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Trransmission : cédant heureux, repreneur heureux

Céder sa ferme peut s’avérer un parcours tout aussi complexe que celui de s’installer : quelle est la marche à suivre ? À qui dois-je m’adresser ? Pourquoi céder une ferme en bonne santé ? Comment trouver un repreneur ? Pour y voir plus clair, quelques conseils avec la Chambre d’agriculture de la Somme pour anticiper ses choix, donner forme à son projet de transmission et partir l'esprit léger. 

© Stéphane Leitenberger

Anticiper les démarches pour rester maître de sa transmission

La transmission de son exploitation ne se fait pas du jour au lendemain. Votre ferme est le fruit du travail de toute une vie. Prendre le temps de la réflexion et de l’information est essentiel pour être acteur de sa transmission, dans les conditions que vous aurez validé. Quelle que soit la nature de votre projet de cessation d’activité, qu’il s’agisse de vous orienter vers un autre métier ou alors de prendre votre retraite, vous devez anticiper au maximum vos démarches.

 

Entourez-vous des professionnels 

Votre chambre d’agriculture conseille de réaliser, avec le conseiller Transmission, un rétroplanning des démarches incontournables à la transmission. Cela vous permettra de ne pas subir les délais qui s’imposent et de prendre le temps de la réflexion pour l’ensemble de vos décisions. Commencez par contacter le Point accueil installation transmission (PAIT), véritable porte d’entrée aux projets de transmission et d’installation agricole du département.

L'anticipation, l'humain et l'accompagnement sont les trois règles d’or en matière de transmission, qu’elle soit familiale ou non. Les respecter, c’est mettre toutes les chances de votre côté afin d’éviter le moindre conflit au moment de la succession et de ne pas compromettre la pérennité de l’exploitation. 

 

Se poser les bonnes questions

Avant de vous lancer, posez-vous les bonnes questions sur le devenir de l’exploitation : 

• Quand souhaitez-vous cesser votre activité, quel sera le bon moment pour vous ? 

• Que souhaitez-vous pour votre exploitation ?

• Quelles sont vos ressources et vos besoins pour la retraite ?

• Quel lien avez-vous envie de garder avec l’exploitation à terme ?

• Quel repreneur pour votre exploitation ?

• Avez-vous réfléchi à votre maison d’habitation ?

• Quelles sont les projets de vie une fois retraité ?

 

Sollicitez l’avis de vos proches

Votre projet de transmission concerne aussi vos proches. Suite à vos premières réflexions, prenez le temps d’échanger en famille. Chacun des membres (enfants, parents) doit être entendu sur ses envies et ses préoccupations pour la cession de la ferme. Chacun a souvent une idée de ce qui est juste en fonction de la valeur sentimentale, utile ou encore patrimoniale qu’il donne à l’exploitation. Pour garantir l’équité entre les enfants, plusieurs outils juridiques sont à la disposition des exploitants : testament, donation-partage, don, etc.

 

Les clés pour réussir sa transmission

D’ici à cinq ans, nous estimons à 8 900 le nombre d’agriculteurs en âge de transmettre leur exploitation en Hauts-de-France et plus de la moitié sont sans repreneur identifié. Pour conserver notre maillage agricole, il faut viser une arrivée pour un départ.

 

Bien avoir en tête les leviers de réussite 

D’abord, la volonté du cédant : c’est le gage de réussite principal de la transmission. Pour qu’elle s’effectue, il est essentiel qu’il y ait l’envie de transmettre. Vient ensuite le maintien d’une exploitation dans un bon état de transmissibilité. C’est proposer un outil de travail fonctionnel et attractif pour le repreneur. Plus l’outil sera attrayant et clé en main pour un repreneur, plus il sera facile de se projeter pour lui. Des valeurs humaines partagées. Trouver le repreneur qui corresponde à votre vision future de votre ferme vous aidera à vous projeter plus facilement dans un projet de transmission. Transfert de savoir-faire et insertion du porteur de projet. La connaissance de votre outil de travail est un savoir riche qui mérite d’être transmis pour faciliter l’arrivée du repreneur. Présentez-le aux interlocuteurs qui travaillent avec vous, invitez-le à vos échanges, etc. Prix juste, financement adapté et équité : la chambre d’agriculture recommande d’avoir une évaluation de votre exploitation que vous jugez défendable, et que vous êtes en mesure d’expliquer. Le prix juste, c’est le prix qui semble être la juste valeur pour votre outil de travail, qui vous permettra financièrement de vous y retrouver et au repreneur de démarrer au sein d’une structure viable. 

