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Les meilleures pommes de terre naissent dans les terres samariennes

La région est la première de France de la filière pommes de terre. Mais pas de bonnes pommes de terre sans plants de qualité. Cette production très particulière nécessite une extrême rigueur. Gilles Delannoy, à Doullens, fait partie des passionnés. 

Tout commence dans la serre de 300 m2, à l’abri des aléas climatiques et des ravageurs. Gilles Delannoy y fait pousser chaque année 8 500 boutures de pommes de terre. «À cette étape, comme à toutes les étapes suivantes, il faut être très rigoureux», annonce le producteur de plants de pommes de terre installé à Beaurepaire, hameau de Doullens. Chaque année, plus de 95 000 ha de pommes de terre sont cultivés en Hauts-de-France, et toutes naissent cinq ou six années plus tôt, chez un producteur de plants.

Cette année, dix variétés ont été plantées dans la serre de Beaurepaire, dont l’Alliance, à chair ferme, l’Edison, valorisée en frites fraîches, ou encore la Blanche, pour la consommation courante. «La première vigilance est le mélange variétal, note Gilles Delannoy. Un germe qui traîne dans un palox suffit au mélange. Le moindre stolon peut déposer une petite pomme de terre dans la variété voisine.» Les boutures sont donc plantées dans des caisses de maraîchage, dans du terreau aérien, pour limiter le développement de bactéries néfastes. Car le plant de pomme de terre est très sensible. «Notre premier ennemis est le puceron, vecteur du virus Y.» Un sas permet d’éviter les intrusions d’insectes, et les entrées dans la serre sont limitées au maximum. L’irrigation et le traitement se font via une rampe installée sur rails. La qualité de cette génération G0, issue de serre, est régulièrement contrôlée par un agent du Soc (Service officiel de contrôle), comme le seront d’ailleurs les générations suivantes. Pour Gilles Delannoy, cette technique de la production sous serre est coûteuse (20 000 € de fonctionnement chaque année), mais a permis aux producteurs de pommes de terre de gagner en rendements. «Les plantes poussent plus vite est subissent beaucoup moins d’attaques de ravageurs.»

Une partie de ces G0 quitte l’exploitation, mais la plupart sont plantés l’année suivante en plein champ. 200 kg de plants G0 donne 1,5 à 2 t de G1, qui permettront de planter environ 50 ares de G2, qui eux-mêmes donneront 15 à 18 t, qui permettront de planter 4 ha environ. «Lorsque la G2 est plantée, une G0 l’est aussi. Certaines variétés sensibles doivent être produites en G0 chaque année. Il faut donc toujours anticiper», confie le spécialiste. Lui cultive au total 55 ha de plants, pour 14 variétés, réparties en 37 lots. Les 146 ha de l’exploitation ne suffisent pas à respecter une rotation de six ans, l’agriculteur a donc recours à la location de terres. En plus de la surface, la production de plants de pommes de terre nécessite surtout des bras. Cinq salariés s’affairent chaque année pour cela. 

 

L’épuration : période charnière 

En cette fin de mois de juin, l’heure était à l’épuration. Cette année pluvieuse, impossible de sortir la machine qui permet aux épurateurs d’être en hauteur et de porter les plants arrachés. Il faut donc arpenter les routes à pied. Gilles Delannoy a l’œil averti. «On traque la moindre déformation du feuillage et la moindre tâche jaune, synonymes de bactéries ou de maladie.» Chaque pied défectueux est arraché et déposé au bout du champ. «5 pieds sont plantés au m2, soit entre 68 et 75 000 pieds par hectare. On enlève en moyenne un pied tous les 7 m.» La charge est sacrement lourde en bout de route. Le seul avantage de cette météo est la faible pression en pucerons, alors que les deux années précédentes étaient extrêmement propices au développement du premier ravageur du plant de pomme de terre. La protection des cultures est alors primordiale. 

À partir du 20 juillet, des pesées géométriques sont réalisées pour déterminer la date de défanage la plus propice. «On pèse, on calibre, on compte. Les plantes peuvent prendre entre 1 et 2 mm chaque jour, et en plants, on est au millimètre près !» Gilles Delannoy appréhende particulièrement le défanage cette année à cause des conditions humides. «Jusqu’ici, nous avions recours au défanage chimique lorsqu’il n’était pas possible de broyer mécaniquement avant de passer un dessicant. Mais aujourd’hui, nous ne disposons plus de produit efficace. Une contrainte supplémentaire.» Au 20 août, le Soc effectue de nouveaux prélèvements, pour tester entre autres la qualité de la germination du plant. La récolte, elle, a lieu en général la première quinzaine de septembre.

 

Un produit vivant 

2 000 t de plants seront soigneusement conservés en chambre froide à 3°C pour fournir les producteurs de pommes de terre à la prochaine campagne. Cette rigoureuse production permet à ces derniers d’être de plus en plus compétitifs. Mais Gilles Delannoy prévient : «le plant de pomme de terre reste un produit vivant qui nécessite de l’attention jusqu’au bout, y compris lors du transport et du stockage avant plantation.»

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