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Stéphane Leullier, éleveur de vaches normandes à Caulières

Stéphane Leullier est installé en Gaec avec son frère Sébastien, à Caulières. Ils sont la quatrième génération à faire l’élevage de vaches normandes.

© AAP


Il aurait pu être professeur ou chercheur en mathématiques tant les chiffres le passionnent, mais il a préféré reprendre l’exploitation de ses parents. Point de choix par défaut ou d’abandon des maths, puisque Stéphane Leullier continue à «jouer» avec les chiffres, en faisant la gestion et la comptabilité du Gaec des Normandes.
Et si cela ne suffisait pas à étancher sa soif de calculs, il s’y replonge dans son poste de trésorier à la Cuma des Evoissons, à la CLHN, comme à un GIC de chasse. Des chiffres, il en voit encore en tant qu’administrateur de l’Association normande de Seine-Maritime, mais aussi de l’Organisation de sélection normande, de Groupama, de la commission normande de Gênes Diffusion, et comme délégué de Cap Seine.
Si tous ces engagements pourraient laisser à penser que l’homme se disperse, il n’en est rien. Tous ces postes sont en lien étroit avec son activité professionnelle. «Rien ne se perd, tout se transforme», disait le chimiste Antoine Lavoisier en son temps. Stéphane Leullier l’applique à merveille.
Avec aussi un autre besoin, très fort chez lui : l’échange. «Je ne pourrais pas être agriculteur en restant dans mon coin. Il faut que je m’oxygène, que je rencontre d’autres professionnels et que j’échange avec eux sur les choses que l’on peut améliorer ensemble. Cela fait un bien fou de se nourrir des idées des autres. On revient ensuite sur l’exploitation avec une pêche d’enfer», commente-t-il.
Améliorer, aller toujours plus loin, c’est bel et bien le défi que Stéphane se lance quand il décide de s’installer en 1995 en Gaec avec ses parents, après un Bac D’ et un BTS ACSE. «Au début,dit-il, on écoute ses parents. On suit tous leurs conseils.» Mais l’envie d’aller plus loin dans l’élevage le démange très vite. Et pour cause. Le stage de six mois pour l’installation, qu’il réalise chez un sélectionneur, lui fait découvrir la génétique. A peine achevé le stage, il suit les traces de son mentor en faisant participer les bêtes de l’exploitation à des concours.
C’est cependant en plaine qu’il passe le plus clair de son temps, à ses débuts, à la demande de son père. Ce dernier lui confie petit à petit la gestion administrative, puis aussi l’élevage. La transmission se fait dans les règles de l’art. «Mon père m’a transmis le goût du travail bien fait. Il m’a notamment appris à réaliser les travaux au bon moment, à ne pas rechercher le meilleur rendement, mais la meilleure marge tant au niveau du lait que des céréales, tout en respectant l’environnement, comme les autres dans le travail», explique-t-il. En d’autres termes, être efficace pour aller toujours plus loin. Une règle que le fils va appliquer à la lettre. Entre-temps, son frère, Sébastien rejoint le Gaec en 2005.

Aller le plus haut possible
De 100 vaches normandes avec un quota de 550 000 litres de lait, il passe à 130 avec un contrat à 967 000 litres. En septembre 2014, il décide d’intégrer le programme génétique de Gènes Diffusion, nouvel acteur dans la normande à cette époque. «Pour nous, c’est un vrai moteur. On travaille nos mères à taureaux par le biais de la transplantation embryonnaire. Nous en effectuons quatre à cinq par an. Du coup, on avance plus vite au niveau génétique. Notre objectif est d’aller le plus haut possible dans les index, ce qui permet d’améliorer le lait et la conformation. Maintenant, avec la génomique, cela va très vite», détaille-t-il. La stratégie dans toutes ces démarches est de «dégager le plus de revenus par UTH, sans faire appel à de la main-d’œuvre extérieure. Je dis cela, car nous devons faire à deux ce que nous faisions à quatre jusqu’à ce que nos parents prennent leur retraite en 2008. Mais il est vrai qu’ils nous donnent encore un coup de main», reconnaît-il.
C’est pour cette raison notamment qu’ils ont investi dans des robots de traite, qu’ils vont être équipés d’ici juin d’un distributeur automatique de lait, qu’ils ont des détecteurs de chaleur et de vêlage pour aider à la surveillance des bêtes. Côté plaine, la technologie n’est pas plus absente, puisqu’ils ont recours à l’auto-guidage et à la coupure de tronçons automatique. «Avec ces technologies, on est plus pointus, et, de surcroît, on gagne du temps et de l’argent, même si l’on doit investir au départ», indique-t-il.
Après vingt-et-un ans de métier, sa passion est intacte. «On a toujours à apprendre. Il faut se remettre constamment en cause, car on peut faire mieux. C’est une question de volonté. C’est motivant», remarque Stéphane. En revanche, hors de question de changer de race. «On voit la vie en couleurs avec cette vache. Regardez sa robe, c’est juste fabuleux. C’est vraiment une belle race», s’extasie-t-il. Et une race qui rapporte : «Outre la valeur ajoutée qu’elle représente tant par la qualité de son lait que par sa richesse en matière grasse et protéique, et un produit viande supérieur, c’est une race très calme et rustique. Nous avons aussi, de ce fait, moins de frais vétérinaires. Cette race représente donc une plus value intéressante, et d’autant en ces temps de crise de l’élevage», note-t-il.
Si la crise le touche moins, elle ne l’épargne pas pour autant. «On va perdre des exploitations sur tout le territoire, dit-il. Aussi les éleveurs doivent-ils être efficaces techniquement et économiquement. Nous, dans tous les cas, on s’y emploie avec mon frère, en étant attentifs à tous les paramètres», conclut-il.

Le Gaec des Normandes

- 223 ha répartis entre le site de Caulières et celui de Bovelles

- Cultures : escourgeon, blé, colza, pois, betterave sucrière, maïs ensilage, luzerne et prairies permanentes
- Elevage : 130 vaches normandes avec un droit à produire de 967 000 litres de lait

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