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Bassin versant de Naours-Wargnies : reprise des travaux

Les travaux de la seconde tranche des aménagements du bassin versant de Naours-Wargnies vont débuter ce mois-ci.

Un bassin de rétention créé en 2009 sur la partie nord du bassin versant de Naours-Wargnies.
Un bassin de rétention créé en 2009 sur la partie nord du bassin versant de Naours-Wargnies.
© CCBH

Si la lutte contre l’érosion, le ruissellement et les inondations est toujours l’objectif, comme lors de la première phase des travaux en 2009, les moyens pour y parvenir ont changé. Petit retour en arrière: Les inondations, c’était le lot commun des communes situées tout autour du bassin versant. Sous-sols, maisons et voiries étaient sous les eaux, sans même que les précipitations ne soient fortes. Le maximum atteint fut 1,40 m d’eau au bas du versant nord, en 2003. En cause : la topographie de la zone, qui est une cuvette, et les effets des remembrements qui ont vu disparaître haies, noues, bandes enherbées et pâtures.
Quoi qu’il en soit, face aux dégâts répétés, tant pour les particuliers que pour les communes, la Communauté de communes Bocage-Hallue (CCBH) décide de prendre le taureau par les cornes et lance une étude au début des années 2000. La proposition retenue est la création de grands bassins et de digues. Une quarantaine de ces ouvrages est prévue sur les 2 000 ha situés dans la partie nord du bassin versant. La majeure partie des parcelles où ils doivent se situer sont propriété de la CCBH. Pour celles qui ne le sont pas, la CCBH signe alors des conventions avec les propriétaires, dans lesquelles est stipulée que l’entretien des ouvrages revient à la collectivité. Fin du premier épisode.

Une autre alternative
Ne reste plus qu’à s’attaquer au versant sud du bassin versant. Le temps est passé. Les financeurs du projet, à savoir, l’Europe, le Département, la Région, l’Agence de l’eau n’ont plus les mêmes libéralités pécuniaires. La baisse des dotations de l’Etat est passée par là. Aux restrictions budgétaires s’ajoute une nouvelle vision «environnementale». «La philosophie du projet a changé, précise le directeur général des services de la CCBH, Arnaud Minez. A quelques exceptions près où des gros ouvrages hydrauliques sont encore prévus, désormais, les ouvrages réalisés seront des ouvrages hydrauliques doux tels que des plantations de haies, des fascines, des noues, et des bandes enherbées.»
Outre cette nouvelle philosophie, le projet est également revu à la baisse. Sur les 300 ouvrages prévus initialement, seuls 150 sont retenus. Mais les ouvrages se trouvant sur des parcelles privées, la Chambre d’agriculture, à qui ont été confiées les négociations avec les propriétaires, peine à décrocher leur accord. Conséquence : au final, ce sont 60 ouvrages qui seront réalisés sur les 4 000 ha de la partie sud du bassin versant. La CCBH ne souhaitant pas engager des démarches d’expropriation, il n’y aura pas d’autres ouvrages de construit.

Un projet qui ne fait pas l’unanimité
Les réticences des propriétaires des parcelles résultent pour l’essentiel d’une remise en cause de l’intérêt des ouvrages. «Certains nous disent que cela représente une gêne pour l’exploitation de leurs terres. Du coup, on essaie toujours d’être en limite des parcelles, mais cela ne suffit pas pour certains», relève le directeur général des services de la CCBH. «Pourtant, cela représente une faible incidence sur le parcellaire, puisque les haies et les fascines sont disposées en limite des parcelles», note Jérôme Thuillier, de la Chambre d’agriculture.
Reste que certains ouvrages de la première phase de travaux ont montré toutes leurs limites. «Il y a des ouvrages qui ne servent à rien, reconnaît le maire de Naours, Jean-Michel Bouchy, car ils ont été placés sur des parcelles où la terre est argileuse. Conséquence : les parcelles ont été inondées. Force est de constater que si l’emplacement choisi initialement semblait pertinent, l’étude de sol, qui aurait dû l’accompagner, n’a pas été suffisante. Néanmoins, les autres ouvrages ont démontré leur efficacité. Dans ma commune, on n’est plus inondé» Autre sujet qui fâche : l’entretien des ouvrages, du ressort désormais des propriétaires des parcelles.
En dépit de ces réticences, «l’objectif est de continuer ces aménagements, insiste Jacques Masset, vice-président en charge du bassin versant de Naours-Wargnies, à la CCBH, agriculteur et maire de Renneville. Avec ces ouvrages, l’eau pourra être infiltrée au plus près d’où elle tombe pour éviter le ruissellement et l’érosion. Et il vaut mieux perdre 100 m2 pour un ouvrage que de perdre de la surface du sol.»
En effet, lors de grosses précipitations, les pertes de sols sont estimées, selon la Chambre d’agriculture, à 10 m3 à l’hectare. «Or, c’est la surface des terres qui est la plus fertile du sol», relève Jérôme Thuillier. Avant de reconnaître que tout cela ne stoppera pas totalement les effets, mais diminuera au moins la vitesse du flux d’eau, ce qui permettra d’atténuer les pertes de sols en cas de fortes précipitations.
Compte tenu de la baisse drastique du projet, la soixantaine d’ouvrages qui sera construite sera-t-elle suffisante ? «Le projet garde sa cohérence malgré tout, même s’il est bien en dessous de ce qu’il était initialement», assure le directeur général des services de la CCBH. «Le climat change. Il faut s’adapter pour éviter la catastrophe. Il en va de l’intérêt de tous», complète Jacques Masset. Plus interrogatif sur le sujet, le maire de Naours espère que cela suffira pour réduire le ruissellement et l’érosion. «Bon, on peut aussi se dire que tout ce qui sera fait ne sera plus à faire», conclut-il, un brin philosophique.



