jusqu’à mi-septembre dans la zone nord.
Les marges économiques restent intéressantes avec une fertilisation starter.
- Semer les plantes compagnes le plus tôt possible et au plus tard le 20 août pour favoriser leur développement et leur effet sur le colza et la culture suivante 
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