N’hésitez pas à solliciter un expert agricole pour avoir une évaluation valable et défendable juridiquement. Pour finir, ne restez pas seul dans votre projet ! Une offre d’accompagnement individuel ou collectif à la transmission est proposée par de nombreux partenaires agricoles (PAIT, centres de gestion, etc.). Souvenez-vous que seul on va plus vite, et ensemble on va plus loin !

 

La période de tuilage : une solution pour confirmer le choix du repreneur

Avant de céder ou de s’installer sur une exploitation, il peut être judicieux de prévoir une période où cédant et repreneur travaillent ensemble. Le potentiel repreneur va pouvoir bénéficier de l’expérience, des savoirs, des connaissances, de l’accompagnement de l’exploitant sortant. Cette période lui permettra également de s’habituer à son nouveau rôle, de s’approprier son futur outil de production et de prendre sa place de décideur. Cette transition est tout aussi importante pour le cédant qui va pouvoir vérifier son choix, mais aussi progressivement se détacher de son exploitation, lâcher prise et s’investir dans son projet de retraite. Dans le cas d’un remplacement d’associé, cette période permettra également de vérifier préalablement l’entente et la vision commune entre l’ensemble des futurs associés. Avant d’accueillir le candidat sur l’exploitation, il faut clarifier les conditions de travail afin que chacun puisse connaître l’organisation et ses responsabilités. 

 

Paroles de cédant et repreneur

Isaline et Alain, le cédant au sein d'une des serres  de l'atelier maraîcher.


Une transmission réussie grâce à la période de tuilage et surtout de l’humain ! 

Et si l’humain était aussi la clef de la transmission d'exploitation ? Pour reprendre une ferme avec succès, il faut un solide bagage technique et un certain savoir-faire comptable sans pour autant négliger la dimension humaine. Rencontre avec Isaline Petit, jeune installée et Alain Bibelocque, jeune retraité et cédant de l’atelier maraîcher de 3 ha sur la commune de Mézerolles (80600).
Isaline : «Je suis issue du milieu agricole mais ne pouvais pas m’installer sur l’exploitation familiale car nous étions déjà trois. Après un BTS agricole, je n’envisageais pas de m’installer tout de suite. À 21 ans, je craignais d’être trop jeune pour assurer les responsabilités de chef d’exploitation. Et puis j’ai entendu parler d’Alain qui cherchait un repreneur, j’ai commencé par un stage, puis un second et voyant que l’activité de maraîchage me plaisait, j’ai décidé de me lancer dans le parcours de l’installation en novembre 2021 en faisant une demande DJA (dotation jeunes agriculteurs). Je partais de zéro en maraîchage, j’avais tout à apprendre, une période d’apprentissage avec Alain était plus que nécessaire.» 
La phase de transition dépend de nombreux facteurs et notamment financiers. Elle doit être adaptée aux besoins, aux possibilités d’accueil, au dispositif choisi. Elle peut aller de quelques mois à plusieurs années parfois. 
Maintenant qu'Isaline est installée, Alain est salarié de l’exploitation le temps qu’il souhaite. Cela fait presqu’un an qu’Alain vient travailler chaque matin. Au bout d’un an, Isaline a fait un cycle de culture. «Nous avons décidé de l’installation en novembre pour coller à la saisonnalité avec la fin des légumes d’été et l’arrivée des légumes d’hiver», poursuit Alain. En 36 ans d’activité, je n’étais jamais parti en vacances, je viens travailler à mon rythme sans pression, ni obligation. Nous nous arrêterons quand chacun se sentira de passer à autre chose. Je suis heureux qu’elle fasse perdurer l’exploitation comme je l’avais imaginé. 
Isaline : «J’aimerais diversifier les variétés de légumes et implanter de nouvelles serres. J’en ai déjà installé une et ouvert un deuxième point de distribution à la ferme. J’ai repris la plupart des circuits de distribution d’Alain, la période de tuilage a été importante aussi au niveau de la clientèle.» 

