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Une année noire pour la lentille régionale

2021 s’avère une année désastreuse pour les lentilles. Les producteurs de la Somme, comme partout en France, craignent que les ruptures de stock favorisent l’importation. 

L’année 2021 est à oublier pour la culture de la lentille. Cette plante est pourtant avantageuse : elle pousse dans les petites terres, nécessite peu d’intrants,  peut être valorisée en circuit court…
L’année 2021 est à oublier pour la culture de la lentille. Cette plante est pourtant avantageuse : elle pousse dans les petites terres, nécessite peu d’intrants, peut être valorisée en circuit court…
© Terres Inovia

Désastreuse. Ce triste adjectif est utilisé par tous les producteurs de lentilles de la région, et plus largement de France, à l’évocation de leur récolte 2021. Dans la Somme, Emmanuel de Visme, installé à Lincheux (commune d’Hornoy-le-Bourg), cultive 6 ha de ces légumineuses depuis dix ans, et estime avoir perdu trois quarts de sa récolte. 

«La culture paraissait prometteuse jusqu’au mois de juin. La météo froide et pluvieuse a ensuite dégradé la qualité. Beaucoup de graines, arrivées à maturité, ont germé au contact de l’eau», regrette-t-il. Les quelques lentilles vertes, beluga, corail et pois chiches (c’était sa première année de production) ont triste mine. Même constat chez Emmanuel Decayeux, producteur à Hallencourt. «Je cultive 14 ha de légumineuses et, pour la première fois cette année, je n’ai rien récolté.» En plus des problèmes de qualité et des trop petits calibres, les parcelles se sont beaucoup salies, et les travaux de récolte tardifs ont été laborieux. 

Tous les deux effectuent un gros travail après récolte pour essayer de sauver un petit volume. «Les pois chiches, par exemple, présentent un gros problème de maturité. Certains sont mûrs alors que d’autres non. Je sèche, je ventile et je trie, mais je ne pense pas pouvoir en tirer quelque chose de vendable», avoue Emmanuel de Visme. Pour ces producteurs, dont la commercialisation est exclusivement basée sur le circuit court, honorer leurs commandes va être compliqué. Emmanuel de Visme vend aux particuliers, notamment via les Drives fermiers de la Somme, et aux professionnels en direct et via la plateforme Approlocal. «Il y aura très certainement une rupture de stock en cours d’année. Si nos clients ne jouent pas le jeu, la filière régionale risque d’être en danger. Nous redoutons des importations en grande quantité.»

Cette problématique est même nationale. «Les professionnels de la lentille verte ont du mal à satisfaire le marché en produits d’origine France», alerte la fédération nationale des légumes secs (FNLS, qui rassemble semenciers, courtiers, importateurs et metteurs en marché) dans un communiqué du 4 octobre. Selon l’interprofession des légumes secs (Anils, section spécialisée de Terres Univia), «les rendements ont été divisés par cinq en comparaison avec les moyennes habituelles» et la production tricolore ne pourra satisfaire «que 20 % de la demande d’un marché français particulièrement dynamique». Face au risque de «raréfaction» de la culture dans l’Hexagone, doublé d’un recours massif à l’importation malgré les tarifs «en forte hausse», l’Anils appelle les agriculteurs à s’engager dans la voie de la lentille verte. «La filière offre de nombreux avantages aux agriculteurs, parmi lesquels figure la contractualisation.»

 

Un intérêt certain

L’intérêt agronomique de la plante a, entre autres, convaincu Emmanuel de Visme à en produire à nouveau il y a dix ans. «Mon grand-père en produisait déjà après-guerre. Les lentilles permettent de valoriser mes terres séchantes, de cranettes. Elles nécessitent en plus très peu d’intrants.» Même si cette filière reste marginale pour l’exploitation, elle est aussi un moyen de se réapproprier la marge grâce à la vente en circuit court. Cette mauvaise année ne découragera pas les producteurs samariens. 

 

Roquette soucieux des tensions sur l’approvisionnement en pois

En proie à une «flambée des prix du pois», l’industriel Roquette fait valoir ses investissements dans la filière, garants selon lui d’un approvisionnement «sécurisé, sûr et durable». Le marché du pois est sous tension, à cause d’«une sécheresse exceptionnelle» au Canada, premier producteur mondial, où la production est en baisse de 45 % et les prix en hausse de 120 % sur un an, selon un communiqué du
27 septembre. «L’Europe a souffert de faibles rendements et en France, autre grand pays producteur de pois, la récolte a été gravement endommagée par le temps humide pendant la récolte», ajoute Roquette. L’industriel veut rassurer ses clients qui «peuvent compter sur nos énormes investissements». «Depuis plusieurs années, nous avons investi dans la sélection de nouvelles variétés de pois, sur les méthodes de culture et nos agronomes ont travaillé avec les agriculteurs pour assurer un approvisionnement fiable et abondant en pois de haute qualité», explique le vice-président exécutif Jeremy Burks. Son parc industriel comprend «la plus grande usine de protéines de pois au monde», à Portage-la-Prairie (Manitoba, Canada), ouverte en 2021, et celle de Vic-sur-Aisne (02),la plus grande en Europe.
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