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2014 : une année qui va laisser des traces

L'impact de la récolte 2014 est fort sur les différents systèmes de la ferme Somme.

© AAP

2014 est une mauvaise année agricole dans la Somme.
La conclusion, tirée par Hervé Demalle, président de CERFrance Somme est claire, et elle ne souffre aucune discussion. C'est l'analyse partagée lors de la présentation par Christian Boddaert des chiffres de la ferme Somme en ce début de semaine. La faute à qui ? Pas aux agriculteurs, en tout cas, puisque techniquement, le département fait preuve dans la quasi totalité des productions de résultats techniques conformes à son potentiel, et supérieur à la moyenne quinquennale.
La difficulté vient de la baisse des cours dans la majorité des productions végétales : -20% en blé, -15% en colza, -30% presque en betteraves, -20% en moyenne en pommes de terre de consommation, allant jusqu'a -90% sur le marché libre... La majorité des productions végétales constituant le socle de l'économie agricole départementale a accentué la baisse initiée en 2013, au point de faire ressurgir le spectre de l'année 2009. Car comme en 2009, les charges, elles, sont restées très élevées, et renforcent la sensation de ciseau.

Le ciseau prix de vente/charges
Deux paramètres viennent en effet plomber les charges : les charges de structures demeurent très élevées, avec globalement le poids des investissements récents, et côté charges proportionnelles, une hausse de 10% du poste phytosanitaire, en lien avec une pression maladie exceptionnelle tout au long de la campagne. Dans la suite du fléchissement de 2013, le poste aliment du bétail perd pour sa part 10%, un des rares indicateur positif de l'année.

Les productions qui tirent leur épingle du jeu
Dans ce tableau sombre, quelques productions font figurent de rescapées au marasme : les productions animales, notamment, avec un coût alimentaire plus faible. En lait, entre la consolidation des prix et l'aliment, la marge aux 1000 litres a progressé de 10%, passant de 203 à 224 €/1000l. En porc, malgré un tassement du prix (140 €/porc contre 145 € en 2013), la marge s'améliore et passe de 5 à 10 €/porc. Côté végétal, il faut souligner la quasi stabilité en marge des pois de conserve, et la progression de la fécule, avec un prix stable, un rendement au rendez vous et une prime exceptionnelle en 2014, qui restera mais à moindre niveau ensuite. Enfin, malgré une récolte qui va globalement perdre du potentiel, la filière lin garde du fait des cours son attractivité.

Un pilotage délicat des exploitations
Face à ce constat, les capacités d'adaptation des exploitations sont très différentes. "Il y a des situations où l'épargne va suffire, et d'autres où il va falloir aller jusqu'à la consolidation", commente Christian Boddaert, expert chez CERFrance Somme. Dans tous les cas, il faut réaliser au plus vite une projection comptable et un budget de trésorerie. Et ne pas hésiter à bouleverser ses habitudes, en matière d'option fiscale, de provisions constituées, mais aussi en stratégie d'approvisionnement. "Quand il n y a pas la trésorerie, il n'est pas raisonnable d'anticiper 100% de ses besoins en azote, surtout avec des fluctuations de prix qui ne sont plus aussi prévisibles sur la campagne", commente Christian Boddaert.

Des tours de table nécessaires
Et de poursuivre: dès lors que la photographie du résultat est tirée, et que le budget de trésorerie montre les points de rupture à venir, alors il est conseillé d'organiser le tour de table entre conseiller de gestion, banque, et organisme stockeur si la moisson n'a pas suffit à solder l'encours. Chacun se dit prêt à intervenir, c'est bien à chaque exploitant d'engager cette démarche, et ce le plus vite possible : "réagir quand la trésorerie est bloquée, bien souvent c'est trop tard pour faire les bons choix", conclut Christian Boddaert.

REACTION

Christian Boddaert, expert CERFrance Somme

"La diversification des systèmes est un gage de sécurité"

"Les résultats de l'année 2014 livrent plusieurs enseignements.
De façon désagréable, elle rappelle qu'après des bonnes années viennent des mauvaises, et que les bonnes servent avant tout à préparer les mauvaises.
De plus, elle montre que les fluctuations peuvent être encore plus rapides que ce à quoi on commençait à s'habituer, avec un phénomène climatique unique en céréales, ou des paramètres géopolitiques imprévisibles comme l'embargo russe.
Côté pilotage et gestion, elle accroît l'obligation d'anticiper la trésorerie, de ne pas hésiter à remettre en cause régulièrement ses schémas fiscaux, sociaux, et ses stratégies d'approvisionnement.
Enfin, et c'est bien un point positif : le rebond du lait, de la fécule et la bonne tenue du lin ou du porc montrent que la diversification des systèmes est en soi un gage de sécurité. Même si le moral est en berne, il y a au moins une morale...".

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