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Gérer la fertilité : des sols vivants et productifs

«Nourrir le sol pour nourrir la plante» est le principe de base d’une agriculture régénérative. Cette maxime, simple à comprendre, cache des mécanismes complexes à gérer de manière durable. La fertilité des sols doit notamment générer un niveau de productivité suffisant à la viabilité économique des exploitations.

Pour aborder la fertilité des sols, il faut évaluer ses qualités physiques, chimiques et biologiques. Le but : faire émerger la combinaison idéale pour un fonctionnement optimal et durable. C’est l’objectif des pratiques innovantes portées par la grande variété terminologique des modes d’agricultures : agriculture de conservation, de précision, biologique, pâturage, agroforesterie... Elles placent le sol au centre des préoccupations et privilégient des actions qui favorisent son bon fonctionnement et limitent celles qui ont un impact négatif.

 

La vie du sol, une alliée à entretenir

La biodiversité des sols joue un rôle direct sur leur fertilité. Chaque groupe d’organismes assure des fonctions essentielles :

1) La décomposition de la matière organique, le recyclage et la biodisponibilité des éléments minéraux grâce aux vers de terre, cloportes, acariens, champignons, protozoaires, nématodes et bactéries.

2) La structuration et la stabilisation du sol grâce aux vers de terre, insectes et myriapodes (mille-pattes).

3) La régulation des pathogènes grâce aux nématodes, bactéries, champignons, araignées, insectes et collemboles.

Un sol fertile est capable de garantir aux plantes un bon enracinement, une bonne nutrition hydrique et minérale ainsi qu’une bonne immunité face aux maladies, réduisant le recours aux intrants chimiques. Les apports de matières organiques constituent un levier majeur pour maintenir la fertilité à long terme, voire l’améliorer.

 

Les récoltes sont des emprunts

À chaque moisson, chaque coupe d’herbe, une partie de la fertilité du sol est exportée. Pour éviter que le sol ne s’épuise, il faut restituer au sol ce qu’on lui a emprunté. Une partie de cette fertilité peut être récupérée naturellement en semant des légumineuses et d’autres plantes en interculture, qui vont capter et recycler les éléments minéraux du sol et activer la vie du sol. Une autre partie de cette fertilité peut être redistribuée en réalisant des apports d’effluents d’élevage, de compost, ou de digestats. Même si tous ces produits contiennent de la matière organique, cela ne signifie pas qu’ils vont tous avoir un effet sur le stock du sol.

La matière organique se caractérise par sa composition. La fraction «libre ou labile» correspond à la partie qui peut être dégradée facilement par les organismes du sol. C’est une source d’énergie pour l’ensemble des organismes du sol. La matière organique dite «liée ou stable» correspond à la fraction qui va rentrer dans le processus d’humification. Elle contribue à l’amélioration de la structure du sol et à la rétention en eau. Le rapport C/N fournit une indication sur la disponibilité des éléments fertilisants du produit organique. Un rapport élevé traduit la présence importante de carbone qui nécessite d’être humifié et minéralisé.

 

Carbone et méthanisation

Le cas des digestats de méthanisation est particulier. Lors du processus de méthanisation, c’est la partie labile de la matière organique qui est digérée pour produire du gaz. Il y a deux conséquences à cela :

• La matière organique stable n’étant pas ou peu digérée, la part du carbone stable ramenée au sol sera similaire entre les apports du digestat ou des effluents bruts (fumiers ou composts). La méthanisation ne bouleverse donc pas le bilan humique de l’exploitation.

• Par contre, la part labile de la matière organique étant presque intégralement dégradée lors de la méthanisation, l’apport de digestats restitue peu d’énergie à la faune du sol. Cela entraîne une moindre activité biologique des sols avec l’apport de digestat comparativement à l’apport d’effluents bruts. Or, de nombreux phénomènes primordiaux pour la croissance des végétaux dépendent de cette activité biologique (minéralisation, mycorhization, activités des vers de terre).

Un changement des pratiques agricoles demande beaucoup de connaissances, d’observations et d’attention. L’évaluation et le suivi de la santé des sols, par les agriculteurs et agricultrices, accompagné d’un conseiller indépendant est une démarche collective qui permettra d’atteindre la transition des pratiques agricoles vers une meilleure prise en compte de la vie des sols.

 

Idées/conseils applicables sur sa ferme :

• Semer ses couverts d’interculture le plus tôt possible ;

• Diversifier sa rotation et ses couverts d’interculture pour nourrir un maximum d’organismes différents ;

• Si possible, intégrer des prairies temporaires dans la rotation et/ou faire pâturer ses cultures et ses couverts. Les ruminants sont de superbes inoculateurs et activateurs de la vie du sol ;

• Apporter du fumier ou compost sur prairies ;

• Limiter le charroi sur les parcelles en condition humide afin de limiter la compaction du sol ;

• Éviter le surpâturage ;

• Optimiser le choix des outils de travail du sol (types et profondeur de travail)

 

En complément des analyses chimiques (reliquats azotés, teneur en carbone, teneurs en P et K, pH), il existe d’autres méthodes de diagnostic de la structure et la qualité biologique du sol : le pénétromètre est un appareil qui permet de détecter des zones de compaction, on fait progressivement descendre une tige graduée de manière verticale pour identifier les paliers de résistance. Au-delà des semelles de labour qui sont rapidement perçues, on peut identifier des semelles de pseudo-labour dues par exemple à des passages répétés d’un outil lissant à la même profondeur.

L’observation avec le test bêche ou un mini-profil de sol en sortant un volume de terre avec la fourche du télescopique est rapide et très informative. La conformation des racines, la présence de pores, de trous de vers de terre, de matières organiques bien décomposées, sont autant d’observations faciles à réaliser sur une parcelle.

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