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Installation JA : l'exemple de Nicolas Deroo, à Pissy

Associé de ses parents, Nicolas a suivi, au préalable, le parcours d’installation proposé aux jeunes agriculteurs.

Nicolas Deroo dans le nouveau bâtiment agricole dédié à la conservation des plants de pommes de terre féculières.
Nicolas Deroo dans le nouveau bâtiment agricole dédié à la conservation des plants de pommes de terre féculières.
© F. G.

Dans la famille Deroo, on est agriculteurs de père en fils. Si Nicolas ne comptait pas rompre avec la tradition familiale, c’est pourtant un autre chemin qu’il privilégie au départ, en s’orientant vers des études de droit. Après un Master 2 en droit et contentieux, et un stage dans une étude d’huissier de justice, il fait, au terme de ses cinq années d’études, un stage professionel de deux ans dans le cadre d’études d’huissier de justice. Ce qui lui plaît ? La pratique du droit sur le terrain. Mais pour que le patrimoine foncier de l’exploitation soit préservé avec l’approche de la retraite de son père, Nicolas change son fusil d’épaule en 2012, et décide de retourner à la ferme. Motivé, il l’est aussi à l’idée d’exercer un métier de terrain, et un métier qui laisse beaucoup d’autonomie, même s’il est chronophage.

Le parcours d’installation
Pour avoir accès aux aides octroyées aux jeunes qui s’installent, il suit un BPREA adulte au lycée agricole du Paraclet en 2012-2013, avant de devenir salarié de l’exploitation familiale de 190 ha, à Pissy. L’objectif est de s’installer. Pour ce faire, il suit le parcours d’installation proposé aux jeunes agriculteurs. Au programme : démarches administratives auprès de la DDTM pour décrocher les autorisations d’exploiter préalables au renouvellement ou à la cession des baux, stage 21h organisé par les JA, élaboration d’un plan de développement d’exploitation avec la chambre d’agriculture, et, bien sûr, démarchage des banques pour le financement de son projet d’installation.
De son parcours, il garde un bon souvenir. «En tant que jeune agriculteur, nous avons un accompagnement de qualité tout au long du parcours. Le stage 21h nous permet de rencontrer tous ceux qui seront au long de notre carrière nos interlocuteurs et de connaître dans le détail les démarches à accomplir. Avec le plan de développement d’exploitation, réalisé avec la chambre d’agriculture, on peut mettre en perspective les cinq premières années qui suivent notre installation et les projets d’investissement qui sont les nôtres», détaille Nicolas Deroo.
Le parcours d’installation lui prendra dix-huit mois, sans compter l’année du BPREA adulte au Paraclet. «Il y a pas mal de paperasses à remplir. Il faut être réactif. Mais, pour moi, ce ne fut pas difficile, car ma formation d’huissier m’a appris à être réactif, méthodique, rigoureux et autonome», indique Nicolas. Mais quel que soit le temps passé à faire des démarches administratives, «cela vaut la peine, d’autant plus au vu du contexte économique de l’agriculture», insiste-t-il. Au menu des aides : les dotations pour les jeunes agriculteurs (DJA), le dégrèvement de la taxe pour le foncier non bâti, et des exonérations de cotisations sociales de la MSA.
Et pour ne rien manquer des aides disponibles, le jeune agriculteur incite tous ceux qui ont un projet d’installation à se rapprocher des organisations professionnelles agricoles qui assurent l’accompagnement. Dernier conseil du jeune agriculteur : «Il ne faut pas hésiter à mettre en concurrence les banques pour décrocher les prêts nécessaires à la réalisation de son projet.»

