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Un nouveau méthaniseur entre en fonctionnement à Canaples

Les associés du Gaec de Belval et la SCEA Merlin ont lancé, ensemble, un projet de méthaniseur pour diversifier leurs revenus. L’installation est en route depuis quelques jours et devrait être productive d’ici un mois.

Henri Merlin (à gauche) et les associés du Gaec de Belval (ici, Jean-François, Olivier et Louis Gaffet ; Christophe Lenglet manque à l’appel), lancent leur méthaniseur, qui apportera de la valeur ajoutée à leur exploitation. L’outil devrait produire 200 kWh d’électricité d’ici un mois, puis 250 kWh, revendue à EDF.
Henri Merlin (à gauche) et les associés du Gaec de Belval (ici, Jean-François, Olivier et Louis Gaffet ; Christophe Lenglet manque à l’appel), lancent leur méthaniseur, qui apportera de la valeur ajoutée à leur exploitation. L’outil devrait produire 200 kWh d’électricité d’ici un mois, puis 250 kWh, revendue à EDF.
© A. P.

Voilà plus de dix ans que le projet tournait dans la tête d’Olivier Gaffet, polyculteur et éleveur laitier à Canaples. Il est désormais bien concret. Avec ses associés du Gaec de Belval, Jean-François Gaffet et Christophe Lenglet, et leur voisin éleveur d’allaitantes, Henri Merlin, ils ont choisi de diversifier leurs exploitation grâce à un méthaniseur.
Après un an de chantier, l’outil est en cours de mise en route depuis plusieurs jours et devrait être productif d’ici un mois, «le temps que le processus bactérien soit bien en place et que l’installation puisse générer seule la chaleur nécessaire», précise Olivier Gaffet. En attendant, des analyses sont réalisées chaque semaine pour vérifier le bon développement des bactéries, et une chaudière de location fait fonctionner l’ensemble. Le principe de l’installation Agrikomp est le suivant : de la matière organique est apportée à deux digesteurs, puis est chauffée à 41°C. Les bactéries dégradent cette matière organique, qui est transformée en méthane, qui sert de carburant pour le moteur. Le moteur fait tourner une génératrice qui produit 200 kWh d’électricité dans un premier temps, puis 250 kWh à terme, revendue à EDF. L’équivalent de la consommation de quatre cents maisons.
La troisième cuve est équipée d’un séparateur de phases, qui permet de récupérer du digestat solide et du digestat liquide. Des fertilisants plus assimilables par les plantes et plus concentrés en NPK (azote, phosphore et potassium). «Nous allons utiliser la matière solide pour les terres les plus éloignées, car plus facilement transportable. Le liquide, lui, nous permettra de fertiliser des cultures au printemps.»

Un revenu fixe
Coût de l’installation : 1,6 million d’euros, qui devraient être amortis d’ici huit à neuf ans. «Nous sommes plutôt sereins, car le contrat de rachat d’électricité signé avec EDF, sur un nombre d’heures moteur, qui représente environ quinze années de production, comporte un prix minimum garanti. Pour une exploitation, c’est une sécurité apportée par rapport aux cours volatiles des matières agricoles», annoncent les agriculteurs.

80 000 t de matière par an
La première question de la banque, avant d’accorder un prêt, a été celle de la capacité d’autonomie des agriculteurs pour alimenter le méthaniseur. Car l’outil est gourmand : «22 à 24 tonnes chaque jour, soit 80 000 t par an.» Celui-ci sera alimenté par du lisier (une quinzaine de m3 chaque jour) produit par les cent quatre-vingt laitières du Gaec de Belval, directement acheminé par un tuyau sous la route qui sépare les bâtiments d’élevage du méthaniseur, du fumier issu de cet élevage et de celui des cent vingt Blondes d’Aquitaine d’Henri Merlin, plus des végétaux ensilés (maïs, SIE, graminées fourragères, menue de paille lors de la moisson). Le seul apport extérieur sera des issues de céréales.
Des agriculteurs des alentours amèneront aussi leurs effluents d’élevage pour compléter cet apport. En contrepartie, ils récupèreront du digestat à hauteur de leur participation. «Il nous fallait de toute façon 700 ha de surface d’épandage pour valoriser tout le digestat. Certaines de nos parcelles, trop en pente, sont exclues.»
L’alimentation du méthaniseur et sa surveillance en continue impliquent un besoin de main-d’œuvre. «Nous l’estimons à un mi-temps. Comme mon fils, Louis, s’est installé en septembre, nous nous organisons pour répartir les tâches», ajoute Olivier Gaffet.
Les associés ont déjà en tête quelques idées pour pousser plus loin la valorisation de leur méthaniseur. «Une partie de la chaleur produite est perdue. Nous pourrions, par exemple, nous en servir pour alimenter un séchoir à fourrages.» Mais la première préoccupation est de faire correctement fonctionner l’installation.

Sécurité et communication : les clés de la réussite d’un tel projet

Visite d’unités de production existantes, estimation des ressources disponibles, étude financière… Un tel projet de méthanisation ne se monte pas à la légère. Les associés du projet de Canaples en avaient bien conscience et ont mis toutes les chances de leur côté.
Leur assurance, Groupama, a mis en place un bureau de contrôle. «Il a permis de passer toute la construction au crible. Les experts ont, par exemple, demandé de la ferraille plus solide que ce qui était prévu au départ. Ainsi, si nous avons un problème de fonctionnement quelconque, l’assurance doit couvrir sans problème», explique Olivier Gaffet.
Mais l’enjeu principal était l’acceptabilité du projet par les habitants. «Il ne faut pas hésiter à aller voir les gens pour leur expliquer en quoi cela consiste. Ils nous ont d’ailleurs remerciés de les prendre en considération.» Il faut dire que les associés ont toujours pris soin de leur voisinage, car une bonne entente évite pas mal de tracas. «Il y a huit ans, nous avons eu un chantier d’ensilage dans des conditions météo difficiles. Nous avons vraiment sali toute la route. Olivier a acheté des jetons pour laver les voitures et les a distribués aux riverains. Ce geste a été très bien perçu et, depuis, les habitants nous voient d’un bon œil», raconte Jean-François Gaffet. Le méthaniseur en question a été présenté au conseil municipal, aux habitants directement, puis les agriculteurs ont convié les voisins à une visite d’unité dans l’Oise, il y a six mois. «Tout le monde a vite été rassuré et personne ne s’est opposé au projet.»

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