POINT DE VUE

Jean-Michel Bouchy, maire de Naours


«On n’est plus inondé»

Jean-Michel Bouchy se souvient encore de cette Renault 5, avec quatre personnes à bord, emportée par les eaux d’un quartier à l’autre, à Naours, en 1999. «Avant les aménagements hydrauliques faits en 2009, on était tout le temps inondé. Et pour cause, le village est tout en bas de la cuvette. Du coup, on se récupère toutes les eaux de pluie des communes environnantes. Même avec des pluies pas énormes, l’eau envahissait les sous-sols, les maisons et les routes. On aurait pu faire du canoë-kayak», raconte-t-il. Mais ça, c’était avant.En 2009, des aménagements hydrauliques sont réalisés sur la commune. En parallèle, la commune retravaille 2,9 km de fossés, met en place à l’intérieur du village et sur les parcelles agricoles des bandes de trottoirs enherbées, des petites noues et des bocages entre les parcelles. Les efforts faits portent leurs fruits car, depuis, il n’y a plus de problème quand il pleut. «Avec la deuxième phase des travaux d’aménagement, la situation n’en sera que meilleure pour toutes les communes du bassin versant, d’autant que l’on est quand même dans un bassin vulnérable. Si les ouvrages sont importants, leur entretien l’est tout autant. C’est là où, aujourd’hui, certains agriculteurs ne suivent pas, car l’entretien serait à leur charge.» Et de comprendre les réticences de certains, car «il y a certains ouvrages réalisés dans la première phase qui ne servent à rien. D’ailleurs, à Naours, il y en un, je me demande encore à quoi il sert», commente-t-il.Quoi qu’il en soit, grâce aux enseignements tirés de l’expérience des travaux de la première phase, «nous avons aujourd’hui une meilleure connaissance de ce qu’il faut faire et des erreurs à ne pas commettre», dit-il. Reste que le projet de la seconde phase ayant été revu à la baisse, le maire de Naours espère que «cela ne va pas mettre en péril l’efficience des ouvrages».
F. G.



REACTION

Christophe Lenglet, président cantonal de Domart-en-Ponthieu
«Pas d’hostilité au projet»

J’ai connu il y a quelques années un projet similaire, qui s’est concrétisé dans la commune de Pernois, dans les années 1990. Avant d’aboutir, il avait fallu plusieurs années de concertation, car cela impliquait des changements culturales chez les agriculteurs. Même si cela n’a pas été facile pour eux, force est de constater que les aménagements réalisés ont apporté des résultats et la commune n’a plus subi d’inondations.
Dans le secteur du bassin versant, les réactions sont contrastées chez les agriculteurs. Ainsi, l’un a accepté de signer une convention pour une pâture qu’il détient, et qui doit rester en l’état durant plusieurs années. Ce qui ne lui pose aucun problème, car il fait du lait. Il a donné son accord avec d’autant plus de facilité que le bassin de rétention prévue sur sa parcelle a été revu à la baisse, et qu’il se situe, par ailleurs, dans un angle de la parcelle. Autrement dit, ce bassin a peu d’impact culturalement.
En revanche, un autre qui a été sollicité pour planter des haies sur sa parcelle, n’est pas d’accord, car il considère qu’il paie pour un remembrement fait il y a quelques années pour agrandir les parcelles et ne voit pas l’intérêt de les réduire, d’autant qu’il n’y a pas d’indemnités prévues. D’autre part, il conteste une rétention d’eau prévue dans son champ, considérant qu’il serait plus judicieux de la placer de l’autre côté d’une route, et sur un autre champ. Connaissant son bon sens «paysan», il est possible qu’il ait raison, mais, dans tous les cas, il n’est pas hostile au projet.

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