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Sommet international des jeunes agriculteurs

Réunis à Paris du 15 au 17 avril, des jeunes agriculteurs représentant les cinq continents ont échangé sur leurs problématiques communes, à porter auprès des gouvernements.

L’ensemble des participants autour de Samuel Vandaele.
L’ensemble des participants autour de Samuel Vandaele.
© D. R.

«Il n’est plus possible de prendre des décisions en agriculture sans les jeunes.» Rédigé avec trois jours d’échanges par une dizaine de jeunes agriculteurs venus de tous les continents, le manifeste issu du Sommet international des Jeunes agriculteurs (Sija) rappelle dès sa première phrase l’objectif de la rencontre. «Nous lançons à partir d’aujourd’hui un réseau pour porter les messages de toutes les organisations jeunes de la planète», un réseau indépendant, car «nous voulons que les problèmes des jeunes agriculteurs soient exprimés d’abord par les jeunes agriculteurs eux-mêmes», a expliqué Samuel Vandaele, nouveau président de Jeunes agriculteurs.
Organisé par JA, en partenariat avec l’association Afdi (Agriculteurs français et développement international), l’événement s’est tenu du 15 au 17 avril au ministère de l’Agriculture, à Paris. Car, en dépit de la diversité de cultures, de climat et de pratiques, les jeunes agriculteurs du monde font face à des problématiques communes, notamment celle du renouvellement des générations. L’accès à la terre est difficile partout.
En Nouvelle-Zélande, «le rêve d’avoir sa propre ferme est un rêve de plus en plus inaccessible», témoigne Chelsea Millar, qui représente l’organisation des jeunes agriculteurs néozélandais. Dans ce pays, c’est le système des fermes partagées qui se développe. Aux Etats-Unis, les Etats mettent en place des taxes spécifiques pour inciter les propriétaires à céder ou louer à de jeunes agriculteurs, explique de son côté Sophie Ackoff, vice-présidente de la National youg farmers coalition aux Etats-Unis, car sinon, la tendance est plutôt de vendre à des agriculteurs déjà installés, ou à des gens qui veulent une maison de campagne.
Au Mali, l’un des freins principaux est l’accaparement des terres par des investisseurs qui dépossèdent les paysans, explique Ibrahim Sidibé, membre de la Coordination nationale des organisations paysannes du Mali et du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA). Sans compter que le métier reste peu attractif. «Il faut que ceux qui vivent de l’agriculture soient des modèles pour les autres jeunes», juge le jeune agriculteur malien. Le manifeste rappelle ainsi les trois piliers de l’accompagnement des jeunes : la facilitation de l’accès au foncier, une véritable reconnaissance du métier d’agriculteur par les pouvoirs publics, mais aussi par les citoyens, la mise en place d’une représentation des jeunes agriculteurs présente et écoutée à la table des négociations.

L’enjeu du climat
Si l’installation est le premier obstacle des jeunes agriculteurs, la question du changement climatique, à la fois dans ses conséquences sur l’agriculture, mais aussi dans l’évolution des pratiques qu’il suppose pour s’adapter et réduire les impacts environnementaux de l’activité agricole, est un deuxième enjeu majeur. «Pour nous, jeunes agriculteurs de partout, ce débat sur le changement climatique n’est pas un débat d’idéologie», souligne Jannes Maes, président du Ceja, le Conseil européen des jeunes agriculteurs. «Il faut une politique d’adaptation. Nous avons besoin d’outils de gestion des risques», poursuit-il.
Le sujet est encore plus stratégique dans les pays du Sud. «Il y a beaucoup de déplacés du nord vers le sud au Sahel car, en plus des pluies très rares, on assiste au tarissement des cours d’eau, ce qui entraîne beaucoup de déplacements pour tenter l’activité ailleurs», témoigne Ibrahim Sidibé. Forcée de s’adapter, l’agriculture met donc en place des pratiques plus vertueuses, explique l’agriculteur malien. «Nous sommes beaucoup dans l’adaptation, tout simplement parce que la plupart d’entre nous vivent de l’agriculture, 64 % de la population malienne», indique-t-il, avant d’évoquer les techniques de compostage, d’agroforesterie, mais aussi l’utilisation de semences locales plus adaptées au contexte pédoclimatique.
Le rôle positif de l’agriculture dans la lutte contre le changement climatique ne doit donc pas être oublié. Pour Jannes Maes, il pourrait même être pris en compte dans l’installation. En favorisant un accès de longue durée à la terre, on favorise les pratiques durables. Pour les jeunes, les pratiques vertueuses sont aussi une opportunité plus rémunératrice. «Au Népal, les jeunes sont davantage tournés vers la culture bio et les nouvelles technologies», indique Menuka Pradhan, productrice de thé au Népal.
Des idées résumées dans le manifeste 2019, mais les échanges ont vocation à se poursuivre et à s’étendre grâce au projet d’une plateforme d’échange internationale entre jeunes agriculteurs, pour partager les pratiques, les problématiques, les initiatives. Une journée d’action internationale pour donner de la visibilité aux jeunes agriculteurs du monde entier devrait également se tenir chaque année. Enfin, un Sommet international de Jeunes agriculteurs aura lieu de façon régulière. Le prochain sera organisé en Afrique, en 2021.

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