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Politique
Accord UE-Mercosur : les doutes des Républicains sur la position française

Le parti Les Républicains (LR) a organisé le 15 décembre à Paris une conférence de presse consacrée au Mercosur. Ils veulent que la France prenne une position claire sur cet accord de libre-échange qui devra être validé ou non par le Parlement européen l’an prochain.

Les Républicains accord UE-Mercosur Bruno Retailleau, Céline Imart, Julien Dive, Jean-François Rapin, François-Xavier Bellamy
© Actuagri

L’échéance se rapproche pour le traité entre le Mercosur et l’Union européenne et le président des Républicains, Bruno Retailleau, ancien ministre de l’Intérieur, presse le chef de l’État Emmanuel Macron d’afficher une position claire sur ce traité. « On a besoin de connaître la position de la France et du président de la République dont les positions ont varié en fonction du temps et en fonction du lieu », a-t-il affirmé, pointant une position plutôt favorable envers le Mercosur quand il était à Belèm (Brésil) le 6 novembre, avant l’ouverture de la COP30 et une autre nettement plus défavorable lorsqu’il est revenu sur le sol français, affirmant d’ailleurs qu’il ne pourrait pas le signer en l’état. 

L’ancien ministre s’est aussi interrogé sur la soudaineté avec laquelle la France a demandé, dans la nuit du 13 au 14 décembre, le report du vote qui doit avoir lieu le 19 décembre à Bruxelles. « Ce n'est pas une demande de bon augure. Si la France était sûre d'elle-même d'obtenir gain de cause sur ce vote, je ne vois pas pourquoi elle en aurait demandé le report », a-t-il observé. 

Pour LR, il ne fait aucun doute que cet accord est dépassé, car conçu dans les années 1990, alors même que le contexte géopolitique et économique mondial a changé et qu’il ressemble aujourd’hui « à un marché de dupes. En France et en Europe, la traçabilité des animaux se fait dès la naissance. Au Brésil, elle commence à partir de l’abattoir », a expliqué celui qui est aussi sénateur de la Vendée. 

Clauses de rééquilibrage 

La députée européenne et agricultrice Céline Imart a ajouté que les clauses de sauvegarde qui pourraient être mises en œuvre ne serviraient pas à grand chose. « Ces clauses sont un bouton rouge à actionner quand les perturbations de marché font baisser les prix de -5 %. L’intervention s’effectue a posteriori, c’est-à-dire déjà trop tard pour les agriculteurs », a-t-il déclaré. 

Elle déplore aussi qu’il n’existe aucune règle de réciprocité au regard des standards européens. : « 43 pesticides sont interdits en Europe mais autorisés au Mercosur et nous allons donc les importer ». Son agacement est encore plus perceptible quand elle évoque que l’Europe n’a « pas les moyens financiers pour effectuer des contrôles aux frontières sur les points d’importation les plus importants ». Elle cite notamment les poulets brésiliens survitaminés aux « hormones et aux œstrogènes », pour lesquels les douaniers devront se contenter de « certificats sur l’honneur ». La coupe semble pleine quand elle relate la clause de rééquilibrage négociée par le Mercosur et acceptée par la Commission. Cette clause va permettre aux pays d’Amérique du Sud de bénéficier d’une compensation financière et/ou juridique si une mesure instaurée par l’une des parties « affecte défavorablement le commerce ». Et cela, même si la mesure mise en place est conforme aux autres dispositions prévues par l’accord ! 

Double faiblesse 

Le député Julien Dive (LR, Aisne) est tout aussi déterminé sur l’accord UE-Mercosur. « On ne veut pas de report, mais un non ferme, catégorique et définitif », a-t-il soutenu car « il ne veut pas voir la France se ‘‘ désagricoliser’’ comme elle s’est désindustrialisée il y a trente ans ». 

Son alter ego du Sénat, Jean-François Rapin ne souhaite pas non plus « le sacrifice de l’agriculture » sur l’autel du Mercosur et invite fermement le Gouvernement français à saisir la Cour de Justice de l’Union européenne pour bloquer l’accord. Selon LR, la procédure employée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a scindé l’accord en deux pour éviter que les Parlements nationaux aient à se prononcer est « illégale ». Il existerait une porte de sortie avec un vote négatif du Parlement européen qui aura à se prononcer début 2026. 

Si la France peut compter sur la Pologne et l’Autriche qui voteront non au Mercosur et sur l’abstention des Pays-Bas, elle s’interroge sur la Hongrie et la Roumanie ainsi que sur l’Irlande et l’Italie. « Car la logique transactionnelle d’Ursula von der Leyen est de dealer certaines contreparties », a glissé Céline Imart. 

La France va-t-elle parvenir à faire entendre sa voix ? Pas si sûr si l’on en croit le député européen François-Xavier Bellamy qui a pointé la double faiblesse de la France : déficit commercial et déficit budgétaire. « On ne nous prend plus au sérieux », a-t-il conclu.

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