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2013 : fléchissement sensible des revenus agricoles dans la Somme

Les résultats prévisionnels de la récolte 2013 ont été présentés par CER France Somme.

© AAP + JC GUTNER

Le 23 septembre, comme chaque année, CER France Somme a présenté ses projections de résultats économiques pour les systèmes d’exploitation les plus répandus de la Ferme Somme. Ces résultats, préparés et présentés par Christian Boddaert, expert conseil à CER France Somme, sont issus des données techniques et économiques livrées par les organismes économiques, ainsi que des données réelles d’un échantillon de plus de mille exploitations agricoles du département.

Une année techniquement correcte
Après une année 2012 très hétérogène en productions végétales, les conditions climatiques ne plaçaient pas 2013 sous les meilleures auspices, et ce depuis les récoltes d’automne 2012 faites parfois dans des conditions épouvantables laissant des structures défoncées, puis avec un hiver et un printemps froids, pluvieux. Avec à l’inverse un véritable été, les productions végétales se sont rattrapées et offrent au final un niveau technique plus qu’honorable, avec des rendements qui varient entre le bon et le très bon, une qualité satisfaisante et une hétérogénéité relativement faible entre les types de sol et les régions.

Les cours, toujours
Si le volet technique est au final au vert, c’est par le volet économique que la variation se fait le plus sentir. D’abord, sur les productions végétales, pour la plupart desquelles le contexte boursier est pesant, sauf en productions contractuelles. Ainsi, l’hypothèse de prix retenue en blé est de 170 €/T, contre 215 €/T sur la récolte 2012. Depuis l’été 2012, la récolte 2013 pouvait être commercialisée, et ce à un niveau honorable jusqu’au printemps 2013. Christian Boddaert a constaté globalement un faible taux d’engagement, surtout chez les agriculteurs assurant l’essentiel de leur vente à prix ferme. Une situation qui le laisse songeur : «on se demande parfois si le risque prix est réellement bien appréhendé, car certaines situations semblent davantage relever de la spéculation que de la gestion d’entreprise». Le colza voit également sa performance en marge chuter du fait de la baisse sensible des cours.
En betteraves, CER France Somme estime que la récolte 2013 sera porteuse de compléments de prix, certes inférieurs à ceux de 2012, mais toujours significatifs et valorisants.
En pommes de terre de consommation, la large segmentation du marché cache de grandes disparités autour du prix moyen retenu qui est de 160 €/T.
Les productions végétales en amélioration sont les légumes de conserve (bon rendement sur les secondes cultures et prix revalorisés), le lin (récolte bonne en qualité et quantité, avec une orientation positive du marché), et les pommes de terre féculières (prix global moyen escompté de 64 €/T).

Productions animales : du mieux par le prix de vente
Si les charges alimentaires n’ont pas baissé pour les productions animales, c’est par le prix de vente que celles-ci parviennent à se consolider. Ainsi, pour les ateliers laitiers, la marge est estimée en 2013 à 198 €/1000 litres, bâtie sur une hypothèse de prix du lait à 340 €/1000 litres, de valorisation de la viande à 62 €/1000 litres, et de charges proportionnelles qui ne baissent pas à 204 €/1000 l. En porc, 2013 marque le retour à l’équilibre. En effet, ce pourrait être la première année depuis 2007 à ne pas afficher un revenu négatif par porc. Cependant, cette embellie ne suffit pas encore à réparer les dégâts des années antérieures.

Des charges plus ou moins contenues
Sur la plaine, la pression phytosanitaire moindre a permis de contrebalancer l’effet de hausse des engrais, semences et plants, et en élevage, les coûts alimentaires sont restés stables (pouvaient-ils encore augmenter ?). Naturellement, en contre-effet des années antérieures, les cotisations sociales ont globalement augmenté de 5%, et côté matériel, les amortissements ont encore progressé de 3%. A l’inverse, les frais financiers ont, eux, reculé de 5%.

Des résultats d’exploitation en berne
La conjoncture de tous ces facteurs réunis abouti à générer des résultats en berne, et ce quel que soit le système «type» de production. Ainsi en va-t-il pour le système «céréales», qui chute à 35 k€ de résultat d’exploitation sur la récolte 2013 contre 77 k€ en 2013 (-55%), le système «pommes de terre de consommation» qui passe de 169 à 113k€ (-33%), le système «plantes sarclées» qui passe de 105 à 524 k€ (-50%) et enfin le système «lait» qui passe de 49 à 34 k€ (-31%). En moyenne, la Ferme Somme passe ainsi de 78 à 45 k€ de résultat (-42%), ce qui reflète globalement ces tendances liées principalement au tassement de rentabilités des productions végétales.

Un ciseau de trésorerie
L’année 2013 voit donc au global un tassement de l’économie agricole de la Somme. Avec un EBE qui revient de 150 k€ (moyenne 2010-2011-2012) à 114 k€, des annuités qui demeurent élevées (70 k€), et malgré un probable repli des prélèvements privés, la capacité d’autofinancement se dégrade de -16 k€, ce qui se répercute à la même hauteur sur la variation de fonds de roulement. Depuis 2006, seule l’année 2009 avait présenté une CAF négative…
La trésorerie suivant de plusieurs mois ces chiffres, Christian Boddaert estime que l’on peut craindre un ciseau «entrées/sorties», car le rythme des dépenses engagées sur les mois à venir risque d’être supérieur aux ressources de trésorerie. Un pilotage plus fin dans la trésorerie redevient donc fortement d’actualité.
Ce sont là des chiffres d’analyse qui précédent de plusieurs mois naturellement les fameuses statistiques officielles du revenu agricole publiées par le ministère de l’Agriculture. Ministère qui planche à l’heure actuelle sur la réforme de la PAC et ses ajustements. Sachant que certaines hypothèses appliquées à 2013 rendraient l’année pire que 2009, cela donne, espérons-le, matière à réfléchir.

REACTION

Christian Boddaert, expert conseil CER France Somme

"Piloter la trésorerie sera nécessaire jusqu'à la prochaine récolte"


"La récolte 2013 illustre bien que des réserves financières sont nécessaires pour faire face à une baisse de régime au niveau d'une récolte.
A défaut d'un prélèvement à la source, ce sont bien les ressources dégagées la bonne année qui doivent assumer les prélèvements obligatoires qui en découlent. Pour cela leur chiffrage et leur provision financière sont nécessaires.
La gestion du risque de prix de vente est fondamental afin de maintenir un équilibre financier annuel pour chaque campagne.
L'un des enjeux de cette récolte sera le pilotage de la trésorerie de l'exploitation d'ici la prochaine récolte".

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