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Tereos : les derniers épisodes du feuilleton de l’été ?

Les décisions qui s’enchaînent autour du groupe betteravier rendent les hommes et les positons difficilement conciliables.

Les différentes régions (sections) de la Coopérative Tereos SCA
Les différentes régions (sections) de la Coopérative Tereos SCA
© D. R.

Lors de nos dernières éditions de L’Action agricole picarde, nous avons relaté d’un côté la décision de 70 conseillers des régions Nord, Nord Littoral et Picardie Ouest de démissionner du groupe Tereos, les récriminations précises de deux leaders démissionnaires, et l’analyse de deux membres du conseil de surveillance du département de la Somme, non démissionnaires. Les évènements se sont en enchaînés depuis, car le 9 août dernier, les trois anciens membres du conseil de surveillance démissionnaires qui se sont exprimés par voie de presse, Messieurs Gilles Bollé, Gérard Clay et Xavier Laude, ont été convoqués devant le conseil de surveillance dans le cadre d’une procédure d’exclusion.
Suite à cette audition, le conseil de surveillance a décidé de prononcer leur exclusion, ce qui a été signifié le 16 août aux intéressés et à l’ensemble des coopérateurs. Dans son communiqué, le groupe indique que «le conseil de surveillance considère avoir pris une décision exceptionnelle compte tenu de raisons exceptionnelles, à savoir la gravité des faits commis par les coopérateurs concernés (…) et n’a sanctionné ni la liberté d’expression, ni même le cours de débats internes mais le dénigrement public, systématique et mensonger destiné à affaiblir la coopérative vis-à-vis de ses partenaires, en période de négociations commerciales avec ses clients, et à jeter le discrédit sur ses organes.» François Leroux, président du conseil de surveillance, a tenu à souligner : «Les échanges exceptionnellement nombreux et approfondis menés ces dix-huit derniers mois au sein de notre coopérative ont permis à chacun d’exprimer son point de vue et d’obtenir toutes les réponses détaillées aux questions posées. (…). Dans ces conditions, il n’est pas tolérable de mener une campagne de dénigrement public à partir d’informations fausses et trompeuses en portant atteinte à la réputation du Groupe et aux intérêts des coopérateurs en voulant faire croire que le Groupe ferait face à une situation financière difficile, ce qui est faux, ou en déformant publiquement la réalité des débats internes ayant eu lieu et des décisions prises par la coopérative. Nous regrettons cette situation, mais nous ne l’avons pas créée, et les coopérateurs de Tereos en sont les victimes. Il était de notre devoir de sanctionner l’inacceptable (…). Les fondamentaux économiques et financiers de Tereos, qui est devenu cette année le deuxième groupe sucrier mondial, sont solides et résilients. La stratégie de diversification mise en place depuis des années a démontré son efficacité en contribuant à hauteur de 70 % aux résultats opérationnels du Groupe.»

Réaction des coopérateurs exclus
L’exclusion d’associés coopérateurs est un fait rarissime, qui suscite de nombreuses réactions auprès des intéressés, dans la filière ou dans la profession. En effet, les trois coopérateurs exclus ont rédigé une réaction commune, dans laquelle ils indiquent que «cette exclusion n’ayant aucun fondement, elle va faire l’objet d’une contestation devant les tribunaux compétents». Et de se justifier : «Nous, coopérateurs exclus, n’avons jamais dénigré notre coopérative, à laquelle nous sommes particulièrement attachés. Derrière les éléments de langages de Tereos, la sanction dont nous faisons l’objet a pour unique origine la volonté du directoire et d’une partie du conseil de surveillance de punir trois anciens membres qui ont relayé les difficultés rencontrées dans leur mission de surveillance du directoire et leurs doutes sérieux sur la gestion de Tereos (…). Une telle méthode de gouvernance est inacceptable : le rôle du directoire est de justifier de son action et de documenter, auprès des membres du conseil de surveillance, ses affirmations sur la situation de Tereos, alors même que les résultats ne sont pas bons. A la fin de la gestion de Philippe Duval, Tereos publiait un résultat net double de Nordzucker et se rapprochait de Südzucker. Nous en sommes très loin aujourd’hui. Ne nous y trompons pas, la crise que traverse Tereos a une origine et une seule : la gestion et la gouvernance du groupe. Une partie du conseil de surveillance met la défense du directoire avant son rôle de contrôle : c’est une erreur. Nous sommes aujourd’hui sanctionnés pour avoir voulu exercer ce contrôle et mettre fin à la pratique consistant à faire du conseil de surveillance une chambre d’enregistrement (…). Cette défaillance de la gouvernance a rendu inévitable les alertes publiques, circonstanciées et objectives, des exclus, qui sont allés jusqu’à démissionner de tous leurs mandats pour retrouver une liberté de parole. C’était un devoir vis-à-vis des coopérateurs inquiets qu’ils représentent, aussi gênant que cela puisse être pour le directoire et une partie du conseil de surveillance de Tereos. L’heure est grave : les représailles menées par Tereos à l’encontre des anciens membres ne font que souligner un peu plus la défaillance de la gouvernance du groupe et ne répondent en rien aux inquiétudes sur les résultats. Il est urgent que la raison revienne : notre coopérative existe pour soutenir la production de betteraves dans nos régions. Son développement n’avait qu’un seul objectif : apporter un complément de revenus lorsque la rémunération de la betterave serait affaiblie. Il est urgent que notre coopérative retrouve du bon sens et une gestion qui permette de soutenir réellement le revenu des coopérateurs.»
Pour leur part, les président(e)s des syndicats CGB, FDSEA et JA des départements concernés (Nord, Pas de Calais, Somme et Oise), ont réagi en rappelant que «les orientations des coopératives sont de la responsabilité du Conseil d’Administration et de l’assemblée générale de la coopérative. Les principes fondamentaux de la coopération sont portés par le syndicalisme : à ce titre, nous n’acceptons pas d’exclusion d’adhérents pour divergence d’idées et nous demandons le réexamen de cette décision en vue de leur réintégration. A la veille de cette nouvelle campagne, la non représentation de régions entières pose un immense problème : cela ne peut rester en l’état. De nouvelles élections doivent être envisagées rapidement : il faut tout mettre en œuvre pour retrouver l’équilibre entre les territoires au sein du Conseil de Surveillance.»

Retrouver un climat apaisé
Le seul point commun à l’ensemble des protagonistes étant la volonté de retrouver un climat de travail et de représentation apaisé, il reste une mince zone de dialogue possible. Près de 1000 planteurs de betteraves de la Somme sont adhérents au groupe, qui pour l’heure a tenu ses engagements contractuels 2017-2018 et 2018-2019, et qui s’apprête à formuler ses propositions pour les semis 2019 (campagne 2019-2020), dans un contexte de prix du sucre très déprécié.

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