Son projet d’installation
C’est exactement ce qu’il a fait auprès de ses banques, pour pouvoir développer la culture de plants de pommes de terre féculières dans l’exploitation familiale. Pour mener à bien son projet, il a investi dans la construction d’un nouveau bâtiment agricole, pour le stockage et la conservation des plants de pommes de terre féculières, et dans du matériel (déterreur, trieuse, calibreuse, pallox, chariot élevateur). Coût de l’opération : entre 350 000 et 400 000 €. De longues discussions s’engagent alors avec les banques pour décrocher des prêts. L’exploitation tournant bien, ces dernières n’ont pas fait obstruction.
Toutefois, prudence oblige, avant de se lancer tête baissée dans son projet d’installation, il a visité une dizaine d’exploitations pratiquant la culture de plants de pommes de terre. En contrat depuis avec Roquette, il fournit à l’usine 380 tonnes par an de plants, qu’il met à disposition en sortie d’hiver. Il fait aussi de l’auto-production.
Si son projet tourne bien, la culture du plant de pommes de terre féculières est «astreignante», reconnaît-il. Non seulement, elle laisse peu de temps libre, mais implique également d’embaucher de la main-d’œuvre deux à trois fois par an, soit au moment de l’épuration en juin, puis de la récolte en septembre et, enfin, lors du calibrage au cours de l’hiver. Mais l’intérêt pour le jeune agriculteur est qu’il connaît les prix qui lui seront payés dès qu’il achète ses semences. Une garantie inestimable.
Entre la culture des plants de pommes de terre féculières, celle du colza, du blé et de la betterave, l’exploitation fonctionne de manière satisfaisante. «Même si le contexte est morose au niveau des marchés des céréales et les incertitudes nombreuses sur les prix qu’on aura avec la betterave, il ne faut pas se décourager. S’installer, c’est encore possible», conclut le jeune agriculteur.

A lire aussi : Accompagnement à l’installation : entre simplification et attractivité et les aides nationales à l'installation

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Installation : b.a.-ba


Point avec Xavier Descamps, conseiller entreprise, CerFrance Somme.


A qui doit s’adresser le jeune qui souhaite s’installer ?
La première entrée dans le dispositif est le Point accueil installation de la chambre d’agriculture.

Quelles sont les démarches qu’il doit entreprendre ?
Les démarches concernent à la fois l’obtention des aides à l’installation, mais aussi les démarches liées au foncier. Il faut que le jeune rencontre le propriétaire des terres et les notaires. C’est une démarche à faire vraiment en amont, car les réponses sont souvent longues à obtenir. De même, une autre démarche importante est le dépôt des demandes d’autorisations préalables d’exploiter à la DDTM.
Ensuite, le jeune doit se caler avec le propriétaire des terres sur le prix du fermage, les conditions et les dates. Et, bien sûr, il doit avoir bien défini son projet d’installation, comme s’être assuré de sa viabilité économique et du temps dont il aura besoin pour le mener à bien. Dès que tout est à plat, il est temps d’entamer les démarches de financements, suffisamment en amont, car il ne faut pas s’engager dans un projet si on n’est pas sûr d’obtenir les financements pour le réaliser.

Après l’installation, y a-t-il d’au- tres démarches ?
La première démarche est de s’assurer que l’installation a été bien faite, soit que les actes et les baux sont bien signés, et que l’inscription au Centre de formalités des entreprises a bien été réalisée. Le jeune doit également s’assurer de son accès aux aides Pac, puis informer ses fournisseurs et ses clients.
Autre point clé dans le suivi : que le projet se concrétise bien. S’il dérive, il est important d’apporter les correctifs qui s’imposent. Le jeune ne doit pas non plus oublier de faire le nécessaire pour avoir accès aux dégrèvements sur la taxe du foncier non bâti. Il se doit aussi de bien suivre sa trésorerie et prendre les bonnes habitudes d’organisation sur le plan administratif.

Quels sont les conseils que vous prodigueriez ?
En amont de l’installation, le jeune doit avoir les yeux et les oreilles bien ouverts sur son parcours. Une fois le projet finalisé, il ne doit pas perdre de temps sur les démarches administratives. Nous avons encore trop de situations où les baux ne sont pas encore signés six à huit mois après l’installation. Ce n’est pas normal. L’autre conseil que je donnerai est de faire rapidement son budget de trésorerie et de bien le suivre les premières années.
Propos recueillis par Florence Guilhem

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