«Cela me semblait tout naturel de transmettre mes connaissances et de partager les bons filons à Isaline, mon souhait est de voir l’exploitation perdurer», confie Alain. En effet, le transfert de connaissances, voire la professionnalisation du repreneur est préférable dans le cadre d’une transmission. Au cours de cette période, le cédant va permettre au repreneur de gagner en compétences et en autonomie. Il apportera des conseils, encadrera le candidat, mais le laissera aussi faire ses preuves, et prendre en main certaines tâches. Chacun doit trouver la bonne posture : le cédant doit laisser une place et une marge de manœuvre au jeune pour qu’il puisse tester son projet, tout en étant auprès de lui. Le jeune doit pouvoir s’affirmer, trouver sa place sans tout remettre en cause ou entrer en confrontation. C’est une étape délicate où des ruptures peuvent apparaître. Des erreurs peuvent être commises, chacun doit en avoir conscience et rester bienveillant l’un envers l’autre. La confiance mutuelle doit être au cœur de la relation. 
«Si j’ai un conseil à donner à un jeune qui souhaite s’installer, c’est de ne pas négliger l’accompagnement avec le cédant, je n’’imagine pas quelqu’un arriver seul sur une exploitation, il serait assommé par la multitude de tâches et de connaissances techniques. Si l’envie et l’accompagnement sont là, alors le reste suivra», explique Alain.

La correspondance des profils cédant/repreneur et des valeurs sont aussi un facteur de réussite. 
«L’important était qu’Isaline puisse être accompagnée avant et après installation par son cédant. Ils s’entendent bien grâce à la période de stage qui a conforté le fait que ça allait fonctionner. Dans la perspective d’une transmission, plus il y aura de différences culturelles et professionnelles entre le cédant et le repreneur et plus la période de travail en commun sur l’exploitation est nécessaire et délicate. Elle permet de prendre le temps de choisir : en travaillant ensemble, en apprenant à se connaître, en partageant des projets d’entreprise», précise Julie Potier, conseillère Transmission à la Chambre d’agriculture de la Somme.

Monsieur Bibelocque a commencé à rechercher un repreneur fin 2020. Il a d’abord fait évaluer son exploitation par un cabinet comptable ainsi que le corps de ferme par un notaire. Une fois son prix de cession défini, il a contacté la Chambre d’agriculture de la Somme qui, a son tour, a formulé son offre de reprise auprès du répertoire départ installation. Alain Bibelocque a reçu plusieurs candidats venus visiter sa ferme. «Comme disent les jeunes, ça n’a pas matché», plaisante Alain. Et il attendra l’installation d’Isaline pour prendre pleinement conscience qu’il devait économiser sa santé et surtout qu’il avait droit lui aussi à la retraite. «Au tout début, je n’étais pas vraiment certain de vouloir céder mon atelier et puis le temps et les événements de la vie ont fait que j’ai bien accepté l’idée qu’il était temps de s’arrêter. Le fait d’accompagner Isaline et de la voir s’épanouir sur l’exploitation me conforte dans l’idée que j’ai bien fait de m’arrêter.»

 

Des événements près de chez vous

Les Chambres d’agriculture de la région donnent rendez-vous du 14 au 26 novembre 2022 à tous les agriculteurs en phase de transmission et aux porteurs de projet en recherche d'exploitation, à l’occasion de la Quinzaine de la Transmission. L’objectif est double : sensibiliser aux enjeux du renouvellement des générations agricoles et mettre en avant les actions d’accompagnement proposées par les chambres d’agriculture.

Les dates à retenir : 
- Réunion d’information PAIT et MSA, le 4 novembre de 14h à 16h à la Chambre d’agriculture de la Somme, sur inscription auprès de la MSA 
- Formations Transmission – Amiens
• «Bien préparer sa transmission» le 24 novembre, 1er et 6 décembre : 3 jours pour comprendre les enjeux juridiques, sociaux, fiscaux, administratifs et humains d’une transmission.
• «Bien transmettre son patrimoine» le 22 novembre, pour maîtriser les incidences d’une succession anticipée ou non ainsi que l’ensemble des règles fiscales liées à la transmission de patrimoine.
• «Transmettre par le biais de sociétés : SCI, GFA et autres sociétés» le 31 janvier, pour aborder les fonctions et modalités des sociétés dans le cadre de la transmission et en mesurer les avantages et inconvénients.
- Farm’dating : le 15 novembre à partir de 13h45 à Beaucourt-en-Santerre 
Une autre manière de se rencontrer pour s’installer, s’associer et transmettre. 
Des exploitants agricoles d'un côté, des potentiels repreneurs de l'autre, et quelques minutes pour se rencontrer, échanger puis cogiter. Tel est le concept de Farm'dating. Cet événement à l’échelle des Hauts-de-France permet à des cédants sur le départ ou en recherche d’associés de rencontrer d’éventuels futurs repreneurs ou futurs associés intéressés. Si le courant passe bien, une deuxième rencontre peut alors s’organiser sur l’exploitation. Envie de participer ? 

Julie Potier, conseillère Transmission (j.potier@somme.chambagri.fr / 06 84 95 28 89).
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