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Zones vulnérables : les agriculteurs se fâchent… et le préfet Bur reste sourd

Jeudi 10 décembre, à l’appel de la Fdsea et des JA, deux cents cinquante agriculteurs ont manifesté à Amiens.

© AAP

Les agriculteurs en ont ras le bol d’une réglementation environnementale de plus en plus contraignante, contre productive, frisant parfois l’absurde, sans parler de son coût pour les exploitations, tout particulièrement pour les élevages. A l’appel de la Fdsea et des JA, ils sont venus l’exprimer jeudi dernier 10 décembre à Amiens. En cause, la menace de classement des communes de l’Authie en zones vulnérables et plus généralement les modalités d’application «technocratiques» du cinquième programme de la directive nitrates, rejetées par la Fnsea. «Dans toutes les assemblées cantonales Fdsea ou JA qui se sont déroulées depuis quelques semaines, le point de non retour a été atteint en matière de contraintes pseudo environnementales, et la colère gronde», déclarait Marc Hossart, président des JA.
Durant l’après-midi deux cents cinquante manifestants avec près de cinquante tracteurs ont tourné sur les boulevards autour du centre ville déversant à chaque carrefour du lisier et du fumier sur la chaussée (voir en photos page ci-contre). «Puisque la réglementation nous interdit d’épandre dans les champs situés en zones vulnérables alors que les fosses sont pleines, nous le faisons donc en ville», proclamaient Françoise Crété et Mathieu Pégard, secrétaires généraux de la Fdsea et de JA, entourés des manifestants.
Le cortège s’est ensuite rassemblé sur la place du cirque tandis qu’une délégation conduite par Laurent Degenne, président de la Fdsea, et Marc Hossart, président des JA, était reçue par le préfet, Jean-François Cordet, accompagné des directeurs de la Ddtm et de la Dreal.

Appel à la grève des boues
«Les représentants de l’Etat dans notre département partagent nos arguments, ils sont favorables au maintien du statu quo pour les zones vulnérables dans la Somme», a déclaré Laurent Degenne aux manifestants à sa sortie de la préfecture. «Mais le préfet nous a laissé peu d’espoir sur le non classement de l’Authie en zones vulnérables», a-t-il ajouté (la décision de classement de l’Authie en zones vulnérables n’était pas encore publique ce jour là).
«Le classement de ce secteur, alors que toutes les instances administratives concernées se sont prononcées contre, serait une remise en cause de toutes nos pratiques agricoles ; nous les améliorons constamment et on nous sanctionne», a fustigé Laurent Degenne. «Si on ne peut plus épandre nos fumiers et lisiers, des produits 100% naturels, alors prenons nos responsabilités, refusons d’épandre les boues urbaines». La Fdsea attaquera l’arrêté de classement devant la juridiction administrative. Et quoi qu’il en soit, il ne sera pas question d’appliquer ce texte. «Nous en appelons à la désobéissance civique», a conclu Laurent Degenne sous les applaudissements des manifestants.
«L’avenir de l’élevage est en danger», a ajouté Marc Hossart, évoquant les nouveaux investissements nécessaires pour se mettre en conformité avec ce nouveau programme de la directive nitrates.
Seul point positif de l'entrevue avec le préfet, le sentiment exprimé par l'administration que les mobilisations engagées au niveau national sont en train d'infléchir la ligne du gouvernement sur le contenu du futur plan d'actions des zones vulnérables. Tant mieux, car à n'en pas douter, celui ci devrait, s'il était acté en l'état, déclencher d'autres hostilités! En tout cas, les agriculteurs sont toujours prêts à se mobiliser !

REACTION
Laurent Degenne, président de la Fdsea
«Pris en otages et pris pour des c… ! »
Et bien, c’est officiel : le préfet du Nord – Pas de Calais a pris sa décision, il fait le choix de classer l’ensemble de la masse d’eau de l’Authie en zones vulnérables. C’est un bras d’honneur magistral fait aux agriculteurs qui vont être soumis aux réglementations, qui vont être sacrifiés sur l’autel des petits calculs ou arrangements. Mais c’est aussi un bras d’honneur magistral aux organismes qui sont chargés d’émettre un avis officiel dans un processus de consultation publique : chambre d’agriculture, Conseil général, Codherst et Agence de l’eau, circulez ! Je vous consulte, mais je n’en fait qu’à ma tête ! Quel crédit pour cette consultation, et pire, quel crédit pour ces organismes. Après tout, faut-il continuer à déposer tout un tas de dossiers dans ces organismes puisque leur avis ne compte pas.
La décision du préfet Bur, c’est une invitation à l’anarchie, car il nous impose des règles, des mesures, des obligations auprès d’organismes que lui-même ne respecte pas ! La riposte de la Fdsea sera double : attaquer juridiquement cette décision et la combattre au quotidien sur le terrain. Que les agriculteurs le sachent : ils étaient déjà pris en otages dans un simulacre de République, mais là, en plus, ils sont pris pour des c… Depardieu aurait-il raison ?

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